La contraction de l’activité devrait se poursuivre en 2016
L’économie équatorienne, principalement soutenue par la dépense publique grâce aux revenus du pétrole, a subi le contrecoup de la baisse du prix des hydrocarbures et est entrée en récession en 2015. L’Equateur a été le deuxième pays le plus touché par la chute du prix du brut en Amérique latine, après le Venezuela. En 2016, l’activité devrait encore pâtir de la baisse durable du prix du pétrole et de la perte de compétitivité des exportations non pétrolières en raison de l’appréciation du dollar américain. La production agricole et aquacole pourrait également être affectée si le phénomène climatique « El Niño » venait à se matérialiser. L’absence des moyens de l’Etat devrait d’ailleurs contribuer à la baisse de l’investissement public alors que l’investissement privé souffrirait du ralentissement de l’offre de crédit, les banques ayant comme priorité imposée le financement du secteur public. La consommation des ménages devrait rester faible, affectée par la hausse du chômage, le gel des salaires et par les restrictions aux importations. La baisse de la demande interne devrait ralentir les pressions inflationnistes en 2016.
La faiblesse du prix du pétrole devrait conduire à de nouvelles restrictions budgétaires
En 2015, la faiblesse du prix du pétrole, qui génère plus du tiers des recettes budgétaires, avait forcé le gouvernement à prendre des mesures pour contenir la hausse du déficit public : gel des salaires des fonctionnaires, augmentation des taxes et droits de douane à l’importation principalement. En 2016, la marge de manœuvre du gouvernement devrait être à nouveau limitée par la faiblesse du prix des hydrocarbures. Le budget 2016 a d’ailleurs été approuvé sur la base d’un prix moyen du baril de pétrole à 35 USD (contre 79,7 USD début 2015) ce qui implique de nouvelles mesures d’ajustement. Le gouvernement prévoit ainsi de réduire les dépenses en capital, salaires et traitements des fonctionnaires, ainsi que les subventions au carburant. La vente d’actifs de l’Etat, notamment de l’entreprise en charge du réseau de distribution d’essence appartenant à Petroecuador, pourrait aussi intervenir dans le courant de l’année. Malgré l’ajustement budgétaire important, les besoins de financement restent élevés (estimés à près de 4,4 milliards d’USD). Le pays prévoit de les couvrir grâce aux prêts supplémentaires de la Chine (principal créancier), mais aussi des institutions multilatérales (Banque Mondiale, BID). Le pays pourrait également avoir recours aux marchés internationaux mais à des coûts plus élevés, compte tenu du resserrement monétaire aux Etats-Unis. La dette publique extérieure devrait ainsi progresser et atteindre 40% du PIB en 2016, soit la limite légale prévue par la constitution. Elle reste majoritairement détenue par la Chine, dont les prêts sont gagés sur l’octroi de concessions minières, les recettes pétrolières et la production d’électricité future.
La baisse des exportations pétrolières continue d’affecter le solde courant
En 2016, le déficit courant devrait continuer d’augmenter, affecté par la dégradation de la balance commerciale en raison de la baisse du prix des produits pétroliers et de l’appréciation du dollar. Les exportations de pétrole et dérivés représentent en effet près de 50% des exportations du pays et 20% des importations. Bien que la hausse de la production pétrolière attendue pour 2016 soit favorable à la balance commerciale, la faiblesse persistante du prix du pétrole limitera les gains sur l’année. Les exportations non pétrolières (crevettes, fleurs) vers l’Asie et la Russie devraient ralentir sous l’effet du ralentissement de l’économie de ces régions et de la fin de l’épisode bactérien qui avait affecté les élevages aquacoles en Asie. Celles à destination de l’Europe seraient aussi affectées par l’appréciation du dollar qui réduit la compétitivité des produits locaux. L’entrée en vigueur de l’accord commercial avec l’UE vers la fin 2016 pourrait néanmoins soutenir les exportations. Malgré l’appréciation du dollar qui rend les importations moins coûteuses, celles-ci devraient aussi ralentir compte tenu de la hausse des taxes et droits de douane à l’importation mises en place en mars 2015, mais aussi à cause de la diminution de la demande interne dans un contexte de ralentissement de l’activité. La balance des services reste déficitaire, les coûts du fret et les services pétroliers payés à des compagnies étrangères excédant les recettes touristiques. La balance des revenus est affectée par les sorties significatives de capitaux et les IDE, en baisse, ne suffisent pas à financer le déficit du solde courant.
Le président Rafael Correa renonce à être candidat aux prochaines élections présidentielles
Les prochaines élections présidentielles et législatives en Equateur sont prévues en février 2017. Le président Rafael Correa du parti Alianza Pais (PA) a exprimé son souhait de ne pas se représenter. Bien que l’amendement à la constitution permettant au président de se représenter indéfiniment soit voté, celui-ci n’entrerait en vigueur qu’en 2021. Le candidat susceptible de lui succéder semble être son ancien vice-président, Lenin Moreno. Le maintien au pouvoir du PA n’est cependant pas gagné d’avance du fait des divisions qui se sont formées au sein de la majorité et à la baisse de popularité de l’actuel gouvernement. Les restrictions budgétaires liées à la faiblesse du prix du pétrole devraient par ailleurs contribuer à la reprise des agitations sociales dans le courant de 2016.
L’environnement des affaires devrait rester médiocre malgré l’adoption des reformes, incitations fiscales, visant à attirer les investissements privés. L’absence de recours aux tribunaux d’arbitrage internationaux, l’interventionnisme de l’Etat, ainsi que la baisse persistante du prix des matières premières réduisent l’attractivité du pays.
Source : COFACE