Appréciation du risque
Le secteur touristique et les projets d’infrastructures soutiennent l’économie
En 2015, la croissance est restée dynamique, portée par une augmentation des flux entrants d’IDE, des secteurs touristique et agricole (cacao principalement) et de nouveaux projets financés par des donateurs étrangers. Le pays a pu bénéficier d’un nouveau prêt du FMI en juillet 2015, d’un montant de 6,2 milliards de dollars sur trois ans. Le premier versement a redynamisé l’économie après un essoufflement observé au premier semestre. Ce programme permettra de réduire le taux de pauvreté (66 %) et de poursuivre la politique d’investissement dans les infrastructures publiques (projet portuaire prévu en 2019 afin de devenir un hub régional). Ainsi, la croissance devrait légèrement accélérer en 2016. Les secteurs du tourisme et de l’agriculture devraient à nouveau contribuer favorablement à la croissance. Le gouvernement a d’ailleurs décidé de supprimer les visas pour les citoyens européens et états-uniens séjournant moins de quinze jours afin d’accroître le potentiel touristique.
La consommation des ménages (représentant près de 80 % du PIB) restera soutenue par un taux d’inflation plus modéré qu’auparavant (moins de 6 % en 2015 contre 16 % en 2010), notamment grâce à l’ancrage du dobra face à l’euro, mis en place depuis 2010.
Des comptes public et extérieur déficitaires et dépendants de l’aide internationale
En 2016, le déficit public se réduirait, après le dérapage enregistré en 2014. Le niveau de la dette publique reste toutefois élevé. L’important niveau des arriérés de paiement pèse également sur l’endettement du pays. Dès lors, la forte dépendance de Sao Tomé-et-Principe aux aides internationales et aux prêts concessionnels devrait perdurer. Les faibles recettes de l’Etat (31,8 % du PIB en 2015, mais 16,7 % hors dons, contre 40,6 % du PIB pour les dépenses) ne permettent pas encore de s’affranchir de l’aide internationale. Le gouvernement envisageait d’accroître les recettes publiques grâce à un projet d’exploitation offshore initialement prévu en 2015 mais finalement repoussé à 2018/19. Pour combler ce manque de recettes, l’Etat a présenté dans son budget 2016 une réforme fiscale afin d’élargir la base imposable et la mise en place d’une TVA. Une stratégie de diversification des exportations doit également être présentée au parlement fin 2016, en ciblant le secteur du tourisme et la production horticole. Dans le même temps, les dépenses baisseraient (36,2 % du PIB), notamment du fait de la baisse des dépenses en capital financées par des sources externes.
Le déficit de la balance commerciale augmenterait significativement en 2016 du fait d’un accroissement plus soutenu des importations que des exportations (bas prix du baril de pétrole, croissance modérée en zone euro qui reste le principal partenaire commercial). Toutefois, le déficit de la balance des services se réduirait et les transferts courants augmenteraient. Au total, l’important déficit du compte courant devrait s’accroître en 2016. Enfin, le niveau raisonnable des réserves de change (4,5 mois d’importations) permettra de maintenir l’ancrage du dobra face à l’euro à court terme. Ce niveau est toutefois inférieur à un niveau adéquat de 5-6 mois d’importations pour une économie faiblement diversifiée avec un régime de change fixe.
Le secteur bancaire santoméen reste fragile.La majorité des banques sont faiblement capitalisées et le niveau des créances douteuses est élevé (environ 18%). En juin 2016, le gouvernement réalisera avec l’appui du FMI un examen en profondeur du bilan des banques.
La majorité absolue obtenue lors des dernières élections législatives apporte de la stabilité
La majorité absolue obtenue par l’ADI (Action Démocratique Indépendante) aux législatives d’octobre 2014 a apporté de la stabilité politique. Le parti du Premier ministre Patrice Trovoada pourrait ainsi être le premier chef de gouvernement à terminer son mandat (en 2018) depuis 1990. Fort de cette victoire, l’ADI pourra faire passer des réformes impopulaires (comme celle de l’introduction de la TVA) sans se soucier d’une censure de la part du parlement. La prochaine échéance électorale est prévue pour juillet 2016, avec les élections présidentielles. Trovoada pourrait alors capitaliser sur les résultats obtenus lors des législatives en se portant candidat.
Enfin, le projet portuaire prévu en 2019 (coût total estimé à 800 millions USD, soit 2,4 fois le PIB) sera financé en partie grâce au soutien financier de la Chine, à hauteur de 120 millions USD. Les relations pourraient alors se tendre avec Taïwan, une des principales sources de dons du pays.