Appréciation du risque
Faible potentiel de croissance
Le pays continue d’afficher le niveau de croissance le plus faible d’Amérique centrale. En 2015 celle-ci a augmenté du fait de la reprise nord-américaine mais a été pénalisée par une importante sécheresse. Elle reste insuffisante pour accroître la productivité et l’attractivité du pays (dernière destination des IDE de la région). En 2016, la reprise de la croissance des Etats-Unis permettrait au commerce extérieur et à la consommation des ménages, bénéficiant en partie de la hausse des transferts des expatriés (où réside près du tiers de la population), de contribuer positivement à la croissance. La demande restera cependant pénalisée par les inégalités persistantes. L’investissement privé resterait freiné par la faiblesse du pouvoir d’achat des ménages, la rareté des ressources naturelles ainsi que la recrudescence de la criminalité qui engendre une dégradation de l’environnement des affaires. Ces facteurs ainsi que les mesures budgétaires restrictives devraient laisser la croissance à un niveau modéré en 2016. Au niveau sectoriel, l’essentiel de la croissance proviendrait de l’activité dynamique de l’industrie manufacturière (textiles) et du secteur agricole (sucre, café) ainsi que des services financiers. La construction devrait encore pâtir du faible taux d’investissement dans les logements et de l’absence de projets à grande échelle.
L’inflation devrait rester modérée en 2016 sous l’hypothèse d’une stabilisation des prix des matières premières et de la faiblesse des pressions inflationnistes liée à une demande interne peu dynamique. Cette évolution est conditionnée à l’absence d’événement climatique majeur, auquel le pays est exposé, pouvant affecter à la hausse le prix des produits sur le marché domestique.
Une consolidation budgétaire difficile et des comptes extérieurs toujours vulnérables
En l’absence de majorité au Congrès, le gouvernement de S. Sánchez Cerén peine à adopter les réformes nécessaires à la réduction du déficit budgétaire. Le poids des dépenses publiques continuerait à croître en 2016, alimenté notamment par les subventions (énergie, agriculture, retraites) et les mesures pour mettre fin aux violences urbaines. La capacité du gouvernement à accroître les revenus via la fiscalité serait compromise par le faible taux de croissance. Afin d’alléger la pression sur le déficit budgétaire, le gouvernement continuerait à opter pour des levées de fonds via les marchés internationaux dont l’objectif est de rembourser les bons du Trésor les plus onéreux, connus sous le nom delètes. Ayant besoin du soutien des institutions multilatérales pour financer ses programmes sociaux, le nouveau gouvernement devrait poursuivre son objectif de réduction des dépenses publiques, mais sa marge de manœuvre resterait limitée par l’absence de majorité.
La persistance de ce déficit entraine un accroissement continu de la dette publique atteignant des niveaux inquiétants pour une économie dollarisée.
La reprise américaine favoriserait une relance des exportations et des transferts des migrants (17,5 % du PIB), dont 90 % sont en provenance des Etats Unis. La faiblesse de la demande intérieure et du prix du pétrole permettrait le maintien des importations à un niveau bas. Cependant, la balance des services risque d’être affectée par un repli de l’activité touristique en raison de la recrudescence des violences. Elle aurait également un impact aussi les flux d’IDE, déjà très faibles (moins de 2 % du PIB) empêchant ainsi une amélioration du solde courant.
Une gouvernance freinée par l’absence de majorité législative et une recrudescence des violences
Ancien chef de la guérilla, le président Salvador Sánchez Cerén du partiFrente Farafundo Martí para la Liberación Nacional(FMLN) au pouvoir depuis juin 2014 fait face à des défis de taille au premier rang desquels la faiblesse budgétaire et l’insécurité publique. Le FMLN n’a pas remporté la majorité au Congrès aux élections législatives de mars 2015 et cette situation complique la gouvernance. Elle freine les réformes pour une consolidation budgétaire et fait craindre une paralysie législative jusqu’aux prochaines élections de 2018. Déjà contesté pour la forte corruption et le népotisme, le gouvernement est remis en cause par la population pour son incapacité à maitriser la nouvelle montée des violences. Après une trêve efficace en 2012, les homicides liés aux deux principaux gangs du pays (maras) sont en hausse et placent le Salvador comme le pays le plus violent au monde en 2015 (92 homicides volontaires pour 100 000 habitants). Pour y remédier, Le conseil de sécurité nationale (CNSCC) a lancé en juillet lePlan d’El Salvador Seguro mais son coût élevé de 2,1 milliards de dollars laisse un doute sur sa réelle mise en œuvre compte tenu des actuelles difficultés budgétaires du pays. L’environnement des affaires est donc fortement dégradé.
Bien que le FMLN entretienne des liens historiques avec les régimes de gauche radicale de la région, le président veille à maintenir de bonnes relations avec les Etats Unis, premier partenaire commercial du pays et essentiel pour la poursuite du développement social notamment à travers le financement du Millenium Challenge Corporation (MCC) pour la lutte contre la pauvreté.
Source : COFACE