Appréciation du risque et protection
2016, un approfondissement de la reprise fondée sur l’investissement
Avec la perspective de réformes allant de pair avec les négociations en vue de l’adhésion à l’Union européenne, les investissements étrangers vont se poursuivre, notamment dans l’énergie (lignes électriques avec les pays voisins, centrales électriques, gazoduc Trans adriatique amenant le gaz azéri jusqu’en Europe occidentale). Dans une année préélectorale, l’investissement public devrait reprendre timidement. A l’inverse, l’investissement privé local restera contraint par la timidité du redémarrage du crédit et des taux d’intérêt élevés (en moyenne proches de 8%). Les banques, en grande partie filiales de groupes italiens, autrichiens et grecs, resteront prudentes du fait du poids encore élevé de leurs créances douteuses (20% de leur portefeuille), de l’euroisation élevée du crédit (60%) et de la situation financière souvent fragile des acteurs locaux. La consommation des ménages devrait progresser plus rapidement grâce à une meilleure orientation de l’emploi et au maintien de la faible inflation, mais devra compter avec l’atonie persistante des remises des expatriés et la poursuite de l’assainissement budgétaire. La contribution des échanges à la croissance devrait être encore négative, car l’augmentation des exportations en direction des marchés européens sera, à la fois, tempérée par les prix bas des minerais et des pièces métalliques pour la construction, et contrebalancée par les importations liées aux investissements étrangers.
Un budget contraint par l’économie souterraine et un coûteux secteur de l’énergie
Le niveau élevé de la dette et du déficit public laissent peu de marge de manœuvre budgétaire. De plus, l’Etat est exposé à un risque de multiplication des demandes d’indemnisation des expropriations de l’ère communiste et doit achever le paiement des arriérés aux entreprises qui pourrait encore atteindre plus de 1% du PIB en 2016. En face, les recettes ne représentent que 25% du PIB. La collecte fiscale est entravée par le niveau élevé de l’économie souterraine et la faible informatisation. Les recettes sont composées uniquement de la TVA et de cotisations sociales. En raison des lacunes cadastrales, de l’importance des constructions clandestines et de la méconnaissance de la valeur des biens immobiliers, la taxation foncière est nulle. Côté dépenses, le secteur électrique doit être financièrement soutenu en raison de la sous-tarification, du vol et des pertes en ligne. De même pour le système des retraites en raison de la faible participation (25% de la population active) liée au travail clandestin et à l’absence de proportionnalité entre les cotisations et les prestations. Des réformes sont en cours.
Important déficit commercial lié à l’étroitesse de la base productive
Les échanges de marchandises sont très déficitaires, à hauteur de 25% du PIB en 2014. Cela résulte de l’étroite base productive (textile, chaussure, pétrole, minerais et électricité), qui contraint à importer beaucoup de biens de consommation et d’équipement, et du manque de compétitivité. Plus de la moitié des exportations sont destinées à l’Italie (75% à l’Union européenne). Les échanges de services sont excédentaires en raison de l’importance du trafic de perfectionnement passif dans le textile, ainsi que l’essor, modeste, du tourisme. Les transferts des émigrés installés en Italie et en Grèce sont atones. Ce sont donc surtout les investissements étrangers qui financent le déficit commercial et permettent d’accroître les réserves en devises. Parmi les 22 000 Italiens qui se sont installés dans le pays ces dernières années, beaucoup ont créé des entreprises. L’aide budgétaire en provenance des organismes multilatéraux (U.E., FMI, avec la facilité élargie de crédit jusqu’en 2017, et Banque mondiale) contribue aussi pour une part réduite.
Les réformes préalables à l’adhésion à l’U.E. devraient se poursuivre
Les élections législatives de 2013 ont amené au pouvoir le Parti socialiste et le Mouvement socialiste pour l’intégration. La coalition dirigée par le premier ministre Edi Rama dispose de 83 sièges sur 140 à l’assemblée. Elle s’est engagée à poursuivre le train de réformes structurelles (modernisation de l’administration, de la justice et du secteur de l’énergie, lutte contre la corruption, le crime organisé et l’économie clandestine, respect de la propriété, droit des faillites, information financière…) afin de satisfaire les conditions mises à son adhésion à l’U.E. L’amélioration des relations avec la Serbie, à propos du Kossovo, et avec la Macédoine, à propos de la forte minorité albanaise, est aussi un critère. Les partenaires européens souhaitent que l’ensemble de la classe politique albanaise, pas seulement la coalition au pouvoir, s’engage sur les réformes. L’opposition représentée par les libéraux conservateurs du Parti démocratique d’Albanie conditionne son soutien à l’obtention du consensus sur les textes majeurs.
Source : Coface