L’économie la plus dynamique d’Amérique Latine voit sa monnaie, le peso chilien, atteindre son plus haut niveau depuis cinq ans face au dollar. Preuve que l’économie du Chili se porte bien. Le Forum économique mondial l’a placé en tête des pays d’Amérique latine pour sa compétitivité, son dynamisme à l’exportation et sa stabilité financière
La croissance, toujours dynamique, doit cependant connaître un léger repli en raison d’un environnement international moins propice et de cours moins élevés du cuivre. Les principaux moteurs en resteront l’investissement, porté par un climat favorable de confiance, et des exportations toujours soutenues de produits primaires. Dans ce contexte, l’expérience de paiement est très satisfaisante et la solvabilité des entreprises devrait rester bonne.
Des règles strictes en matière d’excédent budgétaire, fixées depuis quelques années, ont permis de réduire fortement la dette publique (moins de 10 % du PIB). Par ailleurs, les échanges extérieurs restent dominés par les ventes de cuivre, dont la légère baisse sera compensée par les exportations d’autres produits (agricoles, piscicoles, sylvicoles), stimulées par les nombreux accords de libre-échange conclus. Bien que les rapatriements de bénéfices des firmes étrangères doivent grever modérément les comptes courants, le besoin de financement demeurera raisonnable et largement couvert par les investissements étrangers, tandis que les ratios d’endettement extérieur continueront de baisser.
Enfin, l’élection à la présidence du pays, au second tour de scrutin de janvier 2006, de Michelle Bachelet, issue de la coalition de centre gauche au pouvoir depuis 1990, doit faciliter la continuité de la politique économique. Cela permet d’envisager un nouvel avancement des réformes, en vue de l’amélioration des systèmes d’éducation et de santé, du régime des retraites, du marché du travail et de l’administration publique.
Appréciation du risque et protection
La dépendance à la production et au prix du cuivre continue de freiner la croissance chilienne
En 2015, l’activité économique chilienne s’est légèrement améliorée grâce à un important stimulus budgétaire. L’augmentation des dépenses publiques a en effet permis de compenser la baisse de l’investissement liée à la chute du prix du cuivre. En 2016, la croissance devrait rester stable tirée par le commerce extérieur, hors exportations minières qui restent encore affectées par la baisse du prix des matières premières, le cuivre principalement (le secteur minier représente près de 19% du PIB). Les exportations agricoles et manufacturières devraient en effet tirer profit de la dépréciation du peso chilien qui leur confère plus de compétitivité. Celles-ci profiteront également de la hausse de la demande en provenance des Etats-Unis (12% des exportations). Le secteur non minier devrait aussi bénéficier d’un regain de profitabilité grâce à la réduction du coût de l’énergie étant donnée la chute des cours des hydrocarbures.
La demande interne devrait en revanche rester peu dynamique. Alors que l’incertitude sur l’évolution du cours du cuivre continue de décourager les investisseurs, la dépréciation de la monnaie locale affecte aussi la reprise de l’investissement dans la mesure où elle rend l’importation des biens d’équipement plus coûteuse. La consommation des ménages devrait être limitée en raison de la hausse de leur endettement moyen (près de 60% des revenus disponibles en 2014).
L’inflation devrait diminuer lentement en 2016 dans un contexte de faibles pressions sur la demande et de la répercussion limitée de la dépréciation passée du peso face au dollar. Enfin, la politique monétaire devrait rester accommodante afin de soutenir l’activité, mais un resserrement n’est cependant pas à exclure en raison du rehaussement effectif des taux d’intérêts de la FED.
Vers une gestion plus prudente des comptes publics alors que les comptes extérieurs restent dépendants de la demande et du prix du cuivre
En 2015, la dégradation marquée du déficit des comptes publics a été provoquée par la hausse des dépenses publiques notamment dans le domaine social (santé et éducation) afin de soutenir l’activité dans un contexte de ralentissement de l’économie. Malgré cette évolution, la dette publique consolidée est restée relativement faible (autour de 38% du PIB). La détention d’importants actifs étrangers, renforcent considérablement la capacité du gouvernement à faire face à ses engagements. En 2016, le gouvernement devrait opter pour une gestion plus prudente des dépenses en raison de la faiblesse persistante des recettes budgétaires (20% du PIB, dont la moitié procurée par la TVA), ce qui réduirait le déficit public.
Sur le plan des comptes extérieurs, le Chili est le premier producteur de cuivre (un tiers de la production mondiale) et le secteur représente 13 % du PIB, l’or 19 % avec les autres minerais, notamment et le fer. Les minerais conditionnent ainsi une grande partie des investissements. Ils sont à l’origine de 57 % des exportations de marchandises et le cuivre en constitue 52 % à lui seul. La Chine absorbe près de 50% de la production de cuivre chilien. Le solde commercial est donc très dépendant de la demande et du prix du cuivre. En 2016, le solde courant devrait se dégrader en raison de la moindre demande des pays asiatiques, de la Chine principalement, tandis que les importations ne devraient croître que modestement au vu de l’impact négatif de la dépréciation du peso qui conduit à des coûts plus élevés des biens étrangers. La balance des services, structurellement déficitaire, et celle des revenus devraient rester négatives, les rapatriements de dividendes par les sociétés étrangères, notamment dans l’industrie extractive, excèdent largement le produit des investissements chiliens à l’étranger. Les IDE concentrés notamment dans le secteur minier devraient ralentir sous l’effet de la baisse durable du prix des minerais.
Un contexte économique moins propice aux réformes
Michelle Bachelet, déjà présidente de 2006 à 2010, a été réélue fin 2013 pour un mandat de quatre ans avec 62 % des suffrages, mais une participation de seulement 42 %, le vote étant devenu facultatif. Son élection a suscité de fortes espérances même si le contexte économique moins favorable pourrait l’inciter à modérer ses ambitions. La présidente devra faire face à plusieurs défis. D’une part, l’impatience de la population en matière d’éducation et de réduction des inégalités, ainsi que se conformer aux règles environnementales durcies, notamment, sous la pression des populations indigènes (5% du total) proches des sites miniers et hydroélectriques projetés. D’autre part, elle devra poursuivre la construction d’infrastructures routières et énergétiques nécessaires au développement de l’activité minière, et ménager les milieux des affaires mécontents de la hausse d’impôts et taxes nécessaires à la poursuite de ses réformes.
Le climat des affaires demeure stable et favorable. Malgré les scandales de corruption entourant la famille proche de la présidente, le Chili reste un modèle de transparence en Amérique latine.
Source : COFACE