Admise à l’OCDE en mai 2010, l’Estonie a réussi son passage d’une économie administrée et centralisée à une économie de marché dynamique, libéralisée par des gouvernements successifs qui ont observé une stricte orthodoxie budgétaire, tout en menant à bien la modernisation du pays.
Après deux années d’une récession très profonde, l’Estonie a retrouvé en 2010 le chemin d’une croissance robuste et assainie. Cette tendance s’est poursuivie et intensifiée en 2011 (7,6 %) et 2012 (3,9 %), mais reste tout de même tributaire des évolutions d’un environnement extérieur incertain, qui amènent à une révision à la baisse des perspectives actuelles de croissance : de 3,5 à 2,5 puis 1,1 % en 2015. Elle devrait se situer à 2 % en 2016. Le commerce extérieur n’a toutefois pas souffert autant que son exposition à la Russie (de l’ordre de 10 %) pouvait le laisser craindre, même si les sanctions et contre-sanctions adoptées par l’Union européenne et par la Russie en 2014 ont eu un impact certain sur les exportations agricoles estoniennes.
Les finances publiques sont toujours aussi exemplaires, et le gouvernement n’entend pas déroger à sa traditionnelle orthodoxie en la matière, qui a permis au pays de rejoindre la zone euro le 1er janvier 2011. En 2015, l’Estonie affichait un taux d’endettement public de 9,7 % et dégageait un excédent budgétaire de 0,4 %. Le taux de chômage a continué à décroître, en s’établissant à 6,2 % en 2015, alors qu’il était encore de 10,2 % en 2012.
Il convient par ailleurs de souligner quelques singularités qui font de l’Estonie un pays propice aux investissements. Le numérique est devenu un réel levier de croissance depuis l’indépendance, facilitant les procédures administratives (signature électronique, possibilité de création d’entreprise en quelques heures) et attractif pour des investisseurs étrangers : en 2014, l’Estonie a été le premier pays au monde à créer une « e-résidence », qui donne à des ressortissants de pays tiers accès à certains des services en ligne proposés par l’État estonien à ses citoyens (création d’entreprises, opérations bancaires, signature numérique sécurisée, etc.). Un nombre de 10 millions d’« e-Estoniens » (soit près de 8 fois la population locale actuelle) est attendu d’ici 2025 et, en septembre 2016, on en comptait déjà près de 12 000. Enfin, le système fiscal est réputé pour sa simplicité, l’Estonie ayant opté pour la « flat tax », impôt proportionnel à taux unique, fixé à 20 % depuis le 1er janvier 2015 ; l’impôt sur les sociétés ne taxe que les dividendes et non les bénéfices.
La sécurité énergétique est au cœur des préoccupations des autorités estoniennes :
Riche en schistes bitumineux, l’Estonie tire de cette ressource une très grande partie de sa production énergétique (80 %, et jusqu’à 90 % dans le cas de l’électricité). Ces ressources naturelles lui permettent de réduire à 12 % son taux de dépendance énergétique, et d’être même auto-suffisante en matière de production électrique. L’Estonie est ainsi exportatrice nette d’électricité, notamment vers la Finlande, la Lettonie et la Lituanie.
Toutefois, cette filière est menacée par l’obsolescence des chaudières et turbines utilisées, mises en service pour l’essentiel dans les années 1960 (rendements décroissants, incompatibilité de plus en plus marquée avec les exigences communautaires en termes climatiques). L’Estonie a entrepris de moderniser ses installations par des investissements dans des équipements plus performants en matière d’émissions de dioxyde de soufre et d’oxydes d’azote (fournis par Alstom début 2009).
Parallèlement, l’Estonie a engagé une diversification de ses approvisionnements énergétiques en développant la biomasse (bois) et l’éolien. La part des énergies renouvelables dans la production totale d’énergie est aujourd’hui de 14 %. En 2013, le pays avait réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 46 % par rapport à leur niveau de 1990, s’inscrivant pleinement dans les engagements pris par l’Union européenne en la matière.
