Appréciation du risque
Une croissance soutenue par la demande américaine
En 2015, l’activité a été soutenue par la hausse de la demande extérieure en provenance des Etats Unis et de la consommation privée qui a profité de l’assouplissement de la politique monétaire. En 2016, la croissance devrait diminuer mais bénéficierait encore de l’activité soutenue aux Etats-Unis, premier partenaire commercial du pays. En particulier, les exportations manufacturières (filière textile notamment) produites dans les zones franches (près de 51% des ventes à l’export) et agricoles devraient profiter de ce dynamisme. Le secteur du tourisme devrait aussi bénéficier de la hausse de la fréquentation des visiteurs américains principalement (plus de la moitié des entrées touristiques du pays). Les ventes de minerais, d’or principalement devraient en revanche ralentir, affectées par la baisse persistante du prix des matières premières et de la réduction des capacités de production de la mine d’or de Pueblo Viejo suite à des problèmes techniques. L’investissement privé dans l’immobilier, les services financiers et l’industrie manufacturière devrait rester dynamique. Le budget de l’Etat de 2016 prévoit cependant une baisse de l’investissement public dans les infrastructures : le projet de construction de deux centrales thermoélectriques au charbon (coût estimé à 1,9 milliards d’USD, soit environ 3 % du PIB) afin de pallier au problème de l’insuffisance d’énergie électrique devrait ainsi être reporté à 2017. Malgré la hausse des transferts de la diaspora installée aux Etats-Unis, la consommation des ménages devrait rester limitée. Le niveau de chômage élevé (autour de 14,6 %) et la pauvreté qui touche encore plus de la moitié de la population (dont près de 40 % vivant sous le seuil de pauvreté) en constituent les principaux freins. Les pressions inflationnistes devraient rester dans la fourchette basse de la cible de 3-5% fixée par la banque centrale, aidées par la modération du prix de l’énergie.
Vers une progression du déficit budgétaire et du solde courant
La politique de consolidation budgétaire initiée dès l’arrivée au pouvoir du président Medina en 2012 devrait connaitre un léger assouplissement en 2016. Malgré la réduction du budget destiné aux travaux publics et la stabilité des dépenses prioritaires (santé et éducation notamment), le déficit public devrait progresser à cause de la hausse attendue, à court terme, des dépenses liées aux préparatifs des élections générales de 2016 pour lesquelles l’actuel président devrait se porter candidat.
Du côté des revenus, la progression espérée des recettes budgétaires (estimées à +7,7 %) grâce à l’augmentation de certaines taxes (biens et services) ne couvrirait que partiellement la progression des dépenses. De plus, une éventuelle rupture du programme vénézuélien PetroCaribe de fourniture de pétrole à tarif préférentiel pourrait également augmenter les dépenses de l’Etat (les subventions au secteur de l’énergie sont estimées à 1,8 % du PIB en 2014), d’autant plus que le projet de réforme énergétique qui vise à réduire la dépendance au pétrole en diversifiant les sources de production d’électricité semble reporté. La dette publique devrait rester relativement stable, sauf changement majeur dans les accords d’échange de pétrole avec le Venezuela.
Sur le plan du commerce extérieur, la République Dominicaine, première destination touristique dans les Caraïbes, devrait encore profiter de la hausse de la fréquentation (près de 5,1 millions de visiteurs en 2014 pour environ 10 millions d’habitants) et des transferts de fonds d’environ 2 millions de travailleurs à l’étranger (dont 65 % vivant aux Etats-Unis). Les exportations manufacturières devraient continuer à profiter de la hausse de la demande américaine, tandis que les exportations d’or devraient ralentir sous l’effet de la baisse de la production et de la faiblesse des prix des matières premières. Les importations énergétiques devraient encore bénéficier de la modération du prix du pétrole. Le déficit courant devrait être financé par des prêts multilatéraux ainsi que par les flux entrants d’IDE.
Le président Medina et son parti, le PLD, donnés pour favoris aux prochaines élections de 2016
Le président Danilo Medina, à la tête du parti de la libération dominicaine (PLD), continue de profiter d’une majorité absolue dans les deux chambres et d’un important soutien populaire. Il a ainsi pu faire voter un amendement à la constitution de 2010 pour lui permettre de se représenter une deuxième fois aux élections présidentielles et législatives qui se tiendront en mai 2016 où il est donné favori. Le parti traditionnel de l’opposition, le parti révolutionnaire dominicain (PRD) semble affaibli par les divisions internes tandis que le parti révolutionnaire moderne (PRM), une émanation du PRD, aurait peu de chances de remporter les prochaines élections étant donné la forte popularité du président Medina (taux d’approbation moyen de 80 %, selon les sondages). Le PLD devrait conserver la majorité des sièges au Congrès.
Sur le plan de la politique extérieure, les relations avec Haïti restent tendues au sujet de l’immigration. La décision de la justice dominicaine en 2013 de refuser la nationalité dominicaine aux descendants de migrants « en transit » nés depuis 1929 et la réponse des autorités haïtiennes en interdisant l’importation de certains produits de la République Dominicaine continue de créer des frictions entre les deux pays.
Le climat des affaires devrait encore pâtir d’un niveau de corruption élevé, de l’insuffisance en infrastructures (à l’exception des télécommunications) et des problèmes dans l’approvisionnement de l’électricité. La stabilité politique et l’accès préférentiel au marché américain grâce à l’accord de libre échange (CAFTA) demeure toutefois favorable à l’investissement.
Source : COFACE