La redistribution de la manne pétrolière en faveur des classes les plus pauvres et l’assouplissement de la politique monétaire ont dopé la consommation des ménages et soutenu la croissance. La flambée des prix du baril a permis de limiter le déficit budgétaire, malgré une politique résolument expansionniste, et de maintenir une position financière extérieure relativement aisée, malgré l’accélération des importations. En dépit de la liquidité du marché, le taux d’inflation s’est contracté, ce qui a été facilité par le contrôle des prix et une augmentation des subventions.
Appréciation du risque
L’activité économique devrait continuer à se contracter en 2016
L’activité économique au Venezuela devrait encore se contracter en 2016. D’une part, elle reste affectée par l’érosion du pouvoir d’achat des ménages en raison de l’inflation galopante et, d’autre part, par la baisse durable du prix du pétrole qui limite la dépense publique sous forme d’aides sociales multiples en faveur des classes défavorisées. L’activité industrielle devrait demeurer contrainte par le retard accumulé en termes de capacité de production et de faible diversification liée aux difficultés à se procurer des équipements et des produits intermédiaires importés. Les capacités productives du secteur agricole affectées par l’insuffisance des investissements et laissées à l’abandon au profit du secteur pétrolier contribuent aussi à freiner la reprise de l’activité. Le ralentissement de l’investissement privé devrait se poursuivre malgré la probable élimination progressive des restrictions aux importations et aux devises. La méfiance des investisseurs locaux et étrangers face à l’insécurité du cadre juridique devrait encore favoriser les sorties de capitaux du pays. L’inflation devrait rester élevée, alimentée par l’expansion rapide de la masse monétaire et la forte dépréciation du bolivar face au dollar.
Des vulnérabilités budgétaires et externes très préoccupantes
En 2016, l’évolution du prix du pétrole, qui génère près de la moitié des recettes budgétaires, reste le principal défi pour les finances publiques. La faiblesse persistante des prix réduit les marges de manœuvre du gouvernement et rend la menace d’un défaut de paiement de la dette externe vénézuélienne de plus en plus crédible. Le pays qui avait évité de justesse le défaut en 2015 grâce aux prêts accordés par la Chine, a réussi à honorer, une fois de plus, l’échéance de février 2016 (1,5 milliards d’USD). Les deux échéances les plus importantes à venir (autour de 4,8 Mds d’USD) sont prévues en octobre et en novembre de cette année. La situation économique chaotique du pays associée à la l’arrivée de l’opposition au pouvoir lors des élections législatives de décembre 2015 ne laisse plus le choix au président, contraint désormais d’opérer un resserrement de la politique budgétaire.
Sur le plan du commerce extérieur, le pétrole représente 96% des recettes d’exportations vénézuéliennes. La faiblesse persistante du prix du pétrole conjuguée à celle de la production, à cause du manque d’investissement, devrait continuer à affecter le solde courant en 2016. Par ailleurs, les quantités livrées à la Chine (faisant l’objet d’une gestion opaque) devraient aussi augmenter, parallèlement à l’encours des prêts chinois qu’elles servent à rembourser. Paradoxalement, les produits pétroliers constituent également le deuxième poste des importations vénézuéliennes en raison fonctionnement médiocre des raffineries locales. Le manque de compétitivité du secteur manufacturier, quasi inexistant, limite également les perspectives de progression des exportations hors pétrole. Les IDE restent très réduits à cause de l’insécurité du cadre juridique et le recours aux prêts bilatéraux ne suffit pas à équilibrer la balance des paiements, ce qui se traduit par une érosion des réserves et par l’envolé du dollar sur le marché parallèle.
Absence de stratégie économique de la droite vénézuélienne
La coalition MUD (Mesa Unitaria Democratica) regroupant les 25 partis d’opposition a remporté la majorité des sièges lors des élections législatives de décembre 2015 et a mis fin au mouvement de gauche fondé par l’ancien président Hugo Chavez il y a seize ans. Malgré l’enthousiasme suscité par cette victoire, l’opposition ne semble pas avoir de stratégie alternative visant à redresser le pays de la crise économique et politique dans laquelle il est plongé. Elle semble d’ailleurs plus intéressée par une réforme de la constitution dont l’objectif serait d’abroger le mandat du président Nicolas Maduro. Cela profite à l’actuel président qui a décrété en janvier 2016 « l’état d’urgence économique » d’une durée de 2 mois renouvelable (période durant laquelle le président peut dicter des mesures d’ordre économique, politique et social). L’une des premières mesures a consisté en l’augmentation du prix de l’essence (le litre d’essence super coûte désormais 6 bolivars contre 0,097 bolivars), une première depuis près de 20 ans (même si le prix reste particulièrement faible). Il a aussi autorisé une dévaluation de 58% de l’un des trois taux de change en vigueur dans le pays, destinés à l’achat de biens de première nécessité et dont l’objectif serait de relancer la production locale. Bien que nécessaire, ces mesures semblent encore insuffisantes pour redresser la situation économique du pays fortement tributaire de l’évolution du prix du pétrole.
Source : COFACE