Forme de l’État : Monarchie constitutionnelle, dictature militaire
Roi : Vajiralongkorn (Rama X)
Premier ministre : Prayuth Chan-o-cha
Le système électoral national permet d’élire les 393 membres de la Chambre basse (Saphaa Phuu Thaen Ratsadon, ou Chambre des députés, dont les membres sont investis d’un mandat de quatre ans), ainsi que le Premier ministre. La désignation des 270 sénateurs de la Chambre haute (Wuthisaphaa ou Sénat, dont le mandat est de six ans) relève, quant à elle, de l’autorité du Premier ministre. En Thaïlande, le Sénat est moins puissant que la Chambre des députés à laquelle revient le vote et la promulgation des lois, tandis que le Sénat vote les amendements à la Constitution. Onze partis politiques présentent des candidats aux élections nationales, mais seuls cinq d’entre eux reçoivent la faveur des électeurs : le Parti démocrate, le Parti des aspirations nouvelles, le Parti de la nation thaïe, le Parti du développement national et le parti « Pour la Thailande » (parti créé par les anciens adhérents du parti Thai rak Thai (« les Thaïs aiment les Thaïs ») dissous à la suite de la crise de 2006).
Politique intérieure
L’histoire contemporaine de la Thaïlande est celle d’un ancrage mouvementé des institutions et des pratiques démocratiques, dans le contexte d’une vie politique très bipolarisée.
La Thaïlande traverse depuis 2013 une crise politique. Le général Prayuth CHAN-OCHA, chef de l’armée de terre thaïlandaise, a annoncé, le 22 mai 2014, la prise de pouvoir par l’armée ainsi que la suspension de la Constitution. Cette prise de pouvoir a clôturé une crise politique débutée en octobre 2013, entre partisans du gouvernement de Mme Yingluck SHINAWATRA, les « chemises rouges », et l’opposition conservatrice et monarchiste des « chemises jaunes ». Le mouvement d’opposition, mené par l’ancien vice-Premier ministre Suthep THAUGSUBAN, a réclamé la démission de la Première ministre et de son gouvernement. Après la démission en bloc des députés de l’opposition, Mme SHINAWATRA a dissout l’Assemblée nationale en décembre 2013 et des élections législatives anticipées se sont tenues le 2 février 2014, avant d’être invalidées en mars 2014.
Depuis sa prise de pouvoir, la junte militaire, incarnée par le Conseil national pour la Paix et l’Ordre (CNPO), a mis en place une « feuille de route » institutionnelle. La Constitution provisoire a institué une Assemblée nationale législative composée de personnalités désignées par la junte, un Conseil national de réforme et une commission de rédaction de la nouvelle Constitution. Après un premier projet avorté en septembre 2015, une nouvelle Constitution a finalement été adoptée par référendum le 7 août 2016, puis promulguée par le Roi Rama X le 6 avril 2017. Les élections législatives sont désormais prévues d’ici la fin 2018, avec un retard de trois ans sur la feuille de route initiale.
Le CNPO a pris les dispositions nécessaires pour se protéger et assurer son influence à moyen-terme : l’article 48 de la Constitution provisoire accorde une immunité totale à ses membres ; la nouvelle Constitution permet au CNPO de reprendre le contrôle du pouvoir en cas de crise pendant 5 ans (à partir des prochaines élections générales, soit un an de plus que la durée de la législature).
Les libertés publiques sont toujours limitées : les manifestations sont interdites et les médias ainsi que les réseaux sociaux restent strictement contrôlés. Le crime de lèse-majesté n’est plus passible de la Cour martiale depuis septembre 2016 pour les nouveaux cas mais les peines prononcées pour les cas pendants sont lourdes et peuvent atteindre plusieurs décennies. Les opposants politiques font l’objet de manœuvres d’intimidation (convocation par la justice, interdiction de quitter le territoire). L’Assemblée nationale législative a condamné fin janvier 2016 Mme SHINAWATRA à 5 ans d’inéligibilité et ouvert des poursuites pénales à son encontre, dans le cadre d’allégations de corruption liées à un programme de subvention du prix du riz. Le procureur a requis une amende d’un milliard de dollars dans cette affaire. L’ancienne Première ministre risque par ailleurs jusqu’à 10 ans de prison.