Appréciation du risque
Une croissance portée par la mise en œuvre de projets d’investissements dans le secteur minier et dans les infrastructures
La croissance devrait augmenter en 2016, grâce au raffermissement des productions minière et industrielle (phosphates et ciment), et au maintien du dynamisme du secteur des services tiré principalement par le secteur bancaire et les télécommunications. L’activité devrait bénéficier, également, de l’accélération des grands chantiers de l’Etat dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE) qui a démarré en 2014. Ce dernier court jusqu’en 2018 et engage un effort d’investissement dans les infrastructures, l’agriculture, l’agro-industrie, les mines et le tourisme. Par ailleurs, la contrainte exercée sur la croissance par les problèmes de fourniture d’électricité se desserre progressivement, suite à la mise en œuvre du plan de redressement du secteur. La consommation devrait rester vigoureuse en 2016, en lien avec le retour de la confiance des ménages. Elle devrait en outre profiter de la hausse des salaires, principalement dans l’industrie. L’investissement devrait progresser sous l’impulsion des réformes et du plan pour le développement d’une Smartcity aux abords de la capitale, et qui devrait faire office de hub pour les services numériques et technologiques dans la région ouest africaine.
L’inflation, essentiellement déterminée par les produits alimentaires et énergétiques importés, devrait augmenter en 2016. Elle devrait être alimentée par l’arrêt de la baisse du prix du baril (30 % des importations du pays), par le rebond des loyers ainsi que par les pénuries de denrées alimentaires locales causées par des pluies tardives ou intermittentes.
Le déficit budgétaire tend à se résorber et les comptes extérieurs s’amélioreraient légèrement à court terme
Le déficit budgétaire tend à se réduire. Les dépenses d’investissement dans les infrastructures devraient demeurer importantes, en particulier dans le domaine portuaire et dans le secteur des communications et de l’électricité. Néanmoins, un accord avec le FMI a été signé en juin 2015 portant sur l’accompagnement à la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent. Le gouvernement devrait ainsi augmenter les recettes fiscales grâce à l’élargissement de l’assiette des impôts et sur la rationalisation des dépenses courantes afin de dégager une marge de manœuvre budgétaire pour le financement des infrastructures et des dépenses sociales.
Par ailleurs, le risque de surendettement demeure contenu en dépit de la montée du stock de la dette publique. Ce risque deviendrait plus difficilement maîtrisable en cas de reprise insuffisamment vigoureuse de la croissance, de relâchement de l’effort budgétaire ou de recours fréquent à l’endettement non concessionnel.
Le solde du compte courant devrait demeurer déficitaire en 2016 en raison d’importants besoins d’importations d’équipements pour la réalisation de projets d’infrastructure et d’investissement mais aussi de biens alimentaires et d’énergie. Il devrait néanmoins s’améliorer en 2016 car les exportations devraient augmenter en raison d’une légère reprise de l’activité au sein de la zone euro. Elles resteraient dominées par les produits halieutiques, par la production minière ainsi que par les services, tirés par le tourisme et les transports, le pays s’imposant progressivement comme étant une plateforme logistique régionale. Le déficit courant devrait être toujours financé par les transferts des travailleurs expatriés et les IDE, qui devraient augmenter.
Une démocratie confortée mais un bilan de mi-mandat mitigé
Depuis l’élection du président Macky Sall en 2012, la stabilité politique est notable malgré le rythme modéré de la mise en œuvre des réformes. Le pays a fait des progrès en matière de santé et de lutte contre la corruption, mais le bilan concernant la lutte contre la pauvreté et le renforcement de l’économie est mitigé. Le président peine à répondre aux attentes de la population en matière d’emploi et de pouvoir d’achat. Déçus par les résultats limités de son action, d’anciens alliés ont quitté la coalition gouvernementale.
Sur le plan extérieur, les pouvoirs du président à l’international devraient être renforcés par sa présidence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en 2015 et 2016. Il devrait aussi contribuer au retour de la stabilité politique en Guinée-Bissau voisine afin de réduire les tensions en Casamance, compte tenu du soutien de la Guinée-Bissau dans la campagne anti-séparatiste du Sénégal en Casamance (les rebelles étant soutenus par des milices Bissau-Guinéennes). Le Sénégal a par ailleurs fourni des troupes aux forces des Nations Unies au Mali, soulignant son engagement aux opérations de maintien de la paix sur le continent.
Enfin, malgré quelques améliorations portant sur le raccordement à l’électricité et le transfert de propriété, le Sénégal continue d’afficher de faibles performances en matière de gouvernance.