L’agrandissement du Canal de Panama a été accepté par référendum fin 2006, les travaux, estimés à plus de 5 milliards de dollars US, devant commencer mi 2007 pour durer huit ans. Par ses retombées multiples, cette opération va avoir un impact direct sur la croissance des années à venir, celle de 2007 devant être soutenue, notamment grâce au relatif dynamisme du commerce international.
Appréciation du risque
Des investissements en infrastructures comme principal moteur de la croissance
L’économie panaméenne affiche le plus fort dynamisme d’Amérique Latine. Le léger recul de la croissance en 2015 s’explique essentiellement par une moindre contribution des investissements après l’aboutissement de grands chantiers. Toutefois en 2016, de nouveaux projets en infrastructures viendraient soutenir la croissance : construction d’une seconde ligne de métro (débutée en octobre 2015), d’un troisième pont au-dessus du canal de panama et la rénovation de la zone France de Colón. En outre, les travaux d’élargissement du canal de Panama débutés en 2007 ont pris un retard certain. Initialement prévue pour octobre 2014, pour coïncider avec le centenaire du canal, l’ouverture ne devrait intervenir qu’en avril 2016. Si les premiers travaux ont pu engorger le canal, l’activité a accéléré depuis début 2015. L’industrie et l’agriculture pâtissent d’un manque d’investissement. Afin d’encourager la productivité du secteur agricole, le gouvernement a adopté en avril 2015 des taxes à l’importation sur 37 produits alimentaires. Du côté des services, le Panama bénéficie d’un secteur bancaire compétitif, véritable centre financier dans la région, dont les actifs représentent 185 % du PIB en 2014. En outre, la consommation des ménages demeurerait forte dans un contexte de plein emploi supporté par les retombées des investissements.
Par ailleurs, les pressions déflationnistes en 2015 étaient entretenues par la baisse du prix du pétrole et également l’appréciation du balboa (en parité fixe par rapport au dollar) face aux monnaies de ses partenaires commerciaux régionaux. En 2016, une plus grande stabilité du balboa et une demande interne plus dynamique soutiendraient légèrement l’inflation.
Des difficultés persistantes à lever à l’impôt
La réduction du déficit budgétaire en 2015 s’explique essentiellement par la baisse des dépenses publiques en infrastructures et la réduction des subventions à l’électricité adoptée en janvier 2015 (0,7 % du PIB en 2014). Mais la baisse des revenus de l’Etat, équivalente à 3,4 % du PIB entre 2013 et 2015, contraint les finances publiques. Les récents accords de libre échange (Pérou et Etats-Unis en 2012, Canada et Union européenne en 2013) pèsent sur les rentrées fiscales de taxes liées aux taxes sur les importations. De plus, les recettes fiscales ont stagné en 2015 ce qui, rapporté au rythme élevé de croissance du pays, reflète la faiblesse de la collecte de l’impôt. Dans ce contexte, le solde budgétaire et la dette publique se stabiliseraient en 2016 en lien avec l’accélération de l’activité.
Le déficit courant structurellement élevé se stabiliserait en 2016
Le déficit commercial devrait croitre légèrement en raison de la progression des importations liée à l’évolution de la demande interne. Néanmoins il restera important, très peu diversifié le Panama demeure en effet tributaire des importations pour la majorité des biens de consommation et d’équipements. En dehors de la zone de libre de Colón qui réalise un excédent commercial de 1,4 % du PIB, le pays a importé en biens l’équivalent de 16 fois ses exportations en 2014. L’impact négatif de l’appréciation du balboa par rapport aux monnaies de ses principaux partenaires commerciaux sur la compétitivité des exportations de biens est limité en raison du fort contenu en importations et de la place prépondérante des Etats-Unis, premier client et fournisseur du pays. La balance des services et des revenus devrait s’améliorer grâce aux péages du canal, aux revenus portuaires et ferroviaires associés, ainsi qu’aux recettes touristiques. L’important déficit courant resterait néanmoins financé par les investissements directs étrangers (10 % du PIB en 2015).
Une fragile majorité parlementaire
Avec seulement 16 des 71 sièges du parlement unicaméral, le Président Juan Carlos Varela du parti de centre-droit Partido Panamañista (PP), au pouvoir depuis le 1er juillet 2014, a du conclure un pacte de gouvernabilité avec les 26 parlementaires de l’opposition de centre-gauche du Partido Revolucionario Democrático (PRD). Le gouvernement s’est engagé à poursuivre la politique sociale menée depuis le début des années 1990. La pauvreté recule ainsi sensiblement, bien que 22 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté en 2014 (38 % en 2006). L’environnement des affaires reste contraint par les lourdeurs administratives, notamment pour des cas de litiges ou de règlement de l’insolvabilité. La lutte contre la corruption était l’un des principaux thèmes de campagne du PP. Quatre anciens ministres de l’administration de l’ancien Président Ricardo Martinelli, lui-même poursuivi, sont aujourd’hui poursuivis pour des faits de corruption, six autres sont assignés à résidence et trois anciens hauts fonctionnaires sont recherchés par Interpool. Néanmoins, aucune nouvelle mesure n’a été adoptée depuis la prise de pouvoir du PP. Cet élan se traduit ainsi davantage comme une vendetta politique qu’une réelle volonté d’éradiquer la corruption dans le pays.
Source : COFACE