Appréciation du risque
Une croissance sensiblement affectée par le choc pétrolier
La croissance a nettement diminué en 2015 sous l’effet de la chute des cours du pétrole et du recul sensible de la production d’or noir du fait d’une série de grèves et de la remise en état de certains puits. A cela s’est ajouté l’impact des coupes dans les dépenses d’investissement, auxquelles a été contraint de recourir le gouvernement pour éviter un dérapage des finances publiques. L’activité devrait toutefois connaître un raffermissement à compter de 2016, portée par les dépenses électorales, le secteur des ressources naturelles (agroalimentaire, mines d’or et de manganèse, transformation du bois) et celui des services.
La découverte de nouveaux gisements de pétrole n’a pas compensé l’épuisement progressif des anciens gisements et le pays se trouve confronté à un déclin de sa production d’or noir. L’exploration pétrolière risque à présent de pâtir de la baisse du prix du baril. La morosité du marché pétrolier étant également à l’origine du ralentissement de l’investissement public, l’effort de diversification et de modernisation de l’économie entrepris par les autorités dans le cadre du Plan Stratégique Gabon émergent (PSGE) risque également d’être freiné.
En dépit de la richesse pétrolière, le niveau de pauvreté et de chômage reste élevé. Cette richesse ne s’est pas traduite par une réelle amélioration des conditions de vie de la population du fait de nombreux obstacles au développement tels que l’insuffisance des infrastructures, notamment de transport, le manque de qualification de la main-d’œuvre et la faiblesse de l’environnement des affaires, contraintes qui pourraient être un jour réduites si les objectifs du PSGE sont atteints.
Des comptes publics et extérieurs dans le rouge à compter de 2015
Sur le plan budgétaire, la baisse des recettes pétrolières, qui assuraient plus de 50 % des revenus de l’Etat ces dernières années, a contraint les autorités à réduire les dépenses publiques à compter de 2014. Cette baisse a atteint 14 % en 2015 mais devrait être beaucoup plus limitée en 2016, du fait notamment de la tenue des élections. Les dépenses d’équipement, en particulier, ont été régulièrement revues à la baisse même si le gouvernement indique qu’il souhaite ne pas trop amputer celles qu’il juge prioritaires (transport et technologies de l’information et de la communication). L’excédent budgétaire a fondu au cours de ces dernières années du fait de la hausse massive de l’investissement public entraînée par la mise en œuvre du PSGE. Etant donné la chute du cours du baril et la tendance à la baisse de la production pétrolière, cet excédent s’est transformé en déficit en 2015. La dette publique demeure à un niveau encore modéré mais le pays s’est rapidement ré-endetté depuis le remboursement anticipé de la dette contractée auprès des créanciers du Club de Paris en 2008. Le Gabon a d’ailleurs dépassé en 2015 le plafond d’endettement de 35 % du PIB qu’il s’était fixé et doit faire face à un renchérissement de ses coûts d’emprunt sur les marchés obligataires.
Les excédents courants ont également fait place à un important déficit en 2015, du fait du repli marqué des exportations pétrolières (80 % des ventes de marchandises à l’étranger jusqu’en 2013) et ce malgré la contraction des importations liée à la baisse de la demande publique et des prix mondiaux des produits de base. En 2016, les ventes de pétroles devraient se maintenir à un faible niveau, toujours affectées par la faiblesse des cours du baril, mais les exportations non pétrolières (manganèse et bois en particulier) devraient poursuivre leur progression. Les importations devraient croître très légèrement, en raison notamment de la tenue des élections. L’excédent commercial devrait peu augmenter et rester inférieur au déficit de la balance des invisibles, ce dernier reflétant le coût du fret et de l’assurance, les achats de services techniques à l’étranger et les rapatriements de bénéfices.
Une situation qui se tend à l’approche des élections présidentielle et législatives de 2016
La situation politique se tend progressivement à l’approche des élections présidentielle et législatives prévues en 2016, alors que la situation économique se détériore. Des défections au sein du parti au pouvoir et la création d’un front de l’opposition, même si les divisions en son sein sont loin d’avoir disparu, devraient donner lieu à des scrutins plus disputés que par le passé. En outre, un courant dissident s’est formé au sein du parti au pouvoir, déplorant le manque de démocratie de cette formation. Par ailleurs, l’absence d’amélioration du niveau de vie pour une grande partie de la population, le niveau élevé du chômage et la faiblesse des services publics alimentent le mécontentement social.