Appréciation du risque et protection
Confirmation de la reprise en 2016
Si la croissance devrait être modeste, elle doublerait par rapport à 2015. Son vecteur sera la demande intérieure. La consommation des ménages sera soutenue par la progression de l’emploi et des revenus. La réforme de l’impôt sur le revenu procurera une augmentation du revenu disponible réel qui ne devrait pas être épargnée en totalité compte tenu du fait que la diminution d’imposition concernera les bas et moyens revenus. La majoration d’autres taxes destinée à financer cette réforme devrait avoir un faible effet récessif. De plus, la raréfaction de la main d’œuvre disponible favorisera la hausse des salaires. Par ailleurs, la dépense publique devrait légèrement accélérer du fait de la présence des réfugiés et de la poursuite d’importants travaux ferroviaires. L’investissement des entreprises se renforcera, alors que la construction devrait cesser de reculer. Les exportations d’équipements industriels, d’engins de construction, de pièces et véhicules automobiles (40% du total à elles trois), de produits chimiques et de produits agroalimentaires, mais aussi le tourisme et les services informatiques et financiers devraient profiter d’une demande mieux orientée sur les marchés européens et de la faiblesse de l’euro qui compensera l’atonie des marchés émergents lointains. Cependant, comme les importations progresseront dans le sillage de la demande intérieure, la contribution des échanges à la croissance devrait être nulle.
Consolidation budgétaire en attente
La politique budgétaire sera neutre en 2016. La réforme de l’impôt sur le revenu avec la création de trois nouvelles tranches d’imposition et l’abaissement du taux pour les faibles revenus coûtera l’équivalent d’un peu plus de 1% du PIB. Les réfugiés entraîneront un surcroît de dépenses estimé entre 0,1 et 0,2%. Cela devrait être contrebalancé par la lutte contre l’évasion fiscale, l’augmentation du taux intermédiaire de la TVA de 10 à 13% sur les spectacles, l’hôtellerie…et une majoration de l’imposition des revenus du capital de 25 à 27,5%. L’objectif d’équilibre budgétaire structurel (c.à.d. hors effets conjoncturels) dès 2016 contenu dans le paquet fiscal de 2012 est compromis, puisque le déficit attendu atteindrait 1%. Cependant, à partir de 2017, le pays sera obligé par ses engagements européens de fournir un effort représentant chaque année 1,25% du PIB, afin de faire revenir sa dette au seuil de 60% sur vingt ans. Les économies en matière de retraite et d’assurance–maladie (recul progressif de l’âge effectif de départ à la retraite, durcissement de l’attribution des pensions d’invalidité) seront limitées. L’implication des Länder et des nombreuses communes (1/3 de la dépense publique) pourrait décevoir compte tenu du fait qu’ils tirent l’essentiel de leurs ressources de l’imposition fédérale. Toutefois, les subventions, notamment aux transports, qui représentent 4% du PIB sont une source potentielle d’économie. La consolidation est un enjeu majeur pour la grande coalition des socio-démocrates du SPÖ et des conservateurs du ÖVP jusqu’aux prochaines élections de 2018. Le problème est que les deux partis ne sont pas d’accord sur la manière de procéder : les premiers veulent favoriser la hausse des prélèvements, les seconds la diminution des dépenses. L’assainissement est conditionné par l’hypothèse que l’épisode de sauvetage des banques, à l’origine du quart de la dette, touche à sa fin. La situation des banques, dont les actifs en Europe centrale et orientale représentent 33% du PIB, s’est beaucoup améliorée. Sur fond d’embellie conjoncturelle, leur activité en Europe centrale et orientale est de nouveau globalement bénéficiaire. 90% de l’encours de leur crédit y est couvert par des dépôts locaux. Toutefois, 37% de leurs actifs régionaux se situent dans des pays classés dans la catégorie spéculative. De plus, si leur situation est très favorable en République tchèque, en Slovaquie et en Pologne, elle demeure médiocre en Hongrie, en Roumanie, en Croatie et mauvaise en Russie où leurs actifs sont importants et les créances douteuses élevées.
Solide excédent des échanges de services et fragile excédent des échanges de biens
Le modeste excédent courant recouvre un solide et significatif excédent pour les services (3% du PIB) et un frêle et, probablement, passager excédent pour les biens. Ces dernières années, les entreprises ont été confrontées à une érosion de leur productivité, alors que leurs coûts salariaux progressaient. De plus, elles sont confrontées à des services rendus relativement onéreux par le manque de main d’œuvre disponible et de concurrence. Cela est susceptible d’affecter leur compétitivité-prix et de conduire certains de leurs nombreux donneurs d’ordre allemands, notamment dans l’automobile, à délocaliser leur approvisionnement dans les pays d’Europe centrale et orientale. Pour le moment, leur avance technologique, la proximité avec l’Allemagne, le faible coût de l’énergie et du crédit ainsi que la dépréciation de l’euro les protègent. Cela se traduit par un recul des défaillances en 2015, tendance qui devrait se poursuivre en 2016 avec l’embellie conjoncturelle.
Source : Coface