Statut : République
Président : Faure Essozimna Gnassingbé
Premier ministre : Komi Sélom Klassou
CAR : Comité d’Action pour le Renouveau
CDPA : Convention Démocratique des Peuples Africains
CFN : Coordination de la Nouvelle Force
RPT : Rassemblement du Peuple Togolais (au pouvoir)
UFC : Union des Forces de Changement
UTD : Union Togolaise pour la Démocratie
ULI : Union des Indépendants Libéraux
Histoire contemporaine et politique intérieure
1960 – 1967 : Sylvanus Olympio et Nicolas Grunitzky
Le Togo accède à l’indépendance en avril 1960, avec Sylvanus Olympio pour président de la République. Mais la question du sort des anciens soldats des forces françaises, suspectés d’hostilité au régime provoque une crise dès lors que le pouvoir refuse leur intégration à la nouvelle armée togolaise. En janvier 1963, un groupe de militaires mené par Emmanuel Bodjollé et Étienne Gnassingbé Eyadéma mène un coup d’État lors duquel Sylvanus Olympio est assassiné.
Ils portent à la présidence Nicolas Grunitzky, rival de Sylvanus Olympio lors des débats qui ont agité la fin de la période coloniale, en même temps que son beau-frère. Une nouvelle constitution est adoptée par référendum en mai 1963. Mais le régime connaît des difficultés, liées notamment à la rivalité entre Nicolas Grunitzky et son vice-président Antoine Meatchi. En janvier 1967, Étienne Gnassingbé Eyadéma s’empare du pouvoir.
1967-2005 : Étienne Gnassingbé Eyadéma
Étienne Gnassingbé Eyadéma suspend la constitution, dissout l’assemblée nationale et interdit les partis politiques. Échappant à un coup d’État en septembre 1968, il met en place un parti unique, le Rassemblement du peuple togolais, en novembre 1969, puis fait adopter une constitution confortant le contrôle de l’État par ce dernier en décembre 1979. L’économie du Togo bénéficie durant cette période de la découverte de gisements de phosphate et d’un début d’industrialisation. Mais le pays, endetté, doit se soumettre à partir de mai 1983 à un plan d’ajustement structurel.
Les difficultés économiques, des manifestations à répétition et le contexte international conduisent à la proclamation du multipartisme en avril 1991 et, à l’issue d’une conférence nationale ouverte à l’opposition démocratique, à la création d’un organe législatif provisoire, le haut conseil de la République, et à la nomination d’un Premier ministre de transition, Joseph Kokou Koffigoh, en août 1991. Une nouvelle constitution ouvrant la voie à l’alternance est adoptée en septembre 1992, mais elle ne convainc pas : une grève générale est organisée ainsi que de nouvelles manifestations dont celle de Fréau Jardin, lors de laquelle les forces de l’ordre ouvrent le feu, faisant plusieurs dizaines de victimes. La candidature de Gilschrist Olympio, figure de proue de l’opposition, à l’élection présidentielle d’août 1993 est écartée, et Étienne Gnassingbé Eyadéma est réélu. Entre-temps, l’Union européenne a rompu ses relations de coopération avec le Togo, et plusieurs centaines de milliers de personnes se sont réfugiées dans les pays voisins.
Les élections législatives de février 1994 sont remportées par la frange de l’opposition qui a accepté de participer au scrutin. Mais le nouveau Premier ministre Edem Kodjo, minoritaire au sein de l’opposition, gouverne avec le parti présidentiel. En août 1996, le Rassemblement du peuple togolais retrouve la majorité des sièges à l’Assemblée nationale à la faveur d’élections législatives partielles. Edem Kodjo est remplacé par un membre du parti au pouvoir, Kwassi Klutse.
Étienne Gnassingbé Eyadéma est proclamé vainqueur de l’élection présidentielle de juin 1998, avec 52 % des voix contre 34 % à Gilchrist Olympio. L’opposition dénonce les irrégularités et refuse de participer aux élections législatives de mars 1999 et d’octobre 2002. Le Rassemblement du peuple togolais domine dès lors l’Assemblée nationale et peut, en décembre 2002, amender la constitution afin de permettre au chef de l’État d’être réélu sans limitation dans le temps. Il est ainsi reconduit en juin 2003, avec 57 % des suffrages, en l’absence de Gilchrist Olympio, à nouveau écarté. Étienne Gnassingbé Eyadéma meurt en février 2005.
