Appréciation du risque et protection
Une croissance modeste
La croissance devrait rester modeste en 2016. De négative, la contribution des échanges extérieurs deviendrait légèrement positive. Les exportations (82% du PIB), constituées en grande partie de produits intermédiaires, de machines et de matériel de transport, bénéficieront d’une nouvelle baisse du taux de change effectif réel liée à la dépréciation de l’euro et à la réduction des coûts de production. Elles profiteront aussi de la progression modérée de la croissance dans les pays voisins et de la fermeté du marché britannique. De leur côté, les importations, avec le prix bas des matières premières et une demande intérieure moins porteuse, ralentiront. Malgré la progression de l’emploi privé, cela devrait être aussi le cas de la consommation des ménages confrontés à la modération salariale, avec le gel de l’indexation salariale jusqu’à la fin de 2016, la hausse de taxes et la réduction de l’emploi public, mais qui, du fait de son poids dans l’économie (52% du PIB) restera le principal vecteur de croissance. L’investissement des entreprises restera soutenu par un crédit accessible et peu onéreux, un taux d’utilisation des capacités de production en progression, ainsi qu’une compétitivité-coût en amélioration.
Un lent assainissement budgétaire et un transfert des charges du travail vers la consommation
Le poids de la dette dépasse le PIB, ce qui se traduit par une charge d’intérêts équivalente à près de 3% du PIB, malgré la faiblesse des taux. Les autorités souhaitent à la fois enclencher une réduction de la charge d’endettement en réduisant le déficit global et, surtout, transférer des prélèvements du travail vers la consommation. L’effort budgétaire devrait représenter 0,75% du PIB en 2016-2017, essentiellement par le biais d’une meilleure maîtrise des dépenses en ne remplaçant qu’un départ sur cinq pour aboutir à une réduction de la masse salariale de 10% en cinq ans, en réduisant les crédits d’investissement de 20% et en durcissant les critères pour les prestations sociales dont la revalorisation est momentanément gelée. Les cotisations sociales payées par les employeurs ne devraient plus représenter que 25% de la masse salariale contre 33% actuellement. Les PME devraient bénéficier d’aides financières substantielles. Dans le contexte de faible coût des intrants et d’allègement des charges, les marges des entreprises devraient progresser et le nombre de défaillances poursuivre la baisse entamée en 2014. L’impôt sur le revenu des ménages à faibles ou moyens revenus devrait diminuer de 100 euros par mois. Tous ces allègements devraient être financés par une augmentation des taxes sur les carburants, l’alcool, le tabac et les sodas. L’allègement de la taxation de la consommation domestique d’électricité devrait être annulé, repassant de 6 à 21%. La taxe sur les dividendes passera de 25 à 27% et un prélèvement de 33% sera introduit sur les ventes de titres détenus depuis moins de 6 mois. Cependant, la répartition entre la fédération et les régions des efforts à fournir dans le cadre de l’assainissement budgétaire reste floue. Par ailleurs, la garantie de 43 milliards d’euros fournie par l’Etat belge dans le cadre de la résolution ordonnée de Dexia, dont le rôle, à présent, se limite à la conservation d’actifs sous-évalués ou non liquides (prêts à des collectivités et obligations souveraines) jusqu’à leur échéance constitue une menace.
Un regain de compétitivité-coût
Le déficit des échanges de marchandises apparu en 2008 s’est transformé en excédent en 2015 (à hauteur de 1,3% du PIB). Ceci s’explique par le dynamisme des exportations qui profitent d’une amélioration de leur compétitivité-prix. Depuis 2014, la productivité du travail augmente, alors que son coût baisse, mettant fin à une décennie de perte de compétitivité et de parts de marché, notamment sur les marchés européens. Les transferts de charges prévus devraient conforter cette évolution. Les services resteront excédentaires grâce à l’informatique, aux télécommunications, aux redevances, au transport et au négoce. De par sa situation au cœur et au débouché de l’Europe, ses ports, la Belgique joue un rôle majeur dans la réexportation de biens destinés à ou provenant de ses voisins. Les importants investissements détenus à l’étranger par les acteurs économiques belges génèrent d’importants revenus qui compensent les transferts des travailleurs étrangers et la contribution nette au budget européen. Au final, le solde courant est excédentaire.
Un gouvernement à dominante flamande concentré sur l’économie
Depuis octobre 2014, une coalition de centre-droit dominée par les partis flamands, avec la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), conservatrice, 1er parti en Flandre et au niveau fédéral, Christen-Democratisch en Vlaams (CD&V) et Open Vlaamse Liberalen en Democraten (open VLD), dirige le pays avec à sa tête le premier ministre Charles Michel issu du Mouvement réformateur francophone. Le parti socialiste, première force politique chez les francophones, est dans l’opposition. Afin de ne pas heurter ses partenaires et une majorité de la population, la N-VA a mis en sourdine ses velléités de suppression de la région de Bruxelles-capitale et de marginalisation de l’Etat fédéral qui conserve, outre les compétences régaliennes, l’essentiel des dépenses sociales avec les retraites et la maladie, soit environ la moitié des dépenses publiques, ainsi que la supervision financière, la concurrence, la perception des principaux impôts et le mécanisme d’indexation des revenus. Le gouvernement se concentre sur l’économie.
Source : Coface