Le ministre de l’Environnement, de l’énergie et du changement climatique des Seychelles, Didier Dogley, a déclaré que le pays atteindrait l’objectif national de produire 15 pourcent de ses besoins en énergie à partir de sources renouvelables avec une décennie d’avance.
La politique énergétique des Seychelles 2010-2030, qui a été mis en place en 2010, avait pour objectif de guider l’archipel de 115 îles de l’océan Indien à réduire de 15 pour cent, d’ici 2030, sa consommation de combustibles fossiles.
Le petit État insulaire en développement, dont l’économie repose principalement sur le tourisme et la pêche thonière, est fortement tributaire de l’importation de diesel pour alimenter les générateurs produisant l’électricité nécessaire aux 93.000 habitants du pays et aux établissements touristiques.
Mais le ministre Dogley est convaincu que les Seychelles devraient être en mesure d’atteindre l’objectif de 15 pourcent d’ici 2020, un peu plus de quatre ans à compter de maintenant.
Le ministre a affirmé que l’archipel produit actuellement environ 4,5 pourcent de ses besoins énergétiques à partir de sources renouvelables, mais il est convaincu que 2016 sera une année charnière pour le secteur des énergies renouvelables aux Seychelles.
« Si tout va bien, l’année prochaine, vous verrez une différence significative », a déclaré le ministre Dogley dans une interview accordée à la SNA.
Afin d’atteindre son objectif, le gouvernement de la nation insulaire a favorisé une approche à plusieurs volets, avec une grande diversité de formes de sources d’énergies propres renouvelables.
Les sources d’énergies renouvelables les plus visibles sont les huit éoliennes géantes près du port de Victoria, la capitale de l’archipel, qui ont été fournies par la société d’énergie Masdar, basée à Abu Dhabi sous forme de subvention du gouvernement des Emirats arabes unis.
Officiellement mis en marche en 2013, le parc éolien de 6 megawatt (MW) produit à présent 2.5 pourcent des besoins énergétiques de l’archipel, fournissant suffisamment d’électricité pour alimenter environ 2 000 foyers.
Le parc éolien à lui seul, a permis au gouvernement d’économiser la somme estimée de 10 millions de dollars par an, en importations de diesel.
Les parcs solaires: la dernière forme d’agriculture
Le Ministre Dogley a déclaré à la SNA que le gouvernement inviterait bientôt les compagnies d’énergies renouvelables à installer et à gérer des parcs d’énergie solaire. Il a ajouté qu’un appel d’offres pour le premier parc de 5 MW serait publié en octobre.
Il a également révélé que le gouvernement était actuellement en pourparlers avec le gouvernement des EAU pour construire un parc solaire supplémentaire qui produirait entre 6 et 8 MW, sur le terrain vague situé sous les turbines du parc éolien de l’île asséchée de Romainville.
Un système d’abattement fiscal sur les énergies renouvelables mis en place par le gouvernement a également encouragé les habitants à investir dans des panneaux solaires photovoltaïques (PV) pour les résidences et les entreprises.
« Nous avons déjà environ 2 pourcent de l’électricité qui est produite par les maisons et les entreprises individuelles qui ont installé les PV, » a déclaré le ministre Dogley à la SNA. « A présent, nous avons installé 1,4 MW et un autre PV de 400 kW [kilowatts] sera bientôt mis en service, nous atteindrons donc d’ici la fin de l’année 1.8 MW. »
Les panneaux photovoltaïques collectent l’énergie solaire, qui est ensuite revendue dans le réseau électrique national géré par la société de services publics (PUC).
Conscient du coût prohibitif de l’achat et de l’installation des systèmes de PV, le Président des Seychelles, James Michel, a annoncé lors de son discours annuel à l’occasion de la fête nationale au mois de juin,que le gouvernement subventionnerait l’achat de systèmes de PV pour les foyers défavorisés.
Ce système est connu dans les milieux gouvernementaux comme un système de « démocratisation », qui devrait commencer à être mis en œuvre au cours de l’année, et permettre de générer 5 MW supplémentaires d’énergie renouvelable.
« Le gouvernement donnera essentiellement (aux ménages défavorisés) 300 unités d’électricité gratuites par mois grâce à ce système de parc solaire, » a déclaré Dogley. « Lorsque ce sera possible, nous ferons l’installation sur le toit, et lorsque ce sera impossible de le mettre sur le toit, nous construirons un parc solaire et ces personnes auront tout simplement 300 unités déduites sur leur facture d’électricité en raison du fait que l’énergie a été produite par la ferme solaire. »
Le gouvernement va bientôt exiger que toutes les maisons et les entreprises construites récemment installent des panneaux photovoltaïques.
