La population de la Nouvelle-Calédonie est de 268 767 habitants lors du recensement de 2014. Entre 1996 et 2004, la population calédonienne s’est accrue de 33 953 personnes (soit une croissance moyenne par an pendant cette période de 2,16 %).
La population calédonienne est répartie comme suit :
– Province Sud : 199 983 habitants
– Province Nord : 50 487 habitants
– Province des Iles : 18 297 habitants
La densité y est particulièrement faible, notamment beaucoup plus faible qu’à Tahiti ou que dans les départements d’Outre-mer, avec 14,47 hab./km2, mais en vérité la population néo-calédonienne est très inégalement répartie. Ainsi, sur ces 268 767 habitants, seulement 18 297 (6,81 %) vivent aux îles Loyauté (9,2 hab./km2) et 50 487 (18,78 %) dans la province Nord (pourtant la plus étendue des trois provinces, et où la densité n’est donc que de 5,27 hab./km2) contre 199 983 (74,41 %) dans la province Sud (27,4 hab./km2) qui regroupe ainsi environ trois quarts de la population calédonienne sur seulement un peu plus d’un tiers du territoire. Et au sein même de cette dernière province la répartition de la population est très déséquilibrée, avec une forte concentration à Nouméa et dans son agglomération. Le chef-lieu Nouméa, avec 99 926 habitants en 2014, rassemble ainsi 37,18 % des habitants du territoire (2 221 hab./km2) sur à peine 0,35 % de sa superficie, et le Grand Nouméa pèse 179 509 personnes, soit 66,79 % de la population totale sur moins d’1/10e de la surface de l’archipel (109 hab./km2).
La répartition de la population par communauté d’appartenance, après le recensement général de la population de 1996 est la suivante (1):
– Mélanésiens : 44,1%
– Européens : 34,1 %
– Wallisiens et Futuniens : 9%
– Tahitiens : 2,6%
– Indonésiens : 2,5%
– Autres : 7,5%
Comprendre la société mélanésienne
La cellule de base du monde mélanésien est constituée par le clan, groupement de plusieurs familles, représenté par la case bâtie autour d’un poteau central, à l’image des familles évoluant autour du chef du clan. Entre ces différents clans s’est constitué tout un réseau d’échanges et d’alliances, allant de l’échange de nourriture aux alliances matrimoniales. Les clans sont issus d’une terre et font du sol calédonien une succession de lieux chargés de significations mythiques.
L’univers mélanésien fut profondément déstabilisé par la colonisation et, en particulier, par ses implications foncières, qui provoqua des bouleversements géographiques. Consciente toutefois du danger qu’aurait pu représenter l’absence de stabilisation de ces groupes et la désagrégation des structures traditionnelles, l’administration impériale, par un arrêté du 24 décembre 1867, donna une existence légale à la tribu qui regroupe en un lieu les membres d’un ou de plusieurs clans. Cette géographie imposée fut complétée par l’arrêté du 9 août 1898, qui institua des districts, groupements de tribus : à leur tête sont placés des grands chefs, tandis que des petits chefs dirigent les affaires des tribus.
Les vingt dernières années ont vu la reconnaissance des autorités coutumières précisée et leur rôle accru, en particulier après 1988, année du découpage du territoire en huit aires coutumières – représentées par des conseils coutumiers – et de la création d’un Conseil consultatif coutumier, auquel s’est substitué après l’accord de Nouméa le Sénat coutumier. La Nouvelle-Calédonie compte actuellement 57 districts et 340 tribus, dont 14 dites « indépendantes », c’est-à-dire situées en dehors du ressort des districts.
La coutume constitue le fondement du lien social mélanésien, comme dans les autres sociétés océaniennes : terme polysémique, elle désigne à la fois le code oral qui régit la société kanak et le « geste coutumier », remise de présents et échange de paroles d’amitié à l’occasion d’une visite chez un hôte mélanésien. Sont revêtues de son autorité toutes les instances coutumières au rang desquelles figurent, en premier lieu, les grands chefs. Si la coexistence entre ces autorités et l’administration n’a pas toujours été aisée, la répartition des compétences respectives est, pour l’essentiel, désormais clarifiée : le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie se voit notifier la désignation des autorités coutumières, après que celle-ci a été constatée par le Sénat coutumier, et l’autorité coutumière demeure, localement, le lien indispensable avec les pouvoirs publics.Trait d’union entre les collectivités mélanésiennes et l’administration, le syndic aux affaires coutumières officialise les décisions prises par la tribu en les consignant dans un procès-verbal de palabre ; depuis le début du siècle, ce rôle a été assuré par la gendarmerie.
Bien que l’accord de Nouméa ait reconnu le rôle éminent de la coutume pour les populations régies par les règles coutumières, sa place actuelle dans l’ordre juridique demeure, pour autant, un débat encore ouvert. Ne pouvant faire l’objet d’une codification juridique, l’exercice d’un pouvoir coutumier peut conduire à des difficultés réelles, notamment en matière pénale : lorsqu’un Kanak commet une infraction, il s’expose à une double sanction, l’une pénale au titre du droit français, l’autre coutumière.
Deux chantiers sont, après l’accord de Nouméa, plus particulièrement d’actualité : en matière foncière, la fréquence des litiges et les nombreuses contestations ont conduit certains grands chefs à solliciter la mise en place d’un cadastre coutumier venant se substituer aux procès-verbaux de palabre relatifs à la terre, projet dont il est fréquemment débattu et qui, très localement, a pu être mis en œuvre ; la définition précise, par ailleurs, des modalités de l’intervention des autorités coutumières en matière de médiation pénale – dont le principe a été affirmé dans l’accord de Nouméa – fait actuellement l’objet de consultations.
Le rôle fondamental de la coutume ne devrait pas, cependant, dissimuler que cette reconnaissance de son rôle s’accompagne, parallèlement, d’un éloignement croissant de la jeunesse mélanésienne des valeurs de la coutume : y contribuent le manque de charisme de certaines autorités coutumières, leur comportement parfois critiquable, ainsi que le poids, moins bien supporté, de l’obligation d’entraide envers les siens. Face aux risques de cette désaffection, les voies d’un retour vers les traditions kanak et la sensibilisation des jeunes aux valeurs de la coutume fait l’objet, depuis quelques années, d’un débat au sein des grandes chefferies, conscientes de la nécessité de moderniser la coutume pour en assurer l’effectivité