Depuis 2005 : Faure Essozimna Gnassingbé
Il s’ensuit une crise politique et institutionnelle, lors de laquelle l’armée confie le pouvoir à Faure Essozimna Gnassingbé, fils du précédent président. Une élection est organisée dès avril 2005, remportée par Faure Gnassingbé, avec 60 % des voix, face à Emmanuel Bob Akitani, qui obtient 38 % des suffrages, Gilchist Olympio étant à nouveau empêché de participer au scrutin. Cette élection a lieu dans un contexte de violences, qui font cinq cents morts.
Faure Essozimna Gnassingbé nomme en juin 2005 un gouvernement d’ouverture, dirigé par Edem Kodjo, qui engage un dialogue avec l’opposition. Ce processus, facilité par la médiation du président burkinabé Blaise Compaoré, conduit à la signature en août 2006 d’un accord politique global prévoyant des réformes institutionnelles, notamment la limitation à deux des mandats présidentiels et le passage d’un à deux tours du scrutin présidentiel. Un nouveau gouvernement, dirigé par l’opposant Yawovi Agboyibo, mais sans l’Union des forces du changement de Gilchrist Olympio, est nommé en septembre 2006.
Les élections législatives d’octobre 2007 sont remportées par le Rassemblement du peuple togolais, qui, bénéficiant d’un découpage électoral favorable, obtient la majorité absolue des sièges. Un nouveau gouvernement issu de la majorité présidentielle est nommé, sous la direction de Komlan Mally puis de Gilbert Houngbo.
Faure Essozimna Gnassingbé est réélu en mars 2010 avec 61 % des suffrages, contre 34 % à Jean-Pierre Fabre de l’Union des forces du changement et 3 % à Yawovi Agboyibo du Comité d’action pour le renouveau. L’Union des forces du changement, sous l’impulsion de Gilchrist Olympio, accepte de participer aux gouvernements de Gibert Houngbo, reconduit à la primature en mai 2010, puis de Kwesi Ahoomey-Zunu qui le remplace en juillet 2012. Refusant cette stratégie, Jean-Pierre Fabre conduit une scission et fonde un nouveau parti, l’Alliance nationale pour le changement.
Les élections législatives de juillet 2013 voient la victoire du nouveau parti présidentiel, l’Union pour la République, qui obtient 62 députés (sur 91), contre 19 au Collectif Sauvons le Togo, qui réunit plusieurs partis dont l’Alliance nationale pour le changement, et 6 à la Coalition arc-en-ciel qui rassemble d’autres partis dont le Comité d’action pour le renouveau. L’Union des forces du changement obtient 3 sièges.
Le président Faure Gnassingbé est réélu pour un troisième mandat en avril 2015. Il obtient 59 % des voix, contre 35 % à Jean-Pierre Fabre, 4 % à Aimé Gogué, 1 % à Gerry Taama et 1 % à Mohamed Tchassona Traoré. L’abstention s’établit à 39 %, en progression de quatre points par rapport à mars 2010. La campagne électorale et le scrutin se sont déroulés dans le calme. Jean-Pierre Fabre ne reconnaît pas les résultats de l’élection qui sont devenus définitifs à l’expiration des délais de recours.
Komi Selom Klassou, nommé Premier ministre le 5 juin 2015 a formé un nouveau gouvernement le 28 juin 2015 avec pour mission d’appliquer le programme économique et social présenté par le Président Faure Gnassingbé lors de sa campagne. Le gouvernement a été légèrement remanié par décret présidentiel en août 2016.
Le 25 janvier 2016, un décret d’application de la loi de 2013 portant statut de l’opposition a été adopté. Jean-Pierre Fabre jouit désormais du statut de Chef de file de l’opposition, l’ANC dont il est président étant le parti d’opposition qui compte le plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale (16).
Le débat politique, particulièrement atone depuis l’été 2015, est miné par la question des réformes constitutionnelles. L’opposition réclame notamment la limitation du nombre de mandats et un scrutin à deux tours mais aucun consensus n’a été trouvé pour l’heure entre les différents acteurs politiques. Une commission de réflexion sur les réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles a vu le jour en janvier 2017. Cette commission fait suite aux recommandations de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (ayant remis son rapport en 2012) et du Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Union Nationale (HCRRUN) dont les travaux datent de juillet 2016. Depuis le printemps 2016, le processus de décentralisation, avec en ligne de mire l’organisation d’élections locales, paraît s’engager. Toutefois, l’opposition conteste la méthode et se sent mise à l’écart des préparatifs. Un atelier sur la décentralisation a néanmoins eu lieu en décembre 2016, réunissant un large panel de formations politiques, d’experts et d’observateurs.