Avec un PIB/habitant de plus de 4000$/an, un bon indice de développement humain et une classe moyenne majoritaire, le Costa Rica reste une exception en Amérique latine. Néanmoins, l’économie costaricaine est fragilisée par une dépendance structurelle à l’égard des cours du café et de la banane. Le spectre de la corruption, initié par Alcatel, semble peu à peu s’estomper…
En outre, depuis 2 décennies, l’Etat affiche une dette interne élevée (40% du PIB), qui limite l’investissement public et créé une tension sur les taux d’intérêts. La politique néolibérale du président Rodriguez (1998-2002), qui souhaitait désengager l’Etat de l’économie a échoué, la population s’étant farouchement opposée à la plupart des projets de privatisations, notamment celui de l’Institut Costaricain d’Electricité.
Enfin, même si le phénomène est moins accentué que dans d’autres pays d’Amérique latine, l’exode rural a généré des poches de pauvreté à la périphérie des villes, ce qui, ajouté à la montée du narcotrafic, a contribué à une augmentation préoccupante de la délinquance.
Appréciation du risque et protection
Une croissance modérée en 2016
En 2016, la croissance devrait rester modérée en raison de l’affaiblissement du commerce extérieur. La résilience de la monnaie locale, le colon costaricien, face au dollar érode la compétitivité des exportations, agricoles en particulier, par rapport à ses homologues régionaux. La production agricole pourrait en outre diminuer affectée par le phénomène climatique « El Nino» si celui-ci venait à se matérialiser. L’activité aux Etats-Unis, qui exercent une forte influence sur le pays de par leur place prépondérante dans les échanges commerciaux, touristiques et capitalistiques, devrait néanmoins profiter au secteur du tourisme et de la construction. La consommation privée devrait rester résiliente grâce à inflation toujours modérée qui augmente le pouvoir réel d’achat des ménages. La poursuite d’une politique budgétaire accommodante, la hausse des dépenses publiques en investissement en particulier, devrait aussi participer au dynamisme de la consommation interne. L’ouverture des services (tourisme et télécommunications) aux investisseurs étrangers dans le cadre des accords conclus avec les Etats-Unis et l’Union Européenne devrait attirer des nouveaux IDE. L’inflation devrait un peu augmenter sous l’effet de la hausse de la demande interne, malgré la faiblesse persistante du prix de l’énergie.
Persistance du déficit public et courant
En 2016, le gouvernement devrait poursuivre sa politique budgétaire accommodante afin de stimuler l’activité. Il prévoit notamment une hausse des dépenses d’investissement eninfrastructures et une augmentation des prêts accordés par les banques de développements destinés principalement à financer les PME. D’autres initiatives ont été également annoncées afin d’attirer les investissements telles que la réduction des délais pour l’obtention des autorisations de construction et environnementales. Bien que ces mesures soient bien accueillies par le milieu des affaires, la manière dont elles seront financées reste incertaine. Le gouvernement compte notamment sur son projet de réforme fiscale pour augmenter ses recettes. Il s’agit d’introduire une TVA à 15 % destinée à remplacer l’actuelle taxe sur les ventes (13 %), ainsi que l’élimination des exonérations fiscales (services de santé en particulier). Cette réforme de la fiscalité n’est cependant pas nouvelle (elle avait déjà été évoquée en 2012, mais jamais validée) et pourrait à nouveau échouer en raison de l’absence de consensus au sein de la classe politique. Le pays devrait ainsi continuer faire appel à l’endettement qui n’a cessé de progresser depuis ces cinq dernières années.
Le déficit courant devrait augmenter sous l’effet de la dynamique des importations alors que les exportations manufacturières (microprocesseurs en particulier) resteraient affectées par la fermeture de l’usine Intel et les exportations agricoles, par la baisse de compétitivité liée à la résilience de la monnaie locale. Malgré la faiblesse persistante du prix du pétrole (le pays est un importateur net), la forte dépendance aux importations de biens de consommation et de biens intermédiaires destinées aux usines de la zone franche se traduirait par une progression du déficit de la balance commerciale. La balance des services devrait en revanche bénéficier de la hausse de la fréquentation des visiteurs américains. La balance des revenus devrait rester déficitaire en raison des rapatriements de dividendes des multinationales implantées dans le pays et le déficit des transferts resterait modeste. L’afflux d’envois de fonds des émigrés seraient toujours modérés par les sorties de fonds de travailleurs nicaraguayens qui résident dans le pays. L’activité soutenue aux Etats Unis (premier investisseur du Costa Rica) devrait néanmoins permettre de soutenir les IDE qui financent, en majorité, le déficit courant.
L’absence de la majorité continue à freiner la mise en place des réformes
Au pouvoir depuis 2014, le président, Luis Guillermo Solis du parti de centre gauche PAC peine à faire adopter son programme de réformes. Son parti ne dispose en effet que de 20 % des sièges à l’assemblée législative et l’opposition se montre très hostile aux changements. Cela pourrait compliquer l’adoption des mesures fiscales correctives, la lutte contre la criminalité urbaine et le développement de réseaux de blanchiment d’argent lié au trafic de drogue, et ralenti les projets visant à améliorer le cadre institutionnel.
L’environnement des affaires restera affecté par les insuffisances en matière d’infrastructure (transport et télécommunication en particulier) et les coûts relativement élevés de l’énergie.
Sur le plan de relations internationales, le pays est en train d’officialiser son entrée à l’Alliance du Pacifique (communauté économique regroupant le Chili, le Mexique, le Pérou et la Colombie). En avril 2015, le conseil de l’OCDE a décidé d’ouvrir des discussions avec le Costa Rica en vue de son adhésion.
Source : COFACE