Appréciation du risque
Une croissance tributaire de la production agricole et des investissements publics
Après le léger tassement observé en 2015, la croissance devrait repartir modérément en 2016. Le secteur primaire (plus de 36 % du PIB), dominé par la production de coton, continuera à soutenir l’activité et devrait bénéficier de la politique de diversification et de modernisation mise en œuvre dans le cadre du plan stratégique de relance du secteur. La production de coton devrait progresser grâce à la poursuite des incitations accordées aux producteurs sous forme de subventions et de prix favorables de coton graine et d’intrants, ainsi que de la mise à disposition d’intrants de qualité supérieure et de l’amélioration des conditions de stockage. L’industrie manufacturière devrait également progresser en phase avec la production agricole et l’entrée en activité de nouvelles usines de transformation de produits vivriers. Le secteur tertiaire devrait lui profiter des investissements visant la modernisation du port de Cotonou, stimulant les activités portuaires et commerciales.
Les projets d’investissement public dans le cadre du Programme d’investissements structurants (PIS) devraient se poursuivre jusqu’en 2018 et favoriser l’implication du secteur privé grâce à des partenariats public-privé. L’objectif est d’enrayer la pauvreté, notamment à travers 5 projets phares dans les transports, l’énergie, les aménagements hydroagricoles et touristiques et la santé. Dans le but de rendre la croissance plus inclusive, le PIS prévoit un volet infrastructures, visant le désenclavement des régions les plus reculées notamment grâce à la réalisation d’un chemin de fer reliant le nord du pays à la côte.
Par ailleurs, la consommation devrait demeurer soutenue et serait stimulée par l’augmentation des revenus des ménages.
L’inflation devrait augmenter sous les effets combinés de la hausse des prix des produits alimentaires domestiques, due à une mauvaise récolte, de la dépréciation du franc CFA face au dollar et du rebond de la demande domestique.
Les déficits jumeaux ne devraient pas se résorber
Le déficit budgétaire devrait être en augmentation en 2016, reflétant la hausse programmée des dépenses d‘investissement, d’équipement et de construction liée au PIS. Ces investissements, ainsi que la hausse des salaires dans le secteur public ne pourront être que partiellement compensés par les recettes fiscales car celles-ci devraient continuer de pâtir de l’entrée en vigueur en 2015 du Tarif extérieur commun (TEC) de la CEDEAO pénalisant les recettes liées au commerce de réexportation vers les pays de la zone.
Malgré la modération des prix du coton, l’augmentation des volumes exportés devrait soutenir la hausse des exportations, tout comme les réexportations vers le Nigéria. Cette activité de transit contribuera en parallèle à la hausse des importations, déjà alimentée par le besoin de capital engendré par l’augmentation continue des investissements publics. Le déficit de la balance des services continuera à peser sur le déficit courant. Le déficit est principalement financé par des emprunts concessionnels et l’afflux d’IDE, qui devraient doubler, grâce aux dépenses d’infrastructures.
Montée des tensions sociales à l’approche des élections présidentielles
À l’approche de la fin de son second mandat de cinq ans, le président Boni Yayi fait face à la montée des tensions politiques et sociales. Les grèves fréquentes du secteur public, le mécontentement social face à la lenteur des réformes, la corruption ou l’intervention du pouvoir politique dans le secteur judiciaire s’ajoutent au scandale relatif au détournement de fonds prévus dans le cadre du Programme pluriannuel d’appui néerlandais au secteur eau et assainissement (PPEA-II). Les mouvements de contestation ont amené le gouvernement à organiser des élections législatives différées en avril 2015. Le scrutin a connu un taux élevé de participation et a privé le président et son parti de la majorité absolue à dix mois des élections présidentielles. Le président sortant a renoncé à son projet d’amendement de la Constitution (qui devait lui permettre de se représenter en 2016) en désignant le premier ministre Lionel Zinsou, candidat du parti au pouvoir pour l’élection présidentielle de février 2016.
L’environnement des affaires est marqué par la corruption, le clientélisme, les pesanteurs administratives et la faiblesse de la réglementation. Malgré les quelques avancées en matière de commerce transfrontalier, le rapport Doing Business classe le pays en 158ème position sur 189 pays.