La Guadeloupe est très dépendante de l’extérieur pour son approvisionnement et sa production énergétiques, qui reposent principalement sur des importations de produits pétroliers (près de 700.000 tonnes par an, dont un tiers est destiné à la production d’électricité). Les énergies renouvelables contribuent pour leurs parts à 14 % de la production d’électricité locale. Variabilité des prix, coût élevé de l’énergie et qualité de la distribution de l’électricité inférieure à celle de métropole sont les conséquences de cette forte dépendance énergétique (90 %).
Pourtant la Guadeloupe bénéficie d’un fort ensoleillement tout au long de l’année, de la présence de vents réguliers et constants. Irriguée par 82 cours d’eau, Basse-Terre peut exploiter l’énergie hydraulique. Enfin, la bagasse peut être utilisée comme biomasse et la présence du volcan permet l’utilisation de l’énergie géothermale (centrales de Bouillante). Ce fort potentiel en énergies renouvelables est pour l’instant sous-exploité. Mais depuis le milieu des années 90, la Guadeloupe est un territoire d’expérimentation en matière d’ENR et de maîtrise de l’énergie. Premier territoire d’Outre-mer à avoir accueilli un parc éolien raccordé au réseau, la Guadeloupe a lancé aussi la première campagne de diffusion massive de lampes basse consommation.
Une consommation d’électricité en hausse
La consommation d’énergie primaire est estimée à 7.600 GWh en 2006. Les produits pétroliers dominent largement cette consommation (71,8 % contre 9,7 % pour les ENR et 18,5 % pour le charbon). La part du secteur résidentiel est évaluée à 32,1 %, des transports à 31,7 % et des entreprises à 27,5 %.
La consommation d’énergie finale est estimée à 4.312 de GWh en 2006 (56 % pour les transports, 18,7 % pour le résidentiel, 18,6 % pour les entreprises). Entre 2000 et 2006, cette consommation a augmenté de 10,3 %. La consommation d’électricité a augmenté de 27 % sur la même période.
Cette croissance est poussée par le secteur résidentiel : +4,6 % contre +0,8 % pour les transports. L’électricité concentre 82 % de la consommation du secteur. Cette augmentation des consommations est liée à l’augmentation du nombre d’abonnés (+ 2,3% par an entre 2000 et 2006), mais aussi à l’augmentation de la consommation annuelle par abonné (4.250 kWh en 2006 contre 3.644 kWh en 2000 soit une évolution de 16,5 % en six ans).
Le secteur résidentiel concentre finalement près de 50 % des consommations d’électricité de la Guadeloupe en 2006. L’accroissement de l’équipement des ménages est responsable de cette hausse de consommation : entre 1990 et 2006, la part de la climatisation a été multipliée par 5 pour atteindre 23 % de la consommation du secteur résidentiel. La diffusion de l’eau chaude sanitaire s’est fortement développée : alors qu’elle était limitée en 1990, elle atteint 24 % de la consommation totale des ménages en 2006.
La consommation d’électricité (climatisation, froid alimentaire, pompes et ventilateurs, éclairage) représente également 65 % de la consommation d’énergie des entreprises. En excluant les consommations thermiques à partir de bagasse (sucrerie, distilleries), l’électricité représente 80 % de la consommation.
La part des énergies renouvelables s’accroît
En 2006, la production d’électricité était assurée à près de 86 % par des énergies fossiles, notamment fioul lourd et charbon. Les énergies renouvelables représentent 13,6 % de la production. De ce fait, la production d’électricité est très émettrice de gaz à effet de serre. En 2006, elle a été responsable de 1,4 million de tonnes de CO2 (pour 1,8 TWh produit). La centrale bagasse – charbon du Moule représente 32 % des émissions de CO2 pour 23 % de la production. La centrale au fioul Lourd de Jarry Nord représente 43 % des émissions pour 45 % de la production électrique.
La géothermie* représente 5,1% de la production d’électricité guadeloupéenne, la bagasse 4,8 % . Le photovoltaïque a produit 0,2 % de l’électricité du territoire. L’éolien représente une puissance installée de 21 MW en 2006 avec douze parcs installés et une contribution dans la production d’électricité de 2,3 %. Les centrales hydroélectriques contribuent à hauteur de 1,2 % à la production d’électricité. Enfin, la valorisation des déchets ménagers et le solaire thermique sont également peu développés.
* La géothermie dans la zone de Bouillante est liée à l’activité volcanique : l’eau de mer et l’eau de pluie s’infiltrent en profondeur dans le sol, circulent dans les fractures de la roche et se réchauffent à son contact avant de remonter vers la surface.
Un potentiel à développer
La disponibilité de la bagasse est faible (1244 heures). Une seule centrale thermique mixte bagasse charbon l’utilise pour la production d’électricité et seulement deux mois par an, lors de la campagne sucrière.
Par contre, le potentiel photovoltaïque est énorme alors qu’en 2006, seuls 2MW étaient installés. Le potentiel éolien peut également être développé, via les éoliennes anti- cycloniques de type Vergnet qui équipent déjà le territoire.
Enfin, suivant le régime hydrologique, les centrales hydroélectriques peuvent atteindre 2 % de la production guadeloupéenne.
Scénarios 2020 : ENR et maîtrise de l’énergie
Le Plan énergétique pluriannuel de prospection et d’exploitation des énergies renouvelables et d’utilisation rationnelle de l’énergie (PRERURE), publié en 2008, prévoit qu’en 2030, la population guadeloupéenne pourrait dépasser les 500.000 habitants alors qu’actuellement elle approche les 467.000 habitants. Selon un scénario tendanciel établit dans le document, d’ici 2020, la consommation d’énergie de l’habitat devrait progresser de 2,8 % par an (augmentation du taux d’équipement principalement). La consommation du secteur des entreprises est quant à elle estimée à +2,6 % par an (+ 3 % hors bagasse). Le secteur des transports reste le secteur où la consommation d’énergie évolue le plus rapidement (+4,8 % par an).
Un scénario volontariste mise sur la réduction des consommations du secteur résidentiel (climatisation performante et développement du solaire thermique). A l’horizon 2020, ce scénario permet d’économiser 268 GWh. 42% de ce potentiel est le fait du développement du solaire thermique dans l’habitat. La consommation du scénario volontariste atteint 1.224 GWh en 2020, soit une augmentation de 1,7 % par an.
Pour répondre à cette demande, un scénario d’évolution volontariste de la production d’électricité a été retenu. Ce scénario se cale sur les objectifs de développement des énergies renouvelables définis selon le potentiel guadeloupéen. Ces objectifs permettraient de réduire la part de la production d’électricité d’origine thermique à 44,4 %, alors qu’elle atteint 86 % en 2006. Le facteur d’émission de l’électricité diminuerait de 49 % par rapport à 2006, passant de 759 g CO2/kWh électrique à 390 g CO2/kWh électrique.
Les énergies renouvelables aléatoires (photovoltaïque, éolien, hydroélectricité) représenteraient 24 % de la production d’électricité en 2020, ce qui est inférieur à la limite technique de 30 % définie par EDF.
L’objectif du PRERURE est également de maîtriser la demande en énergie. Équipements efficaces, évolution des modes de construction doivent être développés, tant au niveau des entreprises que des particuliers.
Pour parvenir à cet objectif ambitieux, la Guadeloupe a obtenu en avril 2009 une habilitation qui lui permet de réglementer la maîtrise et la demande de l’énergie sur son sol, un cas inédit en France. Cette habilitation est décisive pour la Guadeloupe. La Région pourra par exemple définir une réglementation thermique adaptée au contexte local.