Appréciation du risque & protection
Légère hausse de la croissance en 2016
Pour la quatrième année consécutive, l’activité a ralenti en 2015. Néanmoins, elle devrait croître légèrement en 2016. La consommation des ménages devrait se redresser, soutenue par l’émergence d’une classe moyenne au niveau de dette peu élevé, le programme de soutien aux plus modestes et à la modération de l’inflation. Néanmoins, la consommation devrait être affectée par les nouvelles baisses de subventions notamment du prix de l’électricité. L’investissement devrait rester modéré, la confiance des investisseurs étant affectée par les incertitudes concernant la conduite de la politique économique et la volatilité du taux de change. La politique monétaire continuerait de peser sur l’investissement. Malgré une modération de l’inflation en 2016, la banque centrale devrait maintenir son taux directeur à un niveau élevé en raison du resserement de la politique monétaire américaine et des pressions baissières sur la roupie. Par ailleurs, le pays, abondement doté en ressources naturelles (pétrole, charbon, gaz naturel, huile de palme, caoutchouc, minerais) devrait continuer à souffrir de l’atonie du prix des matières premières. Le ralentissement de la Chine, second récipiendaire des exportations indonésiennes, continuera de peser sur le commerce extérieur du pays.
Enfin, les réformes entreprises par le gouvernement, avec notamment un programme de développement des infrastructures et des mesures visant à libéraliser l’économie et soutenir l’investissement, devraient porter leurs fruits. Néanmoins, l’activité devrait rester contrainte par les fragilités structurelles de l’économie, les goulots d’étranglement et la corruption.
La situation des finances publiques et des comptes extérieurs resteraient maîtrisée
En 2016, la dette publique resterait modérée. La suppression des subventions énergétiques, qui pesaient lourdement sur le budget de l’Etat, permet une réallocation des dépenses au profit de l’investissement public en infrastructures. En dépit de la réduction du taux d’imposition sur les sociétés et de la baisse des revenus liés aux hydrocarbures, le déficit public devrait rester contenu grâce à l’élargissement de la base fiscale.
Le déficit courant devrait légèrement se dégrader en 2016 : la balance commerciale devrait continuer à souffrir de l’atonie du prix des matières premières et de la demande chinoise tandis que les importations devraient rester soutenues. Le rapatriement des dividendes liés aux investissements étrangers affecteraient négativement le compte de revenus. Enfin, la balance des services resterait déficitaire mais devrait se redresser grâce, notamment, à la progression des revenus touristiques.
La roupie indonésienne a été l’une des plus touchées par les annonces relatives à l’arrêt du programme deQuantitative Easing IIIde la Réserve Fédérale américaine en 2013 et la roupie s’est également dépréciée de plus de plus de 13 % entre début mars et fin septembre 2015 en raison de nouvelles anticipations quant à la politique monétaire américaine. Ainsi, la devise indonésienne pourrait se déprécier à nouveau en raison du resserrement de la politique de la Réserve Fédérale, ce qui permettrait d’améliorer la compétitivité des exportations indonésiennes mais pourrait également générer de l’inflation supplémentaire. Néanmoins, la situation s’est assainie depuis 2015, les autorités ont mis en place une politique monétaire plus restrictive, le solde courant s’est redressé et les réserves de change ont progressé (plus de 7 mois d’importations en 2015). Mais des réformes supplémentaires sont encore nécessaires pour limiter la vulnérabilité du taux de change (libéralisation des investissements, notamment assouplissement des règles pour les investisseurs étrangers et levée de l’interdiction sur les exportations de minerais bruts).
Après une première année difficile, le président Widodo renforce sa position
Les élections présidentielles de juillet 2014 ont conduit à la victoire de Joko Widodo (Parti Démocratique Indonésien de Lutte), ancien gouverneur de Jakarta et premier président qui ne soit pas issu de l’armée. Cependant, son parti ne bénéficie pas de la majorité au parlement élu en avril 2014, l’opposition contrôlant 60 % du parlement (elle est dirigée par Prabawo Subianto, candidat malheureux aux élections présidentielles). Ainsi, les objectifs ambitieux de réforme du président Widodo sont ralentis par l’opposition et les dissensions à l’intérieur même de son parti. Néanmoins, le pouvoir du président s’est renforcé grâce à de nouvelles alliances et un important remaniement ministériel en août 2015. De plus, J. Widodo devrait poursuivre les efforts de son prédécesseur, S.B. Yudhoyono, en matière de lutte contre la corruption. Une vaste campagne anti-corruption a été lancée, permettant de traduire en justice plusieurs hauts responsables du pays. Depuis 2009, l’Indonésie a progressé de 24 places dans le classement Banque Mondiale relatif à la corruption. Cependant, le pays continuera de souffrir de sérieuses lacunes en matière de gouvernance.
Source : COFACE