Appréciation du risque
Des perspectives de croissance favorables en dépit de la détérioration de la situation sécuritaire et de l’atonie du marché de l’uranium
Le recul de la production agricole, après les excellentes performances enregistrées dans ce secteur en 2014, ainsi que la baisse des cours et de la production dans les secteurs minier et pétrolier, sont à l’origine du ralentissement de la croissance en 2015. En revanche, les services (commerce, transports, communications) ont connu un dynamisme certain. Les perspectives économiques à moyen terme restent favorables compte tenu des efforts engagés pour accroître la production agricole dans le cadre de l’initiative 3N (« Les Nigériens nourrissent les Nigériens »), de la hausse attendue des capacités de raffinage de pétrole et de la poursuite des grands projets d’infrastructure (échangeurs autoroutiers, liaison ferroviaire, cimenterie, barrage, centrales, oléoduc).
L’activité d’extraction d’uranium, principale source d’entrées de devises, est en recul depuis ces dernières années suite à l’accident de Fukushima en 2011 et aux attentats djihadistes de 2013 contre un site d’Areva. De plus, le projet minier géant d’Imouraren, qui devrait permettre de faire du Niger le deuxième producteur mondial d’uranium, a été mis en sommeil en raison de la détérioration des conditions du marché international.
En dépit de ses richesses, et bien que certains indicateurs sociaux se soient améliorés, le Niger demeure l’un des pays les plus pauvres du monde. Il se place ainsi au dernier rang des nations selon l’indice de développement humain et 44 % de la population vit en deçà du seuil de pauvreté (1,25 dollar par jour). La vitalité de sa démographie exacerbe le chômage des jeunes. Par ailleurs, l’économie du pays souffre encore de sa trop forte dépendance à l’égard de l’agriculture de subsistance, d’un manque d’infrastructure et de la faiblesse des institutions. Le climat des affaires s’améliore légèrement (adoption d’un nouveau code des investissements, réduction du capital minimum requis pour créer une société, accès plus rapide à l’eau, meilleur système d’information sur le crédit) mais reste encore difficile. Enfin, le pays doit faire face à la persistance de poches d’insécurité le long de ses frontières sud et nord.
L’inflation, guidée en grande partie par l’évolution des prix des denrées alimentaires, demeure inférieure à la norme communautaire fixée à 3 % par l‘UEMOA.
Les déficits public et courant se sont fortement creusés
La situation budgétaire s’est nettement détériorée, en lien avec la progression des dépenses de sécurité et humanitaires (liée à l’avancée du groupe Boko Haram à la frontière avec le Nigéria et à l’afflux de réfugiés) et des dépenses d’équipement (liée à la mise en place des projets publics structurants). Le stock de la dette publique a été fortement réduit en 2004 et 2006 grâce à d’importants allégements de dette. Cet encours a toutefois tendance à augmenter rapidement depuis 2011 du fait de l’implication de l’Etat dans les projets d’investissement du secteur des industries extractives et de la mise en œuvre des projets d’infrastructure. A moyen terme, une hausse des revenus de l’Etat permise par l’entrée en fonctionnement de l’oléoduc et le démarrage du projet minier d’Imouraren devraient néanmoins permettre de stabiliser la dette.
Les exportations restent dépendantes de l’évolution des cours mondiaux, comprenant pour l’essentiel des produits de base, dont l’uranium et le pétrole, qui représentent à eux seuls entre 50% et 60% des ventes à l’étranger selon les années. Le déficit courant continue à se creuser, reflétant à la fois le recul des prix internationaux et la forte progression des importations liées à la mise œuvre des grands projets d’infrastructure. Au déficit commercial s’ajoute celui, non négligeable, de la balance des services, provenant lui-même du niveau élevé des coûts de transport et des services importés liés aux activités extractives. Le pays bénéficie toutefois d’un flux relativement important d’investissements directs étrangers (notamment chinois et français) et de prêts projets. Il a toutefois sollicité auprès du FMI la prolongation, jusqu’à fin 2016, de la Facilité élargie de crédit.
Une dégradation de la situation sécuritaire
Le Président Mahamadou Issoufou et sa formation, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, devraient remporter les prochaines élections présidentielle et législatives, prévues entre février et mars 2016, compte tenu des divisions de l’opposition. L’arrestation d’un leader de cette dernière, pour trafic d’enfants, en novembre 2015, pourrait toutefois entacher la crédibilité de l’élection présidentielle.
Le principal risque porte sur la situation sécuritaire, qui s’est dégradée en 2015 du fait du renforcement des attaques de Boko-Haram au Nigéria et de ses incursions dans le sud-est du Niger, celles-ci ayant entraîné un afflux de réfugiés et des déplacements de la population, perturbé le commerce transfrontalier et exercé des pressions sur le budget. Dans ce contexte, le Niger a accru ses effectifs militaires dans le sud du pays et rejoint la force militaire régionale, qui regroupe également le Bénin, le Tchad, le Cameroun et le Nigéria. Le pays avait déjà dû accueillir, ces dernières années, des réfugiés du Mali et des rapatriés de Libye et doit aussi surveiller sa frontière nord.