Appréciation du risque
La croissance reste dynamique, portée par la consommation privée et l’investissement public
La croissance est restée soutenue en 2015 malgré un déficit de pluies et une nouvelle baisse du nombre de touristes. L’activité a été tirée par la consommation privée, qui a bénéficié de la diminution du prix du pétrole et de créations d’emplois, et l’investissement public dans les infrastructures (dont la construction d’une ligne de chemin de fer et de nouvelles centrales électriques géothermiques). Par ailleurs, du côté de l’offre, le secteur des services, porté par les télécommunications et les services financiers, est demeuré l’un des plus dynamiques du continent. En 2016, la croissance devrait continuer à bénéficier de la hausse des dépenses de développement mais sera moins dynamique qu’initialement prévu. La volatilité accrue sur les marchés mondiaux et les attaques terroristes ont conduit les autorités à réviser à la baisse les perspectives macro-économiques de leur programme (celui-ci bénéficie de l’appui du FMI dans le cadre de deux facilités de crédit conclues en février 2015 à titre préventif). Des aléas baissiers continuent à peser sur ce nouveau scénario de croissance. Une détérioration plus accentuée des conditions financières (en lien avec la normalisation de la politique monétaire aux Etats-Unis) ou économiques en Europe (important marché pour le tourisme) affecterait en effet l’activité. Il en serait de même en cas de ralentissement des IDE dans l’exploration pétrolière, en raison du marasme du marché pétrolier.
A moyen terme, les autorités attendent de l’expansion prévue des infrastructures de transport et du réseau d’irrigation, ainsi que de la mise en place de sources d’énergie alternatives, qu’elles entrainent un développement significatif du commerce et une réduction de la vulnérabilité aux conditions climatiques, le pays étant très dépendant de l’énergie hydroélectrique et de l’agriculture pluviale. En 2015, le Kenya a fait des progrès sur le plan de l’environnement des affaires, simplifiant les procédures pour la création d’entreprise et le transfert de propriété et améliorant l’accès au crédit et à l’électricité.
L’inflation reste dans la fourchette cible des autorités. L’augmentation des prix alimentaires, en début d’année, et la dépréciation du shilling avaient conduit la Banque centrale, en 2015, à relever à deux reprises son taux d’intérêt directeur.
Le pays affiche d’importants déficits jumeaux liés à son important besoin en infrastructures
Le déficit commercial reste important du fait du gonflement des importations de biens d’équipement lié à la modernisation des infrastructures et à l’exploration pétrolière. En outre, bien qu’en baisse, la facture énergétique demeure élevée. Seuls une forte expansion du secteur géothermique et le démarrage de l’exploitation des gisements de pétrole permettront de la réduire dans quelques années. Les exportations devraient continuer à augmenter en 2016 du fait de la bonne tenue du cours du thé, dont le pays est le 3ème producteur et 1er exportateur mondial, et du redressement des ventes de produits de l’horticulture (2ème poste à d’exportation). S’agissant des invisibles, les recettes du tourisme sont en baisse mais les remises des travailleurs expatriés continuent de croître. Grâce à la hausse des IDE, les réserves de change se sont accrues jusqu’en 2014. Les flux de capitaux ont toutefois tendance à ralentir, depuis, dans un contexte de plus grande volatilité des marchés mondiaux. Le niveau des réserves reste néanmoins satisfaisant.
Le déficit budgétaire atteint également un niveau élevé du fait des investissements dans les infrastructures. Sur l’année fiscale 2014/15, les dépenses (construction de la ligne de chemin de fer, sécurité, transferts aux comtés, soutien à la compagnie aérienne nationale) ont sensiblement augmenté. Une hausse des taxes d’accise et une amélioration de la gestion des impôts devraient permettre de limiter le déficit sur l’exercice 2015/16. La dette publique a progressé sensiblement en 2014, sous l’effet de l’émission d’obligations souveraines et d’un tirage sur une ligne de crédit octroyée par la Chine, mais sa viabilité n’est pas remise en cause
Le risque sécuritaire demeure élevé
L’adoption d’une nouvelle constitution en 2010 et le déroulement des élections générales en 2013 dans un contexte pacifique ont amélioré les perspectives de stabilité politique. Le président Kenyatta devrait être en mesure d’achever son mandat. Il pourrait même se représenter en août 2017, d’autant plus que la Cour pénale internationale a abandonné les charges qui pesaient sur lui s’agissant des violences inter-ethniques commises à la suite de l’élection présidentielle de décembre 2007.
Le pays reste toutefois en proie à une forte insécurité suite aux attaques meurtrières perpétrées par les islamistes shebabs en septembre 2013 (centre commercial de Westgate à Nairobi) et en avril 2015 (université de Garissa), présentées par ces derniers comme une riposte aux actions menées en Somalie par l’armée kényane.