Appréciation du risque
Une croissance contrainte par un environnement international peu porteur et les incertitudes politiques
La croissance pourrait accélérer modérément en 2016. Le secteur textile continuera à bénéficier de l’effet positif de la réintégration du pays, depuis 2014, dans l’AGOA (Africa Growth and Opportunity Act), favorisant l’accès des produits malgaches au marché américain. Les services (55 % du PIB) pourraient permettre de soutenir l’économie, notamment les transports et le tourisme, affectés en 2015 par les conséquences des grèves à Air Madagascar. Le développement du champ pétrolier de Tsimiroro, pour lequel l’Etat a accordé en avril 2015 une autorisation d’exploitation, ainsi que la réalisation de projets d’infrastructure suspendus depuis plusieurs années, devraient également soutenir l’investissement en 2016. Toutefois, la reprise de l’activité, notamment dans le secteur du tourisme ainsi que des investissements dépendra de la stabilisation de la situation politique et des flux d’aide. Le niveau peu élevé des cours du nickel et du cobalt, principales sources de recettes d’exportation du pays, limitera la contribution des exportations à la croissance.
L’inflation, alimentée en 2015 par les effets de la dépréciation de l’ariary, devrait demeurer élevée. Le phénomène climatique El Niño pourrait affecter les récoltes et exercer une pression à la hausse sur les prix des biens alimentaires en 2016. La baisse annoncée des subventions sur les prix de l’énergie (électricité, essence), si elle est effectivement mise en place, accentuera la hausse des prix.
Les déficits jumeaux ne se résorberont pas en 2016
La progression attendue des recettes fiscales sera insuffisante pour couvrir la hausse des dépenses budgétaires, empêchant toute amélioration des finances publiques. Malgré les mesures destinées à augmenter les recettes, grâce notamment à une amélioration du recouvrement des revenus fiscaux et douaniers, les revenus de l’Etat resteront contraints par le manque de dynamisme de l’économie. La baisse annoncée des subventions devrait par ailleurs être plus que compensée par une hausse des dépenses d’investissement, en raison des engagements pris par le nouveau gouvernement en matière de projets d’infrastructures. Ces dépenses devraient être financées, au moins partiellement, par l’aide internationale. Mais la reprise effective des versements, interrompus par les pays donateurs et bailleurs de fonds internationaux depuis le coup d’Etat de 2009, reste liée à la stabilisation de la situation politique. Enfin, le remboursement progressif des arriérés domestiques de l’Etat et les pertes financières accumulées par la compagnie nationale d’eau et d’électricité (JIRAMA) pourraient peser davantage sur le budget en 2016.
Le déficit courant devrait légèrement diminuer en 2016 en raison du repli des importations qui devrait plus que compenser la stabilisation, voire la baisse des exportations. Les ventes de textile à l’étranger devraient progresser mais les revenus provenant des principaux produits d’exportations (nickel, cobalt en particulier) seront contraints par l’absence de rebond des prix de ces matières premières.
Les importations de biens de consommation seront freinées par une croissance peu dynamique. Les achats de biens d’équipement, ralentis avec l’achèvement des projets de développement miniers, resteront soutenus, mais dans une moindre mesure, par le développement du champ pétrolier de Tsimiroro.
Instabilité persistante de la situation politique, multiplication des mouvements de contestation et gouvernance qui tend à se dégrader
L’organisation de l’élection présidentielle fin 2013, après plusieurs années de transition suite au coup d’Etat de 2009, a permis à Madagascar de réintégrer des organisations régionales (SADC, UA) et de reprendre ses relations avec les institutions internationales et les bailleurs de fonds. Le nouveau président H. Rajaonarimampianina, a dû cependant faire face à la démission de son gouvernement quelques mois après sa formation puis à un vote du parlement demandant sa destitution. Resté au pouvoir, le président manque de soutien pour la mise en œuvre des réformes alors que le mécontentement de la population se traduit par la multiplication des mouvements de contestation et des grèves.
Enfin les performances en matière de gouvernance demeurent faibles et le classement du pays tend à se dégrader selon les indicateurs de la Banque Mondiale, en particulier en matière de lutte contre la corruption (de la 138ème place sur 2015 pays en 2012 à la 163ème en 2014) et d’efficacité du gouvernement (de la 179ème à la 190ème).