L’image est un cliché des guides touristiques: une girafe et des zèbres, au milieu de la savane, des gratte-ciel en arrière-plan. Flanqué d’une capitale en croissance exponentielle, le parc national de Nairobi est unique en son genre. Mais menacé.
Nairobi est l’une des villes qui croissent «le plus vite en Afrique, donc il y a une énorme pression sur le parc», avance Paula Kahumbu, directrice de l’ONG Wildlife direct.
La réserve et ses 117 km2, rappelle-t-elle, représentent 15 % de la superficie de la capitale kényane. Et les pressions sur le plus ancien parc d’Afrique de l’est, dessiné par les colons britanniques dans les années 40, viennent de toutes parts: infrastructures de transport, usines, habitations plus ou moins sauvages…
Au sud, le parc a déjà dû faire face au développement d’une vaste zone urbaine, Rongai, qui a privé la faune d’un couloir de migration naturel en direction d’autres parcs naturels comme Amboseli et le célèbre Masaï Mara. Ailleurs, il a été fragilisé par l’arrivée d’usines de ciment et de leurs nuages de poussières.
Mais aujourd’hui, une nouvelle bataille mobilise les «amis» du parc: deux grands projets d’infrastructure, une rocade et une ligne de chemin de fer, vitales pour moderniser le transport de marchandises dans la région, mais que leurs promoteurs envisagent de faire passer à travers le sanctuaire.
Les groupes de défense de l’environnement ne remettent pas en cause le développement d’infrastructures nécessaires pour désengorger la capitale de quelque quatre millions d’habitants.
Nairobi, qui se targue d’accueillir de plus en plus de sièges régionaux de multinationales et de jouer un rôle économique toujours croissant en Afrique de l’est, est paralysée par un trafic saturé de voitures et de poids lourds qui relient le port de Mombasa aux pays voisins en traversant son centre.
«Le Kenya est un pays en développement, nous avons besoin de routes, de lignes de chemin de fer, (…) de ponts», reconnaît le député Francis Nyenze. «Mais il est regrettable que la plupart des grands projets d’infrastructure au Kenya mangent des parties de parc».
La réserve, qui recèle plus de 550 espèces d’oiseaux et attire quelque 150 000 visiteurs par an, est importante «pour la population du pays, pour l’économie du pays» mais aussi pour cette bouffée d’oxygène qu’elle apporte en réduisant «la pollution» urbaine.