Statut : République démocratique à régime pluraliste et de type présidentiel dont la constitution date du 1er juin 1959. Elle est présidée par le Président qui détient le pouvoir. Il est assisté par son premier ministre. Le Président de la République, qui doit être musulman, est élu pour 5 ans au suffrage universel direct, rééligible 2 fois consécutives. La Tunisie est divisée en 24 gouvernorats, chacun dirigé par un gouverneur nommé par le Président de la République.
La Tunisie revendique sa dimension méditerranéenne. Sa participation dynamique au Forum Méditerranéen (qui s’est réuni en Tunisie fin 2005), son implication en faveur du dialogue « 5+5 » (organisation du premier sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement 5+5 à Tunis les 5-6 décembre 2003) et son rôle actif dans le processus euro-méditerranéen visent à renforcer son ancrage à l’Union Européenne, son principal partenaire. La Tunisie est le premier pays du bassin méditerranéen à avoir signé le 17 juillet 1995 un accord d’association de la « nouvelle génération » avec l’UE.
Président : Béji Caïd Essebsi
Chef du gouvernement : Youssef Chahed
Président de l’Assemblée des représentants du peuple : Mohamed Ennaceur
Politique intérieure
La révolution tunisienne a poussé Zine el-Abidine Ben Ali au départ, le 14 janvier 2011.
Une troïka alliant le parti islamiste Ennahda, le Congrès pour la République (gauche nationaliste) et Ettakatol (socialiste) a dirigé le pays pendant les trois premières années de la transition, au lendemain du scrutin d’octobre 2011. Moncef Marzouki a été élu président de la République pendant cette période de transition (12/12/2011 – 21/12/2014). Mehdi Jomaa (indépendant) a dirigé de janvier 2014 à février 2015 le dernier gouvernement de transition.
La nouvelle constitution tunisienne a été adoptée en janvier 2014 et des élections ont été organisées, dans de bonnes conditions : élections législatives du 26 octobre 2014, remportées par Nida Tounès, et élection présidentielle des 23 novembre et 21 décembre 2014, dont Beji Caïd Essebsi est sorti vainqueur. Le président Essebsi a d’abord nommé Habib Essid, personnalité indépendante, à la tête d’un gouvernement de coalition avec Ennahda, puis Youssef Chahed, à la tête d’un gouvernement d’union nationale en août 2016. Youssef Chahed a procédé à un vaste remaniement ministériel le 6 septembre 2017 qui préserve les équilibres entre les deux principales formations politiques, Nida Tounès et Ennahda.
Le président de la République, M. Béji Caïd Essebsi, représente l’Etat tunisien et dispose de pouvoirs partagés, soit avec le chef du gouvernement (diriger la politique étrangère, nommer les ambassadeurs), soit avec l’Assemblée des représentants du peuple (déclarer la guerre). Il est le chef des armées.
Le chef du gouvernement, M. Youssef Chahed, a été nommé par le président le 3 août 2016. Son deuxième gouvernement d’union nationale a obtenu la confiance de l’ARP le 11 septembre 2017.
Le président de l’Assemblée des représentants du peuple est M. Mohamed Ennaceur (président de Nidaa Tounes, parti majoritaire à la sortie des urnes avec 86 élus, mais devenu 2e force parlementaire après la démission d’une partie des députés depuis fin 2015. Les blocs parlementaires de Nida et Ennahda sont aujourd’hui respectivement à 67 et 69 députés).
Le Prix Nobel de la Paix 2015 a été décerné à 4 organisations de la société civile tunisienne, pour leur rôle décisif dans la réussite du dialogue national. Les récipiendaires ont été reçus par le ministre des affaires étrangères et par le président de la République, avant de recevoir la Légion d’Honneur le 8 décembre 2015.
Depuis octobre 2015, le parti du président Essebsi, Nida Tounès, traverse une crise : une trentaine de députés ont quitté le bloc parlementaire de Nida Tounès. Ces tensions n’ont pas remis en cause la coalition gouvernementale, mais le rapport de force au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple a changé. Ennahda est désormais en première position.
La situation sécuritaire est une des principales préoccupations de la Tunisie.
Les forces de sécurité tunisiennes ont fait d’importants progrès en matière de lutte contre le terrorisme. Mais la menace reste présente, comme en atteste l’attaque perpétrée le 1er novembre 2017 contre deux policiers, devant le parlement, qui a fait un mort. En 2015 et 2016, la Tunisie a connu quatre attaques qui illustrent l’intensité de la menace terroriste dirigée contre sa démocratie. Après deux attaques terroristes contre des sites touristiques, coûtant la vie à 59 ressortissants étrangers (21 touristes décédés, dont 4 Français, dans l’attentat du 18 mars 2015 au Bardo ; 38 victimes dont 30 Britanniques, dans l’attaque du 26 juin 2015 à Sousse), la Tunisie a subi un nouvel attentat le 24 novembre 2015 à Tunis, contre un bus de la garde présidentielle. Les trois attentats ont été revendiqués par Daech.
Le 7 mars 2016, près de 60 assaillants (tunisiens) se revendiquant de Daech ont mené une attaque à Ben Guerdane, près de la frontière libyenne. Le bilan est de plus de 50 morts, dont une trentaine de djihadistes. Il s’agissait d’une opération lourde, longuement préparée, qui s’est néanmoins heurtée à une réaction efficace des forces de sécurité tunisiennes.
Le rétablissement de la sécurité est une priorité absolue pour les autorités tunisiennes, qui ont renforcé le dispositif sécuritaire à la suite des attentats. Le 24 juillet 2015, le parlement a adopté à la quasi-unanimité une loi polémique de lutte contre le terrorisme. Alors qu’un moratoire de fait est observé en matière d’exécutions depuis 1991, la nouvelle loi prévoit dans certains cas la peine de mort. Elle n’a toutefois pas été appliquée à ce stade. Environ 2000 individus ont été à ce jour déférés à la justice sous des chefs d’inculpation relevant de la loi anti-terroriste. L’état d’urgence, rétabli par le président Béji Caïd Essebsi après l’attentat du 24 novembre 2015, a été une nouvelle fois prolongé de trois mois à compter du 12 novembre 2017 .
La crise libyenne est une source d’inquiétude pour la Tunisie. Le contrôle de la frontière tuniso-libyenne, qui constitue actuellement le principal point de transit menant les futurs combattants vers la Syrie (plus de 5 000 Tunisiens auraient rejoint les rangs de Daech), ou permettant l’entrée en Tunisie de djihadistes libyens. Les forces de sécurité tunisiennes conduisent des opérations à succès contre les maquis terroristes et harcèlent les groupuscules encore actifs. Par ailleurs, la frontière tuniso-libyenne est de nouveau fermée depuis l’attaque de Ben Guerdane.