Exploiter la puissance des vagues de l’océan
Une des nouvelles technologies à l’étude en matière d’énergies renouvelables aux Seychelles est une technologie de pointe : la production d’énergie à partir des vagues de l’océan.
Le 3 septembre, le ministre Dogley a signé un protocole d’entente entre les Seychelles et la société Australienne d’énergie renouvelable, Carnegie Wave Energy Limited, en marge de la première conférence ministérielle de l’IORA sur l’économie bleue, qui a eu lieu à l’île Maurice.
Le prototype CETO de Carnegie fonctionne sous l’eau, où il est plus protégé des impacts des grosses tempêtes en plus d’être invisible depuis le rivage.
Selon le site internet de Carnegie, sous l’effet des vagues, les bouées sous-marines CETO entraînent les pompes hydrauliques et les générateurs contenus dans les bouées elles-mêmes. Les pompes acheminent l’eau à forte pression à travers les câbles sous-marins. Cette eau de mer sous pression peut être ensuite utilisée pour produire de l’électricité en faisant tourner une turbine ou pour produire de l’eau douce via un procédé de dessalement.
La société étudiera les opportunités commerciales de l’exploitation de l’énergie des vagues aux Seychelles, après avoir signé un accord similaire avec l’île Maurice l’année dernière.
Selon le ministre Dogley, Carnegie effectuera une recherche plus approfondie avant de prendre une quelconque décision.
« Avant d’installer les éoliennes, la première chose que nous avons faite a été de mettre pendant une année un anémomètre (un instrument qui mesure la vitesse du vent) pour recueillir suffisamment de données afin d’étudier si il était judicieux d’avoir des éoliennes aux Seychelles, » a-t-il dit.
« Donc, nous effectuerons la même chose avec l’énergie des vagues ; ils viendront et ils mesureront la quantité des vagues que nous avons dans les îles intérieures, et selon eux, même si nous avons des vagues s’élevant à un mètre, c’est suffisant pour produire de l’énergie, » a-t-il précisé.
« C’est simple, au cours de la mousson du sud-est, nous avons beaucoup de vagues, mais ils doivent encore recueillir des données pour s’assurer que nous avons suffisamment de vagues importantes, pendant le reste de l’année. »
Le ministre Dogley a affirmé que dans la mesure où Carnegie était prêt à investir dans l’installation d’une centrale houlomotrice, le gouvernement devrait négocier avec eux et se mettre d’accord sur des tarifs pertinents.
« Même si c’est un peu plus cher (que le diesel à combustion), il y a deux choses que nous devons examiner : la première chose est… le critère de l’autonomie, parce que du temps où nous avons eu ces problématiques avec la piraterie, rappelez-vous des difficultés que nous avons eu avec les pétroliers et les navires qui essayaient d’apporter le carburant aux Seychelles ? Nous avons dû payer une prime parce que les pétroliers devaient payer une prime de risque sur leur contrat d’assurance pour venir dans l’océan Indien à cause de la piraterie, » a déclaré le ministre Dogley à la SNA.
« Et puis il y a l’aspect environnemental, si nous voulons dire que nous sommes un pays à énergie propre… alors avoir de l’énergie produite à partir de sources renouvelables est un atout majeur pour l’image des Seychelles. »
Après 2020
Le ministre a déclaré à la SNA qu’une fois que l’objectif des 15 pourcent de production d’énergie provenant de sources renouvelables serait atteint, quelques modifications au système seraient probablement nécessaires pour aller au-delà de l’objectif.
Le problème majeur, a-t-il expliqué, est que le réseau peut être dans l’incapacité de gérer en toute sécurité trop de production d’énergie renouvelable en raison de la nature imprévisible des éléments.
« Lorsque vous utilisez l’énergie renouvelable, le problème que vous avez est que, pendant la journée, par exemple, si vous utilisez l’énergie solaire, vous pouvez avoir une production massive, et le système peut ne pas être en mesure de la stocker, » a-t-il expliqué. « Donc, vous devez être en mesure de construire une centrale capable de la stocker. Vous devez avoir un système de réseau intelligent qui ne prendra que ce qui lui est nécessaire… Et que tout ce qui relève de besoins supplémentaires soit automatiquement détourné vers un système de stockage. »
L’Agence Japonaise de coopération internationale (AJCI) mène actuellement des recherches sur l’actuel système de réseau aux Seychelles et il est prévu que d’ici février 2016, un rapport sera établi sur la manière dont le réseau pourrait être adapté pour une consommation supérieure d’énergie renouvelable.