Cinq ans après le dramatique effondrement financier de 2002, l’Argentine connaît une spectaculaire reprise avec un vigoureux rebond des principaux indicateurs économiques. Le taux de croissance devrait dépasser les 5%. L’agence de notation Standard & Poor’s a relevé sa note sur l’Argentine, et l’indice de risque pays a fortement baissé. L’activité industrielle est en progression constante, mais risque d’être freinée par la pénurie d’énergie et le manque d’investissements.
La perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2007 et le fait de n’être plus tenu de recourir au FMI ne semblent guère propices à l’avancement des réformes structurelles, portant notamment sur l’environnement des affaires et l’ajustement des tarifs des services publics privatisés. Peu d’évolutions sont à attendre avant l’élection présidentielle d’octobre 2007, qui devrait être remportée par l’épouse du président sortant Nestor Kirchner, la sénatrice Cristina Fernandez de Kirchner.
Appréciation du risque & protection
Une politique d’ajustement qui devrait conduire à la contraction de l’activité en 2016
La consommation privée devrait particulièrement être pénalisée par les premiers résultats de la politique d’ajustement interne menée le nouveau président Maurico Macri. Elle devrait en effet t ralentir sous l’effet de la dépréciation du peso, qui affecte le pouvoir d’achat des ménages qui ont recours aux nombreux biens d’importation en raison de la faiblesse de la production locale. La réduction des de tarifs subventionnés sur l’électricité (dont la hausse du prix atteint jusqu’ à 700%), le gaz et les transports devrait aussi contribuer à la baisse du pouvoir d’achat. Du côté de la consommation publique, une relance de l’activité par les pouvoirs publics semble d’ores et déjà compromise, le gouvernement s’est en effet engagé à faire baisser les dépenses publiques afin de redresser les comptes publiques. L’attentisme de la part des investisseurs devrait se poursuivre, malgré la signature d’un accord principe historique avec les fonds vautours en février 2016 qui devrait permettre au pays d’accéder à nouveau aux marchés financiers internationaux dans le courant du premier semestre de cette année. Ces derniers s’attendent à un cadre juridique plus favorable, notamment à la réforme du système judiciaire déjà évoquée par le président, mais qui n’a pas encore été débattue au congrès.
Les échanges extérieurs, notamment ceux de l’industrie manufacturière (automobiles en particulier) devraient aussi être pénalisés par la crise économique brésilienne, le premier partenaire commercial de l’Argentine. Les exportations agricoles devraient en revanche progresser, du moins en volume en raison de la levée des taxes aux exportations agricoles (à l’exception du soja), mais resteraient pénalisées par les prix bas des matières premières. Enfin, l’inflation devrait augmenter en lien avec le redressement du prix de l’énergie. Son évolution dépendra également de la capacité du gouvernement à éliminer progressivement l’indexation des salaires et à restaurer l’indépendance opérationnelle de la Banque centrale.
Les déficits public et courant ne devraient pas se résorber à court terme
En 2015, le déficit public s’est creusé sous l’effet de la hausse des dépenses en période électorale. L’Etat qui craignait une recrudescence des mouvements sociaux a augmenté le budget alloué aux subventions énergétiques, ainsi que les salaires et traitements de nombreux corps de métiers. En 2016, le gouvernement devrait opérer un resserrement des politiques budgétaire et monétaire. Les premières mesures ont, d’ores et déjà, consisté en l’élimination du contrôle des capitaux pour les transactions commerciales et l’adoption d’un taux de change flottant, conduisant à une dépréciation (38% début mars 2016) du peso et aussi à la suppression des taxes sur les exportations de produits agricoles (sauf pour le soja) et les produits industriels. Lutter contre la progression du déficit ne sera pas une tâche facile en raison du poids des subventions .
Sur le plan du commerce extérieur, le pays reste très dépendant des importations énergétiques du fait de l’absence d’investissement dans ce secteur, malgré l’abondance de ressources naturelles (pétrole et gaz). Les exportations agricoles (soja, mais, blé) qui représentent près de 60 % du total des ventes à l’export devraient gagner en vigueur du fait de la dépréciation de la monnaie et de la suppression des taxes, mais les récoltes pourraient être moins bonnes en cas d’intempéries climatiques provoquées par le phénomène « El Nino ». Les exportations manufacturières (automobile en particulier) devraient diminuer, affectées par le ralentissement de la demande brésilienne (premier marché à l’export). Le déficit courant devrait ainsi légèrement augmenter en 2016. La résolution du conflit avec les fonds vautours devrait néanmoins permettre au pays d’emprunter à moindre coût sur les marchés internationaux et ainsi pouvoir financer le déficit courant à défaut d’un niveau suffisant d’IDE.
L’arrivée de la droite au pouvoir marque la fin du kirchnérisme
Elu en novembre 2015 avec 51,4 % des voix, le nouveau président, le libéral Mauricio Macri, a mené la droite au pouvoir pour la première fois depuis douze ans. Le président, qui fait partie de la coalition « Cambiemos » ne dispose cependant pas de la majorité au Congrès et devra tisser des alliances afin de faire passer ses réformes. Il devra faire face à plusieurs défis, notamment celui de redresser l’économie marquée par les politiques populistes et l’interventionnisme de l’Etat. Il peut d’ores et déjà se targuer d’une importante victoire historique dans la résolution du conflit avec les fonds vautours. Il espère également restaurer les relations avec ses partenaires commerciaux et redonner de la confiance aux investisseurs qui avait été endommagée par le protectionnisme commercial, les nationalisations et le non-respect des décisions du centre de règlement international (CIRDI) dans le cadre de la politique menée par la précédente administration. Ces changements devraient, toutefois, rencontrer de la résistance de la part des puissants syndicats et des factions péronistes toujours à la tête du Congrès.
Source : COFACE