Appréciation du risque
Une croissance très dépendante de la zone euro
La croissance du Cap Vert souffre de la morosité de la conjoncture en Europe, dont l’activité du pays est très dépendante. Les transferts d’expatriés, majoritairement installés en France et au Portugal, pèsent ainsi pour 10% du PIB. La demande intérieure pourrait cependant être soutenue par une politique budgétaire légèrement plus accommodante en 2016, année électorale. Les services resteront le principal moteur de l’économie, en particulier les services financiers et l’informatique mais surtout le tourisme (un quart du PIB environ). L’activité de ce secteur demeure toutefois contrainte par l’insuffisance des infrastructures. Bien qu’encore fortement dépendant du tourisme européen, le Cap Vert réalise d’importants efforts en vue d’attirer des touristes d’autres régions (notamment d’Asie).
L’inflation, essentiellement déterminée par les produits alimentaires et énergétiques importés, devrait légèrement accélérer en 2016. Les cours des matières premières, plus spécifiquement celui du pétrole (20% des importations du pays), devraient en effet peu évoluer. Mais les perspectives de hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis, qui devraient se traduire par des pressions à la baisse sur l’euro et donc sur l’escudo compte tenu de son indexation, devraient alimenter la hausse des prix des biens importés.
Vulnérabilité budgétaire et extérieure
Le déficit budgétaire tend à se réduire. Les dépenses d’investissement dans les infrastructures resteront importantes, en particulier dans les secteurs des communications, des transports et de l’électricité. Malgré la volonté de maîtrise des finances publiques en vue de limiter la progression de l’endettement, les dépenses sociales ne devraient pas être réduites en 2016, année des élections législatives. Une légère reprise de la croissance ainsi que les mesures destinées à élargir la base fiscale devraient cependant permettre une hausse des revenus de l’Etat.
Le niveau de la dette publique a fortement augmenté pour financer des investissements mais aussi en raison de la dépréciation de l’escudo par rapport au dollar (trois quarts de la dette publique sont libellés en dollar). Le risque de défaut demeure maîtrisé, s’agissant essentiellement de prêts concessionnels et à long-terme. La dynamique de la dette de l’Etat constitue pourtant une source de vulnérabilité dans un contexte de faible croissance.
Le solde courant est structurellement déficitaire en raison d’importants besoins d’importations d’équipements pour la réalisation des projets d’infrastructure mais aussi de biens alimentaires et d’énergie. Les exportations, dominées par les produits halieutiques (poissons, fruits de mer et produits transformés), ainsi que les services (tourisme et transports associés) devraient peu augmenter en raison d’une demande extérieure qui devrait peu progresser. Le déficit courant restera financé principalement par les prêts concessionnels des institutions internationales et les IDE, qui demeureront relativement importants.
Le secteur bancaire est dominé par les banques européennes, notamment portugaises. Sa capitalisation reste satisfaisante mais la faible croissance économique risque d’accroître le poids des prêts non performants et de fragiliser davantage le secteur.
Stabilité politique et gouvernance satisfaisante
Le Cap Vert est une démocratie installée. Les deux principaux partis, le Mouvement pour la Démocratie (MPD) et le Parti Africain de l’Indépendance du Cap Vert (PAICV), cohabitent depuis fin 2011. Tandis que le PAICV est majoritaire au Parlement, le président Jorge Carlos Fonseca est affilié au MPD. Les deux partis s’affronteront lors des élections législatives prévues en février 2016. Bien que la stabilité du pays ne soit pas menacée, le chômage élevé (16% en moyenne mais 32% chez les jeunes) suscite un mécontentement croissant à l’égard du parti présidentiel, qui pourrait se traduire par des manifestations populaires.
Le Cap Vert figure parmi les pays les mieux classés d’Afrique sub-saharienne selon les indicateurs de gouvernance de la Banque Mondiale, notamment en matière de lutte contre la corruption.