Appréciation du risque et protection
Reprise confirmée, poussée par des moteurs exogènes
La croissance a rebondi en 2015, soutenue par la consommation publique et par celle des ménages. Cette dernière demeurera toutefois premier contributeur à la croissance en 2016. L’accroissement attendu reste en deçà des chiffres affichés avant la crise de 2008. L’investissement résidentiel s’est de nouveau contracté en 2015 pour peser sur l’activité, mais les perspectives apparaissent meilleures car les émissions de permis de construire et les constructions neuves se sont stabilisées. La contribution de l’investissement des ménages à la croissance devrait ainsi être nulle en 2016. Le niveau de chômage demeure un frein aux investissements et aux dépenses des ménages (10,3% à fin octobre 2015) et ne devrait que très graduellement diminuer en 2016 pour représenter 10% de la population active au second semestre 2016. Le rebond de l’investissement des entreprises ne permet pas de générer un rythme élevé de créations d’emplois. Les capacités de production étaient utilisées à 78% à fin 2015. Même si ce chiffre est en croissance, il n’est pas encore suffisant pour presser les entreprises à investir en masse. Avant la crise de 2008, la croissance de l’investissement des entreprises étaient de 3,8% en moyenne (2003-2007) contre 2% en 2015. Selon une enquête de l’INSEE, la première motivation des chefs d’entreprises est de moderniser leurs usines plus que de s’agrandir. Les entreprises sont pourtant en meilleure santé financière. Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et la baisse des coûts de l’énergie leur a permis de restaurer leurs marges en 2015 d’environ 2 points de pourcentage. Aidées par ces mesures et par le regain d’activité, le niveau des défaillances d’entreprises a continué de baisser de 2,5% en 2015 et devrait être inférieur à 60 000 en 2016 pour la première fois depuis 2012. Toutefois, certains secteurs demeurent très sinistrés tels que la construction, la pharmacie, l’habillement (textile) et les meubles en bois (papier-bois). Le secteur du bétail souffre également des prix bas et la plasturgie ne profite pas de la baisse du cours du baril de pétrole.
Malgré la disparition d’une partie de l’effet de la baisse du pétrole sur l’évolution des prix, l’inflation devrait demeurer faible en raison de la reprise limitée de la demande intérieure.
Le secteur du tourisme pèsera sur le solde courant en 2016
En 2015, les exportations françaises ont été dynamiques, portées par les grands secteurs industriels français (aéronautique, automobile, défense). La faiblesse de l’euro face au dollar a aidé les entreprises françaises exportatrices qui pour 53% d’entre elles exportent au-delà de la zone euro. Par ailleurs, la faiblesse du prix du pétrole, a permis de diminuer la facture des importations. Ces dynamiques devraient être similaires en 2016, puisque le cours du Brent devrait rester bas. En 2016, l’euro pourrait se déprécier de nouveau face au dollar car les dynamiques des deux grandes banques centrales, européenne (BCE) et américaine (FED), seront différentes. La Fed a relevé en décembre 2015 son principal taux directeur confirmant le resserrement graduel de la politique ultra expansionniste mise en place après la crise financière de 2008. A l’opposé, la BCE a assoupli une nouvelle fois sa politique monétaire fin 2015.
Si le déficit commercial français pourrait profiter de ces dynamiques pour continuer à se résorber, le déficit courant sera grevé par la baisse des recettes touristiques. En effet le secteur représente 7,5% du PIB dont 2,5% sont imputables aux touristes étrangers. Les deux attentats perpétués à Paris en janvier, puis en novembre 2015 pourraient conduire à une baisse temporaire de la fréquentation du pays le plus visité au monde en 2014.
Le déficit public restera supérieur à 3%
Si la France s’était engagée à ramener le déficit public français à 3,3% du PIB en 2016 auprès de la Commission européenne, les attentats de Paris ont compromis cet engagement puisque le gouvernement a annoncé la création de 8 500 postes liés à la sécurité (police, douane, justice). Néanmoins, le budget voté en septembre au parlement conduisait à la réduction de dépenses publiques en 2016 de 16 milliards avec pour objectifs 50 milliards économisés entre 2015 et 2017 (18,6 milliards en 2015).
Conséquences de la baisse des dépenses publiques, le secteur des services collectifs est sous pression. Les défaillances d’entreprises du secteur ont d’ailleurs augmenté de +5,7% à fin septembre 2015 sur un an.
Dernière année pleine du mandat du Président Hollande
En avril 2017 auront lieu les élections présidentielles et législatives françaises. Le gouvernement en place du Premier ministre Valls est contesté selon les sondages. Néanmoins, les attentats de Paris ont renforcé la position du Président actuel et de son équipe. Trois partis semblent en mesure de passer le premier tour des élections, le parti de centre gauche du gouvernement en place (Partie Socialiste), le parti conservateur (les Républicains) et le parti de l’extrême droite (Front National) qui a réalisé une forte percée lors des élections régionales de décembre 2015.
Source : Coface
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