Appréciation du risque & protection
Une économie dynamique
La croissance qatarie reste parmi les plus fortes de la région. En effet, le Qatar fait partie des pays les mieux armés face à l’atonie du marché pétrolier grâce à une économie hors hydrocarbures dynamique et au rebond de la production gazière amorcé par la montée en puissance du projet Barzan gaz dont la production atteindrait les 1,4 milliards de mètres cubes en 2016. Toutefois, la production pétrolière dont les marges d’accroissement sont limitées en raison de l’arrivée à maturation des champs serait affectée par la faiblesse des prix. Bien que l’exploitation de Barzan soit destinée à répondre à l’accélération de la demande sur le marché domestique, le surplus de production qu’il générerait permettrait de stabiliser la production de gaz du pays. Le secteur gazier et en outre moins exposé à la volatilité des prix. En effet, bien que les prix du gaz soient corrélés à celui du pétrole, le marché du gaz est atomisé et repose sur des contrats à terme. En ce qui concerne l’économie hors hydrocarbures, les services, la construction de même que les importants investissements publics lancés en majorité avant 2015 devraient continuer de porter la croissance. En plus des projets liés à la coupe du Monde de football de 2022 en préparation, un nombre important de projets d’agrandissement des infrastructures devrait se poursuivre dont la ville et l’aéroport de Lusail (livraison en 2019), l’autoroute Ashghal (2018) et l’aéroport de Hamad (2020). La consommation devrait rester robuste, nourrie par une forte croissance de la population (plus de 7%) qui reste tirée par une augmentation de la main d’œuvre étrangère attirée par les opportunités d’emplois au Qatar. L’inflation devrait progresser légèrement en 2016 sous l’effet d’une augmentation de la demande de services alors qu’elle avait ralenti en 2015, freinée une baisse des prix des matières premières au niveau mondial et par une baisse du prix de l’immobilier.
Apparition de déficits jumeaux
En 2015, le solde public s’est maintenu en territoire positif en dépit de la contraction des recettes budgétaires. La résilience des comptes publics qataris face à l’asthénie des marchés pétroliers s’explique par le faible prix du baril permettant l’équilibre des comptes publics qui se situeraient à 57 $ en 2016 contre 95 $ pour l’Arabie Saoudite et 67 $ pour les EAU. Aussi, en 2016, le Qatar devrait enregistrer un faible déficit comparé aux autres pays pétroliers alors même que les autorités poursuivraient leurs dépenses en investissement. Néanmoins, elles envisagent de mettre en place quelques ajustements afin de compenser la baisse des recettes pétrolières. En effet, l’économie hors hydrocarbures devrait accroître sa participation à l’effort budgétaire avec une augmentation des impôts en direction des entreprises. De même les dépenses courantes devraient être rationalisées. Le déficit public serait financé en ayant recours à l’endettement. La dette publique devrait donc progresser en 2016.
L’excédent courant, a diminué en 2015 suite à la baisse des recettes des exportations pétrolières. En 2016, il devrait basculer en territoire négatif sous le poids du déficit de la balance commerciale. En effet, la croissance de la demande domestique continuera à nourrir une forte progression des importations tandis que la faiblesse des prix des hydrocarbures et le moratoire sur le développement des exportations de gaz pénalisera les exportations.
Une politique intérieure d’ouverture
L’émir Hamad Al Thani a abdiqué en juin 2013, après 18 ans de règne, au profit d’un de ses fils, Tamim, devenu ainsi le plus jeune monarque des pays du Golfe. La passation de pouvoir s’est accompagnée d’un relatif rajeunissement de l’équipe gouvernementale, mais la continuité l’emporte globalement. Le pays a procédé à l’organisation des cinquièmes élections législatives en mai 2015, qui ont permis à deux femmes d’intégrer le corps des 29 conseillers. Le Qatar, souvent critiqué pour les conditions de travail de ses travailleurs immigrés, a entrepris une réforme majeure du droit du travail des expatriés en 2014. Celle-ci visait un assouplissement du système de la « kafala » (sponsorship d’un travailleur étranger par un national). En février 2015, de nouvelles dispositions sont entrées en vigueur donnant plus de droits aux travailleurs étrangers dont un système de protection des salaires de façon à limiter les comportements abusif liés au non-paiement ou au paiement tardif des salaires. Le climat des affaires reste perfectible, notamment en matière d’obstacles administratifs, de protection des investissements et de droit du travail des travailleurs expatriés.
Le Qatar a été un acteur de premier plan lors des printemps arabes notamment grâce à son soutien financier au mouvement des Frères musulmans. Ses ambitions diplomatiques ainsi que son positionnement stratégique dans la région ont dégradé les relations qu’il entretenait avec les autres monarchies du Golfe. La récente implication du Qatar au Yémen auprès de la coalition et son probable envoi d’un contingent de soldats pour une intervention au sol témoigne d’un réchauffement des relations avec les autres pays de la région.
Source : COFACE