Fondée dans des temps très anciens sur une haute plaine couronnée de montagne, au flanc de l’Hindou Kouch, Kaboul dut sa grandeur à Babour qui en fit son éphémère capitale en 1504. C’est de là qu’il partit pour aller fonder en Inde l’empire des Grands Moghols. C’est là qu’il fut inhumé. Ses descendants, attachés à son souvenir, firent édifier des pavillons de style moghol, des mosquées, un bazar, des jardins. Ces bâtiments ont disparu sous les coups des envahisseurs. L’incendie de Kaboul par les Anglais en 1842, en mesure de représailles, a achevé de faire disparaître la ville historique.Restait néanmoins le musée archéologique qui reflétait la diversité des courants qui ont convergé en Afghanistan. Il recelait notamment une très belle collection d’ivoires sculptés de l’Inde du Ier siècle. Il abritait aussi la moitié du trésor découvert par des archéologues français à Begram, des ouvres gréco-romaines, indiennes, syriennes et chinoises, confirmant l’importance du commerce entre l’Orient et l’Occident au début de notre ère. Malheureusement, le musée a été pillé depuis 1994. L’autre moitié du trésor de Begram est hébergé au musée Guimet à Paris.
Autour de Kaboul : Jalalabad, Hadda et Ghazni
Ville-oasis, où les souverains afghans établirent leur résidence d’hiver au XIXe siècle, Jalalabad a surtout pour attrait ses environs : les jardins de Nimia, derniers jardins d’époque moghole d’Afghanistan, et l’immense site de Hadda qui, aux Ve-VIIe siècles, était couvert de monastères et de stupas bouddhiques. Mais ces vestiges de l’art gréco-bouddhique du Gandhara, déjà fortement ruinés, ont malheureusement encore souffert des conflits de ces dernières décennies.A la même distance de Kaboul, mais au sud-ouest, sur la route de Kandahar, Ghazni fut la capitale des Ghaznavides (Xe-XIIe siècle), la dynastie turque qui introduisit l’islam dans tout l’Afghanistan. C’est là que le sultan Mahmud Ier entretint une cour brillante de savants et de poètes, dont le persan Ferdousi qui composa pour lui son Livre des Rois. La ville fut conquise, ravagée, reconstruite par les conquérants successifs avant d’être largement détruite par les Anglais en 1842. Seuls quelques minarets, mausolée et ruines de palais rappellent l’illustre passé des Ghaznavides dont l’empire s’étendit jusqu’en Perse et dans le nord de l’Inde.
Bamiyan
Située sur l’une des ramifications de la Route de la soie, la vallée de Bamiyan fut un des hauts lieux du bouddhisme du IIe au VIIe siècle et même au-delà. Au début du IVe siècle, un millier de moines vivaient dans des monastères rupestres dans ce cadre idyllique au pied des massifs de l’Hindou Kouch. Deux statues de bouddha colossales taillées dans la falaise attiraient des foules de pèlerins. Le Petit Bouddha, haut de 35 m, datait du IIIe ou IVe siècle, le Grand Bouddha, haut de 53 m, datait du Ve ou VIe siècle. Entre les deux grandes statues, des niches abritaient des Bouddhas assis. La ville de Bamiyan fut détruite par les Mongols en 1222. Les grands Bouddhas furent mutilés par un empereur moghol au XVIIIe siècle avant d’être dynamités par les talibans en 2001. Les autres statues sont aujourd’hui ruinées ou disparus.
Mais il reste encore des vestiges des monastères taillés dans la falaise qui, pour la plupart, étaient ornés de peinture.Aux environs de Bamiyan se cachent aussi plusieurs sites grandioses : Char-é-Zohak, les ruines d’une impressionnante forteresse perchée sur une falaise rouge sombre ; la vallée de l’Adjar, un profond canyon sur les parois desquels s’étagent les strates colorées ; et les lacs de Band-é-Amir qui jouent de toutes les gammes de bleu au pied de hautes falaises roses.
Balkh et Mazar-e-Charif
Balkh fut autrefois si belle que les Arabes qui la conquirent au VIIe siècle la surnommèrent la « Mère des cités ». Cette cité avait été un phare de la civilisation aryenne où Zarathoustra avait commencé à prêcher sa doctrine. Puis elle avait été la capitale du royaume grec de Bactriane dont le rayonnement fut si grand, même après sa disparition, qu’il donna naissance à l’art gréco-bouddhique du Gandhara. Aujourd’hui c’est une modeste bourgade qui ne mérite de visite que pour sa Mosquée verte, la Masdjed-é-Sabz (XVe siècle). Mais à une vingtaine de kilomètres, à Mazar-e-Charif, se dresse la superbe mosquée bleue bâtie à partir de 1481 pour abriter le tombeau d’Ali, cousin et gendre du prophète, le quatrième calife. C’est un lieu saint pour les chiites qui attirait des foules de pèlerins, surtout à l’occasion de Nowrouz, quand la fête du printemps n’était pas encore interdite.