Le marché aux poissons le plus ancien de Séoul, site emblématique couru des touristes, refuse de déménager dans un bâtiment futuriste somptuaire: les commerçants ne veulent pas perdre leur âme en même temps que les allées vétustes où ils travaillent depuis 45 ans.
Ce type de controverse est récurrent dans la capitale sud-coréenne, où les habitants résistent de toutes leurs forces à la modernisation et au ravalement de leurs quartiers.
Le marché de Noryangjin, situé au pied d’un quartier du sud de Séoul hérissé de gratte-ciel, est ouvert 24 heures sur 24. Tous les produits de la pêche possibles et imaginables y sont vendus, bien souvent encore frétillants.
Le gestionnaire du marché, la société Suhyup, veut le délocaliser dans un immeuble flambant neuf en forme de dauphin, fait de verre et d’acier, construit à deux pas pour 520 milliards de wons (580 millions de dollars canadiens).
Il estime que le site actuel est démodé et dangereux. Mais les vendeurs de poissons jugent trop petits les étals qui leurs sont proposés dans le nouveau bâtiment, et les loyers trop chers.
Déménager reviendrait à «dénaturer complètement la marque de fabrique Noryangjin», explique Lee Seung-Ki, qui représente un comité de défense des commerçants, lesquels veulent un réaménagement du site actuel.
Noryangjin somnole mais ne dort jamais. À toute heure, on y vend du poisson, en gros ou au détail.
Dans la section réservée au détail, les aquariums se succèdent, débordant de daurades, flétans, raies, crabes géants et poulpes.
Les vendeurs en bottes et tabliers tâchés de sang haranguent les clients, qui vont des simples particuliers aux grands restaurants.