Appréciation du risque et protection
Une faible croissance affectée par la contraction de l’économie russe
La croissance économique arménienne a chuté en 2015, notamment en raison de la récession russe. La Russie constitue une source importante de revenus pour les Arméniens grâce aux transferts des expatriés et est le principal débouché des exportations arméniennes. Le ralentissement de l’activité a cependant été limité par la hausse de la production des secteurs agricole et minier. De bonnes récoltes ont en effet entrainé une hausse de l’activité du secteur agricole tandis que le secteur minier a été dynamisé par l’ouverture d’une usine de cuivre. L’économie souffre cependant toujours de problèmes structurels majeurs. Le niveau d’investissement a été divisé par deux depuis 2008 (de 46% du PIB à 23 % en 2015) alors que le déficit d’infrastructures et de concurrence sur le marché domestique, la fragilité des institutions, le taux de chômage élevé et persistant (autour de 18 %) ainsi que l’environnement des affaires dégradé sont parmi les sources de vulnérabilité les plus importantes. Le mécanisme élargi de crédit approuvé par le FMI en 2014 et le prêt accordé par la Banque mondiale en 2015 pour moderniser le secteur public constituent à cet égard un vecteur de soutien à l’économie et à la mise en place des réformes structurelles. Après une hausse en 2015, l’inflation devrait diminuer en 2016 sous l’effet de la stabilisation du dram arménien ainsi que la subvention par le gouvernement du prix de l’électricité.
Des soldes budgétaire et courant qui restent déficitaires
Le déficit budgétaire s’est creusé en 2015 en raison du ralentissement de l’activité. Malgré les mesures de consolidation budgétaire qui seront mises en place pour maîtriser le déficit notamment à travers la poursuite des efforts de collecte de l’impôt, la nécessité de financer des dépenses indispensables en infrastructures (notamment pour le réseau routier) ainsi que des réformes structurelles maintiendront un solde budgétaire nettement négatif en 2016. Ce dernier devrait également être affecté par l’engagement du gouvernement de subventionner la hausse du prix de l’électricité et par la faible demande des pays voisins de l’Union Economique Eurasienne qui empêche de générer des recettes supplémentaires pour l’Etat via les droits de douane. L’émission d’un Eurobond de 500 millions de dollars en mai 2015 et le décaissement de 16,3 millions de dollars du FMI dans le cadre du programme de Facilité élargie de crédit ont entrainé une forte hausse de la dette publique en 2015. Elle devrait se maintenir à un niveau élevé en 2016.
Le solde du compte courant est resté déficitaire en 2015. Malgré une dépréciation du rouble réduisant la valeur des importations, la baisse des exportations vers la Russie couplée à une baisse des transferts provenant de la Russie a eu un impact important sur le solde. Par ailleurs, l’Union eurasienne peine à offrir de réelles opportunités de commerce et n’a eu qu’un impact faible sur les exportations en 2015. Dans un contexte de conjoncture toujours dégradée en Russie, le déficit courant restera élevé en 2016.
Une instabilité politique croissante dans un environnement géopolitique complexe
Le second mandat du Président S. Sargsyan réélu en 2013 est marqué par une instabilité politique croissante, à l’image du remplacement du Premier Ministre Tigran Sargsyan sous les menaces de manifestations par les partis d’opposition en avril 2014. Cette instabilité politique se traduit par un ralentissement dans la mise en place des réformes structurelles et risque de perdurer compte tenu du mécontentement des citoyens face à l’incapacité du gouvernement de répondre à leurs attentes (chômage, corruption, inégalités). Ainsi, la série de manifestations de 2014 s’est poursuivie et intensifiée en 2015 notamment à travers les protestations contre la hausse de 16 % du prix de l’électricité. Enfin, l’opposition s’organise et réclame des changements à la tête du pays, faisant craindre la persistance de mouvements de contestation et une dégradation de la situation sociale et politique. Le référendum du 6 décembre 2015 a transformé le régime en régime parlementaire et étendu le mandat présidentiel de 5 à 7 ans. Il entraine une diminution des pouvoirs du président et laisse entrevoir une stabilisation de la situation politique à partir des prochaines élections présidentielles de 2018. Néanmoins cette avancée apparente pourrait traduire la volonté de l’actuel président (qui ne peut se représenter aux prochaines élections ) de se maintenir au pouvoir en devenant premier ministre lors des prochaines élections. C’est pour cette raison que les résultats du référendum sont fortement contestés par l’opposition et les observateurs internationaux.
Sur le plan régional, le différend avec l’Azerbaïdjan sur le territoire du Haut-Karabakh n’a que peu de chances d’évoluer, laissant la situation à l’état de conflit larvé. Toutefois, le risque d’accès de violence transfrontalières ne peut être exclu. Par ailleurs, les relations diplomatiques avec la Turquie devraient rester au point mort étant donné que la ratification par les dirigeants des protocoles de paix est désormais soumise au retrait des forces armées arméniennes du Haut-Karabakh. L’appartenance à l’Union Economique Eurasiatique (UEEA) créée en 2015 et qui permet la libre circulation des travailleurs, des biens et des capitaux, renforce l’intégration régionale de l’Arménie. Elle souligne aussi l’influence de la Russie sur les pays membres.
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