L’énergie à la Réunion est pétrodépendante et contrainte par l’insularité qui rend impératif une production électrique locale et une importation d’énergie fossile. Face à une demande toujours croissante et aux exigences environnementales, l’énergie produite sur l’île tend à exploiter de plus en plus son grand potentiel en énergie renouvelable par le développement de parcs éoliens, de fermes solaires, ainsi que d’autres projets expérimentaux. Bien qu’en 2013, 35 % de l’électricité réunionnaise est issue de sources renouvelables, le taux de dépendance énergétique du département dépasse les 85 %. L’économie d’électricité et l’optimisation de l’efficacité énergétique sont deux axes de travail majeurs pour les autorités chargées des questions énergétiques.
- Les premières automobiles débarquent sur l’île peu après 1900, et se développent notamment à partir des années 1930.
- Dans la foulée de la départementalisation, le 8 novembre 1949, la société Énergie électrique de la Réunion (EER) a été fondée avec la participation du département de la Réunion (25 millions CFR), la Caisse centrale de la France d’outre-mer (devenue par la suite Caisse Centrale de Coopération Économique, Caisse Française de Développement, puis Agence Française de Développement) à hauteur de trente millions CFA, EDF (25 millions CFA) et des investisseurs privés (20 millions CFA) . Pourtant, c’est dans les années 1960 avec la mise en service des usines hydroélectriques de Langevin et Takamaka que l’électrification de la Réunion a commencé. Le véritable tournant fut la nationalisation1 des réseaux électriques des DOM en 1975 qui visait un double objectif, à savoir :
- répondre à l’incapacité des structures locales à financer les besoins d’investissement des réseaux ;
- arrêter les hausses très sensibles des tarifs, beaucoup plus élevés qu’en métropole, allant souvent du simple au double en adoptant le principe fondamental de la péréquation tarifaire alignant les tarifs d’électricité des DOM sur ceux de la métropole.
L’article 50 de la loi d’orientation outre mer (LOOM) a transféré aux régions de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique et de la Réunion les compétences en matière de politique énergétique. Le SIDELEC a créé par l’arrêté préfectoral no 680 du 29 mars 2000. il a pour objet la gestion et la planification du service public de l’électricité.
- Dans les années 1980, la Réunion a été presque autosuffisance en électricité uniquement grâce à son potentiel hydroélectrique3.
- Les premières éoliennes sont construites en 2005.
Comme toute société occidentale, la Réunion vit sous le régime d’une économie carbonée pétrodépendante, et importe ses hydrocarbures par voie maritime. Les 731 000 tonnes de pétrole brut importé transitent par le Grand port, puis est raffiné par la Société réunionnaise des produits pétroliers, entreprise détenant le monopole légal de cette opération sur l’île.
Sur l’île plus encore qu’en métropole, les hydrocarbures sont hautement stratégiques, car entièrement importés et sur un seul site. Les grèves touchant le secteur sont particulièrement inquiétant pour la population qui n’a aucune solution de de substitut aux carburant.
La forte production de canne à sucre, occupant une part importante de la surface agricole utile réunionnaise, induit à la production conjointe de bagasse. Ce produit secondaire est revalorisé par sa combustion, permettant de vaporiser de l’eau dans des turbines, à l’origine d’une production électrique. Lorsque les cultures ne sont pas en période de production, la charbon remplace la bagasse, qui ne représente finalement que 17 % de l’énergie produite par les deux centrales charbon – bagasse. La Centrale de Bois-Rouge à Saint-André produit 108 MW, tandis que celle du Gol (CTG) à Saint-Louis, 122 MW7. La valorisation de la bagasse fournit annuellement plus de 240 GW, soit la consommation de 91 000 réunionnais.
Bien qu’émettrice de carbone, ce mode de production est souvent considéré comme écoresponsable en raison du caractère renouvelable de la production (quoi que dépendante d’intrant) et de l’effet Puits de carbone du couvert végétale. Cette production énergétique dépend donc de la production agricole primaire, qui fluctue au gré des années fonction des variations du climat local.
Hydroélectricité
En raison des volumes pluviométriques très important, l’écoulement d’eau de surface permet la mise en place d’infrastructures hydroélectriques, d’autant plus que l’érosion a creusé des ravines étroites et très profondes. La centrale Sainte-Rose (22 MW) ou celle de Takamaka (17,5 MW) sont les deux plus importantes. Au total, les six infrastructures hydroélectriques de l’île ont une puissance de 133 MW.
Énergie solaire
Située à proximité du Tropique du Capricorne, la Réunion bénéficie d’un ensoleillement au forçage radiatif positif, permettant une exploitation de l’énergie solaire facile et rentable. Cependant, il n’existe encore peu de Centrales solaires photovoltaïques, (Pierrefond : 2,1 MW). À la Réunion comme ailleurs, l’exploitation de l’énergie solaire pose le problème de son rendement aléatoire dans le temps, qu’on essaye de réguler au moyen de grandes batteries. Mais certains ont aussi évoqué la possibilité de développer des micro-step urbaines intégrées (voir Nature and People First) qui seraient complémentaires des batteries pour des intermittences de plus grosses ampleurs (au-delà de la demi-heure, contrairement aux batteries qui seraient plutôt adaptées à des micro-intermittences).
Le levier de l’énergie solaire est plus exploité dans le secteur privé comme complément au réseau principal, comme en témoignent les 10 000 chauffe-eau solaire installés sur l’île.
Énergie éolienne
L’île étant balayée en permanence par les alizés, il existe un potentiel éolien qui n’est exploité aujourd’hui que très marginalement, mais en cours de développement. En 2014, il n’existe que deux parcs éoliens, celui de La Perrière (10 MW) et celui de Sainte-Rose (6 MW), pour un total de 37 éoliennes.
En 2011, la production électrique réunionnaise s’élevait à 711 MW, fournie par douze centrales électriques, deux parcs éoliens et une ferme photovoltaïque. Les deux-tiers de cette électricité est issue de production carbonée, à savoir trois centrales thermiques au fioul, et deux centrales charbon-bagasse.
La consommation d’énergie finale est en continuelle croissance, à un rythme supérieur à celui de la production. En 2010, elle correspondait à près de 1,4 million de tonnes équivalent pétrole. La ventilation de celle-ci nous apprend qu’elle était principalement induite par les carburants (64 %). Les particuliers sont responsables à hauteur de 44 % de la consommation de l’énergie disponible