Une imposante structure métallique multicolore érigée dans une ancienne zone militaire américaine à l’entrée du canal de Panama abrite un musée de la biodiversité, première œuvre de l’architecte américano-canadien Franck Gehry en Amérique latine, officiellement inaugurée en 2014.
De larges escaliers de béton, sous des toits jaune, bleu, vert, orange ou rouge vif, conduisent à l’atrium de l’édifice constitué de blocs géométriques superposés apportés d’Asie, d’Europe et d’Amérique.
Avec ce musée, l’architecte de 85 ans veut montrer l’importance de l’apparition de l’isthme du Panama il y a trois millions d’années pour l’évolution des espèces et insister sur la nécessité de prendre soin de notre environnement.
Selon les scientifiques, l’apparition du Panama a coupé l’océan en deux et modifié les courants, provoquant des changements climatiques ayant conduit au réchauffement de l’Afrique où les forêts tropicales ont été transformées en savanes, privant de leur habitat de nombreux primates contraints alors de vivre au sol.
Dans l’hémisphère occidental, cette nouvelle route a notamment donné lieu à de nombreux échanges de plantes et d’animaux sur l’ensemble du continent américain.
«La biodiversité et sa protection, et comment le Panama a provoqué un changement climatique de grande envergure qui a pesé sur l’évolution, y compris de l’Homme, constitue le principal message du biomusée», explique à l’AFP son directeur, Victor Cucalon.
«Je crois fermement que nous devrions tous tenter de préserver la biodiversité, menacée dans le monde entier», a pour sa part commenté dans un communiqué M. Gehry, concepteur entre autres du musée Guggenheim de Bilbao.
Grimper sur les sculptures
Sur plus de 13 000 mètres carrés, le musée construit en huit ans présente la biodiversité latino-américaine et les menaces pesant sur elles, dans huit salles dessinées par le Canadien Bruce Mau.
La visite débute dans «la galerie de la biodiversité», où des photos géantes représentent diverses espèces: ara, iguane, paresseux, grenouilles…
Des panneaux colorés renseignent sur le degré de menace pesant sur chaque animal, dont certains sont déjà éteints, alors qu’un message avertit que la biodiversité «décline plus rapidement que jamais» en raison de l’activité humaine.
Un sombre couloir mène à la deuxième salle, où la vidéo Panamarama est diffusée par 10 écrans sur les murs, le sol et le plafond, montrant la richesse naturelle du Panama, qui avec seulement 75 000 km2 abrite plus d’espèces d’oiseaux, de mammifères et de reptiles que les États-Unis et le Canada réunis.
Une roche de 70 millions d’années marque l’entrée dans la salle «Le pont surgit», où se dresse une sculpture tectonique de 14 mètres de haut.
«Je n’imaginais pas cela», confie à l’AFP la pharmacienne Indry Wilcox, tandis qu’elle admire les fossiles d’animaux ayant vécu au Panama il y a des millions d’années: le paresseux géant, le tigre à dents de sabre, l’ours raton-laveur ou l’oiseau de la terreur.
Dans cette salle, nommée Le grand échange, d’énormes répliques d’animaux ancestraux et de leurs descendants font la joie des visiteurs qui les mitraillent de photos.
«Ici, les enfants et les parents sont très excités car ils peuvent toucher les sculptures. On nous a déjà demandé de fêter des anniversaires et nous avons dû aider des gens qui avaient grimpé sur les animaux», raconte à l’AFP Nicole Rubatino, directrice du marketing de l’institution.