La croissance doit légèrement se tasser en 2007, en raison d’une décélération aux Etats-Unis, premier partenaire commercial du pays, et d’incertitudes à l’approche des élections générales de novembre 2007. Toutefois, l’activité sera tirée par la consommation des ménages, alimentée par les transferts des expatriés aux Etats-Unis, et par les dépenses publiques de reconstruction, à la suite de l’ouragan Stan qui avait dévasté le pays fin 2005.
Elle le sera également par l’investissement privé, encouragé par la mise en œuvre en juillet 2006 de l’accord de libre-échange DR/CAFTA. Ce contexte favorisera le secteur de la construction et les services, financiers en particulier.
Par ailleurs, la politique monétaire restrictive n’éliminera pas les tensions inflationnistes, en raison notamment de prix élevés du pétrole.
Appréciation du risque et protection
Une croissance résiliente tirée par la demande américaine
En 2016, la croissance devrait atteindre un niveau similaire à celle de 2015, portée notamment par la hausse de la demande américaine qui contribue au dynamisme du commerce extérieur, ainsi que par la consommation des ménages. Les exportations manufacturières (59 % des ventes à l’export), la filière textile notamment, et les produits agricoles devraient bénéficier de la hausse de la demande des Etats-Unis (principal partenaire commercial) et de celle des pays voisins (El Salvador et Honduras en particulier), qui profitent également de la reprise économique aux Etats-Unis. La consommation des ménages resterait dynamique grâce à la progression des transferts des migrants et au tassement de l’inflation. L’investissement privé, dans le secteur manufacturier notamment, devrait aussi être stimulé. L’absence de cohésion au sein de la classe politique et une éventuelle reprise des agitations sociales pourraient toutefois affecter la confiance des investisseurs. La fragmentation politique pénalise également les projets d’investissements publics, dont les appels d’offre sont régulièrement reportés. La stabilisation des prix pétroliers et alimentaires devrait contenir l’inflation en 2016. Une pression à la hausse sur les prix des biens alimentaires n’est cependant pas à exclure en raison du phénomène climatique El Niño qui pourrait frapper le pays dans le courant de l’année.
La faiblesse des ressources budgétaire et la lenteur décisionnelle devraient perdurer malgré le changement de gouvernement
Arrivé au pouvoir en janvier 2016, le président Jimmy Morales et son gouvernement devraient poursuivre la politique économique de son prédécesseur afin de stimuler la croissance tout en préservant la stabilité macroéconomique. La nouvelle administration est cependant face à plusieurs défis. D’une part, l’absence de majorité et la fragmentation politique au congrès devraient ralentir la mise en œuvre des réformes économiques et sociales nécessaires au développement du pays.
D’autre part, les moyens de l’action publique restent obérés par la faiblesse des recettes budgétaires (11 % du PIB). Bien que des efforts ont été fournis pour les accroître, tels que la réforme fiscale votée en 2012 censée apporter des recettes supplémentaires à hauteur de 1,5 % du PIB, la corruption généralisée et la mauvaise gestion des organismes publics (douane et impôt notamment) continuent d’affecter la collecte de l’Etat. Ce manque à gagner réduit sensiblement l’action du gouvernement en termes d’investissement et de réduction de la pauvreté qui affecte encore plus de la moitié de la population.
Des comptes extérieurs dépendants de la demande américaine
Le déficit des échanges commerciaux est à l’origine du déficit courant. En 2016, il devrait rester relativement stable : la hausse des exportations manufacturières (filière textile notamment) à destination des Etats-Unis (près de 60% des ventes à l’export) compenserait en partie celle des importations (carburants, produits de consommation et biens d’équipement). Le déficit des services devrait diminuer compte tenu de la hausse des recettes touristiques et de la baisse des coûts de transport des marchandises en lien avec la chute du prix des hydrocarbures. La poursuite des réinvestissements locaux des bénéfices réalisés par les sociétés étrangères, notamment dans l’industrie manufacturière dédiée à l’export (maquilas), permettraient de stabiliser le déficit des revenus. Les transferts des migrants, vivant pour la plupart aux Etats-Unis, devraient progresser et participer au financement du déficit commercial, de même que la progression attendue des flux d’investissements directs étrangers en 2016.
Le manque d’expérience politique du président conjugué à l’absence de majorité au congrès devrait freiner l’adoption des réformes à court terme
La démission et à l’arrestation en septembre 2015 de l’ancien président, Otto Pérez Molina (2012-15) du Partido Patriota (PP), sur des accusations de corruption, a favorisé un outsider politique et comédien, Jimmy Morales du Front de Convergencia Nacional (FCN). Ce dernier a remporté le second tour de l’élection présidentielle guatémaltèque le 25 Octobre 2015 avec une victoire écrasante (68,5% des voix) sur sa rivale Sandra Torres de l’Union Nationale de l’Espérance (UNE). Au pouvoir depuis janvier 2016, le nouveau président qui a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, sera contraint de négocier des alliances au Congrès, y compris avec les partis entachés par les scandales de corruption (PP et Lider notamment), ce qu’il avait refusé jusqu’à présent. Le parti du président (FNC) ne détient en effet que 11 des 158 sièges au congrès, contre 46 pour le Lider, 33 pour l’UNE et 18 pour le PP. Cette fragmentation politique est susceptible d’entraver l’adoption des réformes économiques et anti-corruption à l’avenir, d’autant plus que l’absence d’expérience politique du président en constitue un obstacle supplémentaire. Le risque d’une reprise des agitations populaires qui ont précipité le départ de l’ancien président Molina reste élevé.
Source : COFACE