Appréciation du risque
La situation économique se normalise, l’agriculture et l’aide des bailleurs de fonds tirent l’activité
Après un important rebond en 2014, dû au retour à la normale de la production céréalière et à la reprise de l’aide extérieure et des industries agro-alimentaire et textile, la croissance s’est consolidée en 2015 grâce, principalement, à la bonne tenue du secteur agricole (augmentation des surfaces cultivées et pluviosité encore favorable) et au renforcement du secteur tertiaire. L’activité devrait demeurer dynamique en 2016, tirée notamment par un accroissement de l’investissement public et l’aide des bailleurs de fonds.
L’inflation a augmenté de façon modérée en 2015 sous l’effet d’une légère hausse des prix alimentaires et de la dépréciation du franc CFA par rapport au dollar. Elle devrait rester sous contrôle en 2016 et ne pas dépasser le plafond de 3 % fixé au niveau régional.
L’économie reste cependant fragile. La production agricole demeure vulnérable aux aléas climatiques et le commerce extérieur dépendant des exportations d’or (1ère ressource d’exportation), produit dont les cours mondiaux ont baissé pour la troisième année consécutive en 2015. Le pays espère pouvoir, un jour, diversifier ses sources de revenu grâce notamment à son potentiel pétrolier et à ses réserves de minerai de fer et de bauxite. Le développement économique reste cependant entravé par le manque d’infrastructures, la faiblesse des institutions et un climat des affaires difficile (protection insuffisante des investisseurs, faible raccordement à l’électricité, lourdeur de la fiscalité, faible niveau des normes d’éducation et de santé). De plus, la situation sécuritaire reste très fragile.
Le déficit budgétaire reste contenu et les comptes extérieurs s’améliorent légèrement à court terme
Le déficit budgétaire s’est contracté en 2015 sous l’effet de la hausse des recettes fiscales, notamment celles sur les carburants, et de la sous-exécution du budget d’équipement. Le déficit devrait être en légère augmentation en 2016, reflétant la hausse programmée des dépenses d’équipement. Sa trajectoire ultérieure devrait en principe permettre de maintenir le ratio de la dette publique en dessous de 40 % du PIB à moyen terme. Le pays avait bénéficié d’un important allègement de dette en 2002 et 2006 dans le cadre des initiatives PPTE et IADM. La dette est aujourd’hui détenue pour l’essentiel par des créanciers multilatéraux.
Après avoir fortement pâti du repli des exportations d’or et de coton (en lien, principalement, avec la baisse des cours internationaux) et de la reprise des importations, en 2014, les comptes extérieurs se sont améliorés, en 2015, grâce à la forte diminution de la facture pétrolière et à une hausse temporaire du volume d’or exporté. Le déficit courant devrait se creuser légèrement en 2016 du fait d’une nouvelle baisse des exportations d’or, alors que la facture énergétique devrait, au mieux, se stabiliser et les importations de biens d’équipement et de consommation poursuivre leur progression. Le niveau élevé des transferts publics extérieurs et les transferts privés des migrants limitent l’ampleur du déficit courant, qui est principalement financé par l’aide extérieure et l’investissement direct étranger (notamment dans le secteur aurifère et celui des télécommunications).
Un environnement sécuritaire toujours très fragile
La situation politique et sécuritaire s’est lentement améliorée depuis la reconquête, début 2013, grâce à l’intervention militaire française, de la moitié nord du pays, occupée par les rebelles touareg et les groupes djihadistes. Cela a permis la tenue d’une élection présidentielle en août 2013, remportée par Ibrahim Boubacar Keïta, et celle d’élections législatives à la fin de la même année, qui ont renforcé sa position grâce à l’émergence d’une solide coalition (les prochaines élections ne sont pas attendues avant 2018).
Un accord de paix a été signé à la mi-mai 2015 entre le pouvoir malien et certains groupes rebelles après huit mois de négociations, sous l’égide de l’Algérie. Cependant, en dépit de cet accord, la situation reste instable. Des tensions persistent entre groupes armés pro-gouvernementaux et rebelles touareg et, si l’opération « Serval », en 2013, a permis de « casser » le sanctuaire djihadiste dans la nord du pays, cela a entraîné un morcellement de ces groupes et une dispersions de leurs attaques. Les djihadistes se sont ainsi lancés, depuis début 2015, dans une série d’opérations terroristes dans le centre mais aussi le sud du Mali, notamment à Bamako. Le pays s’avère donc toujours difficile à contrôler et les projets de développement difficiles à mettre en place.