Appréciation du risque & protection
Une économie qui subit le contrecoup de la baisse du prix des hydrocarbures
Après avoir marqué une baisse en 2015, la croissance saoudienne diminuerait davantage en 2016. L’atonie du marché pétrolier dont le prix a atteint son point le plus bas depuis la crise de 2009 début 2016 continuera de peser négativement sur le secteur pétrolier saoudien. En outre, afin de pallier à l’importante baisse des prix constatée depuis janvier 2016, plusieurs pays pétroliers dont l’Arabie Saoudite et la Russie ont convenu d’un gel de leur production d’hydrocarbures. Après un accroissement continu, la production pétrolière saoudienne devrait ainsi stagner en 2016, limitant les perspectives du secteur en cas d’une non-remontée des prix. L’industrie pétrochimique marquée par le recul de la valeur ajoutée du secteur des hydrocarbures devrait également endurer l’atonie du marché pétrolier. La croissance hors hydrocarbures qui a permis de limiter le ralentissement économique diminuerait également en 2016. En 2015, les importantes dépenses publiques engagées ont constitué un appui à l’activité notamment via l’augmentation des salaires des fonctionnaires. Ces mesures ont eu un effet significatif sur la consommation des ménages au vu de l’importance du secteur public au sein de la population active. Sans mener une politique de rigueur, le budget 2016 annonce une inflexion de cette politique de relance. Les dépenses sociales devraient être maintenues avec une augmentation du budget de l’éducation mais les investissements publics devraient diminuer. Le CEDA (Conseil des affaires économiques et du développement) en charge de la politique économique devra valider tout investissement public supérieur à 100 millions de rial. La consommation des ménages resterait donc relativement robuste mais devrait subir les répercussions d’une stagnation des salaires notamment des fonctionnaires. Avec un déficit de 1,25 millions de logement, les perspectives du secteur de la construction demeureraient positives bien que des obstacles administratifs subsistent à une réelle poussée de l’activité. L’inflation devrait augmenter en 2016. En effet, l’augmentation du prix des hydrocarbures suite à la réforme budgétaire devrait avoir des répercussions en chaîne sur d’autres catégories de biens telles que les transports ou la construction.
Creusement du déficit public et du solde courant.
Les recettes publiques continueraient de se contracter en 2016 en raison de la faiblesse du prix des hydrocarbures. De plus, les recettes hors pétrole diminueraient à mesure que l’activité ralentirait. Les taxes douanières seraient pénalisées par le ralentissement des importations. Les dépenses publiques ne devraient que partiellement faiblir en 2016. En effet, le plan budgétaire annoncé pour l’année 2016 prévoit un déficit public de 326 milliards de SAR soit 13 % du PIB. Les dépenses courantes resteront contraintes par l’importance de la masse salariale publique et par la politique d’embauche de jeunes diplômés nationaux. Les dépenses d’investissement devraient quant à elles être priorisées et certains projets pourraient être reportés. Les subventions énergétiques devraient également être revues à la baisse suite à l’augmentation du prix du pétrole à la pompe de 50 %. Le budget 2016 introduirait en outre un ensemble de réformes structurelles visant à rationaliser dans le cadre d’un plan de développement de cinq ans les dépenses publiques, l’accent étant mis sur une plus grande synergie entre le secteur public et privé, une augmentation du nombre de privatisations ainsi qu’une modernisation des services publics. Les autorités entendent compenser la baisse des recettes pétrolières en ayant recours aux importantes réserves financières de la SAMA et à l’endettement extérieur. En effet, le recours à l’endettement domestique en 2015 a entrainé un asséchement de la liquidité sur le marché bancaire ce qui a terme pourrait constituer un risque pour le système bancaire saoudien. L’Arabie Saoudite a ainsi annoncé son intention d’emprunter 10 milliards de dollars en 2016.
Le déficit courant continuerait à augmenter fortement. Les effets du faible prix du baril de brut sur les recettes d’exportations ne seraient pas compensés par le ralentissement des importations. Les IDE pourraient ralentir en raison de la perte de confiance des investisseurs suite à la dégradation du pays par plusieurs agences de notations.
Nouveau souverain pour une nouvelle ère politique
L’histoire politique récente du pays a été marquée par le décès du roi Abdallah en janvier 2015. Le 23 janvier 2015, le prince héritier Salman ben Abdelaziz Al Saoud a été intronisé à la tête du royaume saoudien. Ce changement de souverain a entrainé une modification de la politique saoudienne aussi bien intérieure qu’extérieure. Du point de vue de la politique intérieure, le roi Salman a procédé à un important remaniement en nommant le prince Mohammed Ben Nayef anciennement ministre de l’intérieur comme prince héritier au détriment de son demi-frère le prince Mokrin. De même, le fils du roi Salman Mohamed bin Salman a été nommé deuxième dans l’ordre de succession au trône. Il conserve par ailleurs ses fonctions de ministre de la défense et devient président du CEDA. La concentration des pouvoirs au sein de ce triumvirat a permis au souverain de dépasser une certaine rigidité de la monarchie et d’imposer des mesures jusqu’alors en suspens tel que l’ouverture du marché boursier aux investisseurs étrangers. Néanmoins, des voix et des critiques s’élèvent face au nouvel ordre en particulier suite aux deux accidents qui ont touché la Mecque en septembre 2015 et qui ont couté la vie à plus de 800 pèlerins. Sur le plan extérieur, le royaume s’est impliqué directement dans la crise politique yéménite en conduisant une coalition de pays arabes composée de ses alliés. L’enlisement du conflit au Yémen fait peser un risque non seulement sur la sécurité intérieure mais aussi sur les finances publiques saoudiennes.
Source : COFACE