Appréciation du risque
Une croissance portée par le dynamisme de l’agriculture et des services et par les grands travaux publics
La croissance, soutenue dans la plupart des secteurs, a augmenté en 2015. L’agriculture a continué à tirer parti de la mise en œuvre du Programme national d’investissement agricole. Les productions des cultures vivrières et de rente ont poursuivi leur progression. S’agissant de sa première culture d’exportation, le cacao (le tiers des ventes à l’étranger), le pays a profité à la fois d’un niveau record de production et de la bonne tenue des cours internationaux. Par ailleurs, le dynamisme des transports et des télécommunications a tiré l’activité dans le secteur des services. Le secteur secondaire a bénéficié de la bonne tenue du BTP et des secteurs agroalimentaire et aurifère. En revanche, l’épuisement des gisements pèse sur la production pétrolière (le pays est importateur net d’or noir depuis 2014).
En 2016, la poursuite des grands travaux publics (barrage de Soubré, modernisation des aéroports, extension du port d’Abidjan, …), dans le cadre du deuxième Plan national de développement, le renforcement de la stabilité politique, l’amélioration du climat des affaires et la mise en œuvre d’une stratégie de développement des PME/PMI devraient soutenir l’activité, qui pourrait toutefois pâtir légèrement d’un fléchissement de la production agricole.
La croissance demeure largement exposée aux fluctuations des cours des matières premières et encore bridée par la vétusté des infrastructures. Du chemin reste à parcourir pour rattraper la perte consécutive à une longue période de stagnation économique et de crise politique (croissance moyenne de 1,2 % par an entre 2005 et 2011, dont une contraction de l’activité de 4,4 % en 2011). Cependant, la reprise de l’activité depuis la fin de la crise post-électorale a permis d’accroître le niveau de vie de la population (hausse de 35 % du PIB/tête en parité de pouvoir d’achat entre 2011 et 2015) et, partant, de dynamiser la consommation des ménages. Dans le cadre de la réforme de la filière cacao/café, les planteurs bénéficient de l’augmentation des prix à la production. Le salaire minimum et les salaires dans la fonction publique ont été relevés, l’accès aux services publics s’améliore et une couverture maladie universelle se met en place. Le maintien d’une inflation relativement faible, même si le dynamisme de la demande intérieure et le desserrement de la politique budgétaire exercent quelques pressions à la hausse, bénéficie également à la consommation.
Un déficit courant qui se creuse légèrement, une gestion appropriée des finances publiques
Tout en restant limité, le déficit courant devrait continuer à se creuser en 2016, la vigueur de la demande intérieure s’accompagnant d’une hausse des importations de biens (notamment d’équipement) et de services (fret, assurance). En outre, la progression des exportations de cacao devrait ralentir. Cependant, étant très peu dépendant de la demande en provenance de Chine, le pays ne devrait guère souffrir du ralentissement dans ce pays. Le déficit devrait être largement financé grâce au dynamisme continu de l’investissement direct étranger.
Les critères de réalisation retenus dans le cadre du programme appuyé par une Facilité élargie de crédit du FMI (qui a expiré fin 2015) ont été respectés. Le climat des affaires et l’administration fiscale ont été considérablement améliorés et des progrès enregistrés dans la restructuration des banques publiques. L’orientation de la politique budgétaire pour 2015 est restée appropriée en dépit de pressions budgétaires (moins-values sur les recettes et prise en compte de dépenses extrabudgétaires) qui ont conduit les autorités à procéder à certains ajustements afin de contenir l’augmentation du déficit public (mobilisation de recettes supplémentaires et compression de certaines dépenses). Les émissions réussies d’euro-obligations en 2014 et 2015, intervenant trois ans à peine après un défaut du pays sur certains coupons de son eurobond de 2010, ont contribué au financement du budget et permis d’accroître la maturité moyenne de la dette publique. Le poids de cette dernière s’est fortement réduit depuis l’allègement dont a bénéficié le pays en 2012 dans le cadre des initiatives PPTE/IADM. Le risque de surendettement est jugé modéré à l’heure actuelle.
Une stabilité politique renforcée
Le climat politique et sécuritaire s’était déjà notablement amélioré ces dernières années. L’élection présidentielle du 25 octobre 2015, qui s’est déroulée sans heurts et a vu la réélection, dès le premier tour, du président sortant Alassane Ouattara, permet de tourner définitivement la page des violences qui ont ensanglanté le pays à la suite de l’élection présidentielle de 2010. Toutefois, une partie de l’opposition avait appelé au boycott au nom de sa fidélité à l’ex-président Gbagbo (ce dernier attend aux Pays-Bas son jugement pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale). Le président continuera à s’appuyer sur la coalition gouvernementale, qui devrait être reconduite lors des élections législatives de fin 2016.