Appréciation du risque
Une croissance tirée par l’agriculture et les services
Le Malawi a subi une diminution de sa croissance économique en 2015 suite aux inondations de début d’année qui ont mené à une crise alimentaire. Même si elle restera conditionnée par des conditions climatiques favorables, la hausse de la production de tabac et d’autres produits agricoles devrait tirer la croissance en 2016. De plus, l’expansion du secteur tertiaire, notamment à travers à l’introduction de nouvelles technologies comme les services bancaires mobiles, devrait aussi participer à la reprise de l’activité. En outre, malgré la suspension de la production d’uranium à Kayelekera depuis 2014, la découverte de nouveaux gisements de minéraux pourrait améliorer les perspectives du secteur. L’industrie restera pénalisée par la défaillance des infrastructures, notamment l’approvisionnement en énergie. La baisse des dépenses publiques et de l’investissement, à cause des retards dans le déboursement des aides, freinerait la croissance. La demande resterait pénalisée par la forte inflation et les taux d’intérêt élevés.
Avec la flambée des prix alimentaires et la hausse des tarifs d’électricité, l’inflation est restée élevée en 2015, proche de 20%. Du fait de la normalisation de la disponibilité alimentaire et de la poursuite de la modération des prix mondiaux des matières premières, son ralentissement devrait se poursuivre en 2016.
Une situation financière fragilisée par la réduction des aides
Alors que l’économie du Malawi est grandement dépendante de l’aide internationale, la plupart des pays donateurs ont décidé de suspendre ou de retarder leur contribution au financement du budget suite au scandale de détournement de fonds qui a éclaboussé le gouvernement en octobre 2013. Pour faire face à la baisse des aides, le gouvernement a adopté un budget d’austérité pour 2015/2016. Il espère faire croître ses recettes grâce aux réformes administratives et limiter ses dépenses notamment par la réduction des subventions agricoles et des salaires du secteur public. Cependant, la mise en œuvre de ces mesures d’austérité sera difficile dans un contexte de crise alimentaire et de revendication de revalorisation des salaires publics face à la forte inflation. Le décaissement d’une tranche d’aide par le FMI fin 2015 dans le cadre du programme de facilité élargie de crédit devrait soutenir le budget et favoriser un retour progressif des bailleurs de fond.
Le déficit courant, lui aussi soutenu par les aides, devrait se réduire tout en restant à un niveau élevé. Les exportations du pays devraient recommencer à croître en 2016 grâce à la reprise de la production agricole malgré la modération des prix du tabac. En parallèle, la croissance des importations devrait être limitée par le ralentissement de l’investissement, les bas prix des matières premières et la faiblesse de la demande.
Les réserves de changes, équivalentes à trois mois d’importations, augmentent légèrement mais restent faibles. Dans un contexte de régime de change flexible depuis 2012, les pressions à la baisse sur le kwacha devraient perdurer, le déficit courant étant toujours élevé et les flux d’IDE demeurant restreints.
Un gouvernement qui doit regagner la confiance des citoyens et des bailleurs de fonds
Dans un pays où le sentiment de défiance envers les institutions est dominant, les défis à relever sont nombreux pour le président Peter Mutharika et la coalition au pouvoir formée du Parti Progressiste Démocratique (DPP) et du Front démocratique uni (UDF). En effet, depuis l’affaire de corruption de 2013, le coût de la vie élevé ainsi que la faiblesse de la gouvernance et des services publics soulèvent de forts mécontentements et font craindre une persistance de la fragilité politique et sociale. Cette dernière ainsi que l’absence de majorité législative de la coalition au pouvoir continueront de freiner la mise en œuvre des réformes économiques importantes.
La relation tendue entre le président et les principaux partenaires internationaux ainsi que leurs inquiétudes sur la gestion des finances publiques encouragent le pays à chercher l’appui extérieur d’autres pays comme l’Inde ou la Chine. Le soutien du FMI devrait cependant favoriser un retour progressif des bailleurs de fonds. Par ailleurs, les relations avec la Tanzanie continuent d’être tendues en raison du désaccord portant sur les frontières du lac Malawi. Les tensions à la frontière avec le Mozambique sont ravivées suite aux affrontements entre le mouvement rebelle Renamo et les troupes gouvernementales entrainant la fuite massive de la population locale vers le Malawi.
Le gouvernement fait des efforts pour attirer les investisseurs privés comme la réforme du fournisseur d’électricité étatique Electricity Supply Corporation prévue en 2016 ainsi que le projet de route reliant la Zambie, le Malawi et le Mozambique financé par la Banque Africaine de Développement. L’environnement des affaires restera cependant dégradé et le pays est classé 141ème sur 189 pays selon l’étude Doing Business 2016 de la Banque mondiale.