APPRÉCIATION DU RISQUE
La croissance zambienne, très affaiblie en 2015 devrait rester faible en 2016
L’activité industrielle, en particulier minière, est très affectée par les problèmes d’approvisionnement en électricité, qui devraient persister à cause du manque d’investissements mais également de la sécheresse, limitant fortement les capacités de production d’énergie (provenant en quasi-totalité des installations hydroélectriques).
Par ailleurs, la production de cuivre (10 % du PIB environ) devrait baisser en 2016 suite à la décision de plusieurs compagnies (First Quantum, Glencore notamment) de réduire leurs capacités compte tenu de la chute des cours, de la hausse des coûts et des défaillances d’alimentation en énergie. L’activité de la mine de Mopani (15 % de la production zambienne de cuivre), a ainsi été interrompue en septembre 2015, entraînant le licenciement de plus de 4 000 personnes. Le secteur des services (télécommunications, commerce, services financiers), contribuant pour près de la moitié du PIB, devrait soutenir l’activité économique.
Les investisseurs pourraient être découragés par l’évolution défavorable des prix des produits miniers, les incertitudes concernant le cadre fiscal (révision du code minier en cours) et la situation politique (élections en septembre 2016), ainsi que par le niveau élevé des taux d’intérêt (15,5 % en décembre 2015). Certains projets d’investissement publics pourraient en outre être reportés. La demande des ménages, légèrement soutenue par des dépenses publiques pré-électorales, devrait néanmoins être très contrainte par le niveau élevé des prix.
En effet, l’augmentation des prix des biens alimentaires consécutive à la sécheresse, le renchérissement du prix des importations lié à la dépréciation du kwacha face au dollar, ainsi que l’augmentation des tarifs de l’électricité (relèvement de 60 % fin 2015 du tarif de l’électricité fournie par l’opérateur public Zesco) devraient maintenir en 2016 un taux d’inflation nettement supérieur à la cible de la banque centrale (7 %).
Aggravation du déséquilibre des finances publiques et dégradation du solde courant
Le déficit public devrait se creuser en 2016. La faiblesse persistante des cours du cuivre (de l’ordre de 12 % des revenus de l’Etat) et la baisse de la production devraient limiter les recettes fiscales, globalement très contraintes par le ralentissement de l’activité économique. Aucune décision sur la hausse de la fiscalité minière, initialement prévue pour janvier 2015, puis suspendue après l’arrivée au pouvoir du président Lungu en février 2015, n’est attendue avant les élections de septembre 2016. Les hausses de salaires et de dépenses sociales, même modérées, semblent difficilement évitables avant le scrutin présidentiel. La réduction des subventions des prix de l’électricité devrait être insuffisante pour éviter l’augmentation du déficit. Par ailleurs, le poids du remboursement de la dette publique (libellée à 65 % en devises) sera accru par la dépréciation du kwacha face au dollar et le niveau élevé des taux d’intérêt. La dette publique devrait continuer à augmenter, en particulier la dette locale, en raison du coût élevé des financements extérieurs.
Le déficit courant devrait se creuser en 2016 sous l’effet de la baisse des cours et des volumes d’exportation du cuivre (deux tiers des exportations), liée notamment au ralentissement économique en Chine (deuxième marché d’exportation). Les importations pourraient ralentir à l’exception de celles d’énergie, compte tenu du déficit de production nationale. Les flux d’investissement devraient rester faibles, dans un contexte politique et économique très incertain. Après l’effondrement du cours du kwacha en 2015 (-45 % face au dollar entre janvier et novembre 2015), les pressions à la baisse et la pénurie de devises devraient perdurer en 2016 alors que les réserves de la banque centrale s’affaiblissent (moins de 3 mois d’importation à fin 2015).
Alternance possible à l’occasion des présidentielles fin 2016 mais gouvernance médiocre
Edgar Lungu, élu en janvier 2015 pour terminer le mandat présidentiel de Michael Sata, décédé en octobre 2014, sera le candidat du Front Patriotique (PF) aux prochaines élections présidentielles de septembre 2016. Les dissensions au sein de son parti, qui dirige le pays depuis 2011, comme au sein du Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD), pourraient donner une chance au candidat du Parti Uni pour le Développement National (UPND), Hakainde Hichilema qui avait remporté près de 47 % des voix lors du scrutin de janvier 2015. Les sérieuses difficultés économiques pourraient inciter les zambiens à choisir l’alternance, dans un pays qui a déjà connu une transition conforme aux principes démocratiques en 2011.
Hormis la stabilité politique, les performances en matière de gouvernance restent insuffisantes, notamment concernant la lutte contre la corruption et la qualité de la réglementation.
Source : COFACE