Appréciation du risque & protection
Une économie très dépendante de l’agriculture
Comme en 2015, l’activité économique accélérerait à nouveau en 2016, mais à un rythme très en deçà de sa moyenne enregistrée sur la période 2003-2012 (9 %). L’activité avait été négativement affectée par le complexe processus électoral en 2014. La situation s’est légèrement stabilisée depuis. L’industrie devrait donc progressivement se rétablir. Toutefois, le secteur agricole restera le principal contributeur de la croissance, représentant un quart du PIB. L’agriculture est le premier employeur du pays et 80
% de la population dépend de ce secteur. La production d’opium (90 % de la production mondiale) est certes illégale, mais pourrait s’accroître en raison de sa rentabilité supérieure (représente environ 4 % du PIB). Le pays, déjà aride, pourrait souffrir d’une forte sécheresse, d’autant que les ressources en eau sont limitées. Malgré un revenu par tête parmi les plus faibles au monde (194ème sur 213 pays selon la Banque mondiale), le niveau de la consommation des ménages resterait élevé, s’expliquant en partie par les revenus tirés de la production de l’opium et le niveau modéré de l’inflation, relativement à la décennie 2003-2012. L’investissement serait pénalisé par la forte dépréciation de l’afghani face au dollar entre juin et septembre 2015 (environ 10%), du fait du renchérissement du prix des produits importés.
Les autorités ont élaboré un plan d’action visant plusieurs pans de l’économie (gestion de l’eau, création d’emplois en dehors du secteur agricole, etc.) afin de diversifier et de renforcer l’économie. Cependant, le manque de moyens, la faible gouvernance et la situation sécuritaire du pays entravent la réalisation opérationnelle de ses objectifs. A court et moyen termes, l’activité dépendra de la capacité des autorités d’implémenter les réformes nécessaires (notamment au niveau fiscal), de maintenir le niveau des aides internationales et de renforcer la sécurité.
Des déficits public et commercial financés par l’aide internationale
Le niveau de la dette publique reste modeste mais, la forte dépendance de l’Afghanistan aux aides internationales est un risque élevé pour l’économie dans la mesure où les recettes publiques hors dons (représentant environ 10 % du PIB en 2015) couvrent seulement un tiers des dépenses publiques. Afin d’augmenter les recettes publiques, le gouvernement, avec l’appui du FMI, étudient notamment l’introduction d’une TVA. L’exploitation minière (retardée du fait de l’insécurité et du manque d’infrastructures adéquates) représenterait également une source prometteuse de recettes fiscales.
En 2016, la balance des biens et services resterait déficitaire (les importations en valeur représentent environ quatre fois les exportations en valeur). L’Afghanistan importe principalement des biens d’équipements, nécessaires au développement des industries extractives, et exporte des fruits secs et des tapis. Néanmoins, le solde courant serait à nouveau excédentaire grâce aux aides internationales, représentant 43 % du PIB. Sans ces aides, le déficit du compte courant atteindrait 42 % en 2016. A court et moyen termes, les dons internationaux restent donc essentiels pour l’économie afghane (budget et importations). En outre, les réserves de change sont à un niveau confortable de 7,5 mois d’importations.
Un pays toujours marqué par une forte insécurité
Outre le volet économique, la situation sécuritaire demeure l’une des priorités du Président Ashraf Ghani, élu en septembre 2014. Les talibans continuent de mener des offensives dans le pays. Le Président états-unien B. Obama a annoncé le maintien de troupes et du soutien financier de quatre milliards de dollars par an jusqu’en 2017, afin que l’armée afghane soit opérationnelle.
Résultant de la situation sécuritaire et économique, l’émigration afghane constitue une préoccupation importante pour les autorités au vue de ses conséquences : baisse du capital humain (émigration de la main d’œuvre qualifiée) et pressions baissières sur les réserves de change de la Banque centrale dans la mesure où la majorité des émigrants afghans échangent leurs actifs en monnaie nationale contre des devises étrangères.
Au niveau international, l’Afghanistan et le Turkménistan ont renforcé leur coopération bilatérale en août 2015. Plusieurs projets d’infrastructure sont en cours d’élaboration, notamment un pipeline de gaz reliant ces deux pays au Pakistan et l’Inde. En outre, fin 2015, l’adhésion de l’Afghanistan à l’OMC a été approuvée par les pays membres de l’organisation. Le parlement afghan devra ratifier l’accord d’adhésion avant le 30 juin 2016.
La gouvernance demeure un important défi à relever dans la mesure où le pays figure comme l’un des plus mal classé au monde, se classant 183ème sur 189 dans le dernier classement Doing Business de la Banque mondiale et 172ème sur 175 selon le classement de la corruption de Transparency International.
Source : COFACE