S’il ne représente que 9 % du total, le gaz occupe une place à part, dans la mesure où il est à 100 % importé de Russie et qu’il couvre encore 40 % des besoins en chauffage urbain (70 % à Tallinn), secteur sensible pour la population compte tenu de la rigueur des hivers estoniens. Les efforts déployés en vue du développement du chauffage à partir de la cogénération et de l’incinération des déchets permettent une baisse constante de ce chiffre. Toutefois, cette réalité fait de la diversification des approvisionnements en gaz un enjeu majeur pour le pays : un gazoduc, « Balticconnector », devrait relier d’ici fin 2019 deux terminaux de GNL finlandais et estonien en construction.
Tallinn soutient le projet de construction d’une centrale nucléaire balte (en territoire lituanien, à Visaginas). Ce dossier a cependant subi un coup d’arrêt, suite au référendum consultatif lituanien d’octobre 2012, qui a vu les deux tiers des électeurs consultés se prononcer contre ce projet. L’Estonie, tout comme la Lettonie et la Lituanie, est une partisane convaincue du nucléaire civil.
Enfin si, jusqu’en 2006, l’Estonie constituait avec ses voisins baltes un îlot énergétique au sein de l’Union européenne, puisque son réseau électrique n’était relié qu’à celui de l’ex-URSS, la situation a nettement évolué au cours des 5 dernières années : un premier câble électrique entre l’Estonie et la Finlande (Estlink-I, 350 Mw) a été posé en 2006, et un second, Estlink-II (650 Mw), financé en partie par l’UE, a commencé à fonctionner début 2014. Le contrat de fourniture et de pose de ce second câble a été remporté en décembre 2010 par le groupe français Nexans.
Flux & IDE en milliards $
2002: 0,28
2003: 0,91
2004: 0,96
2005: 3,12
2006: 2,21
2007: 3,42
2008: 1,87
2009: 1,86
2010: 2,05
2011: 0,51
2012: 1,59
2013: 0,96
Données économiques (2015)
PIB : 19,9 Mds €
PIB/hab : 15 171 € (23ème rang de l’UE)
Salaire mensuel brut moyen : 1 045 € (France : 2870 €)
Salaire minimum : 390 € (France 1 457 €)
PIB/hab en parité de pouvoir d’achat : 76 % de la moyenne européenne
Taux de croissance : 1,1 % (2,9 % en 2014, 0,8 % en 2013)
Taux de chômage : 6,2 % (2014 : 7,3 %, 2013 : 8,6 %)
Taux d’inflation : 0,1 % (2014 : 0,5 %, 2013 : 2,8 %)
Déficit public/PIB : +0,4 % (2014 : -0,4 %)
Dette publique : 9,7 %
Dépenses R&D : 1,4 % du PIB (moyenne UE28 : 2,03 %)
Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB (2014) :
- agriculture : 3,9 %
- industrie et construction : 26,1 %
- services : 71 % Exportations de la France vers l’Estonie (2015) : 244 M€ , 15ème fournisseur, -5 % Importations françaises d’Estonie (2015) : 279 M€ , 13ème client, +16% Solde commercial (2015) : 35 M € en faveur de l’Estonie (16 M € en 2014 en faveur de la France) IDE français fin 2015 : 199,2 M € , 16ème investisseur direct en Estonie. Part de marché de la France : 1,2 % L’Estonie est le 90ème client et 90ème fournisseur de la France
PIB en milliards $
2002: 7,3
2003: 9,82
2004: 12,05
2005: 14,00
2006: 16,95
2007: 22,22
2008: 24,18
2009: 19,64
2010: 19,47
2011: 22,80
2012: 22,66
2013: 24,88
Taux de chômage %
2002: 9,4%
2003: 10,7%
2004: 10,0%
2005: 7,9%
2006: 5,9%
2007: 4,7%
2008: 5,5%
2009: 13,8%
2010: 16,9%
2011: 12,5%
2012: 10,1%
2013: 8,8%
PIB & Taux de croissance %
2002: 6,1%
2003: 7,5%
2004: 6,5%
2005: 9,5%
2006: 10,4%
2007: 7,9%
2008: -5,3%
2009: -14,7%
2010: 2,5%
2011: 8,3%
2012: 4,7%
2013: 1,6%
Opportunités
Les secteurs à privilégier pour les investisseurs étrangers sont le BTP, les télécommunications, l’agroalimentaire, l’environnement, la santé et les matériels agricoles et agroalimentaires.
Grands chantiers
Projets et mise en œuvre d’infrastructures importantes
Estonie une économie en bonne santé