Appréciation du risque et protection
2016, la confirmation d’une reprise modérée
La reprise de 2015 devrait se confirmer en 2016. Avec le retour à la stabilité gouvernementale et la consolidation du secteur bancaire, la confiance revient. Cependant, les traces des excès qui ont culminé avec la faillite de la quatrième banque du pays en 2014 resteront présentes. Le souci de continuer le désendettement, la probable poursuite du recul du crédit et la perspective du resserrement budgétaire inciteront ménages et entreprises à la prudence. L’investissement public pourrait ralentir avec la mise à disposition progressive des nouveaux fonds structurels européens au titre du programme 2014-2020. La Commission restera attentive à la manière avec laquelle les marchés sont attribués. Les exportations, diversifiées, avec les céréales, le tournesol, le tabac, l’habillement, les médicaments, les machines, le cuivre, l’acier, l’électricité et le pétrole raffiné, devraient conserver une progression modérée. D’un côté, elles devraient profiter de la bonne tenue des marchés allemand et turc et d’une demande italienne, roumaine et française accrue, de l’autre, elles pâtiront de la mauvaise conjoncture grecque. La désaffection des visiteurs russes sur la côte de la mer Noire pèsera sur les recettes touristiques.
Un retour progressif à l’orthodoxie budgétaire
Le déficit public devrait repasser sous la barre des 3% en 2016. La tâche des autorités sera ardue compte tenu des pertes des entreprises publiques (électricité, chemins de fer, poste, eau) et d’une collecte fiscale de moyenne qualité entravée par une économie souterraine estimée à 30% de l’économie totale. Le resserrement ne devrait pas être trop rapide, car le premier ministre actuel Boiko Borisov a dû quitter le pouvoir en 2013 sur fond de mécontentement populaire provoqué par l’augmentation des prix de l’électricité, tandis que le gouvernement précédent n’a fait qu’un bref passage. Nonobstant, une réforme du marché de l’électricité est intervenue avec une hausse des prix et la fin du tarif subventionné pour le rachat de l’électricité produite par de nouvelles installations à partir de ressources renouvelables. De son côté, le secteur hospitalier, hypertrophié, fait l’objet d’une restructuration. Du fait de la persistance d’un déficit significatif, la dette publique continuera de progresser, mais son faible poids, malgré le coût du sauvetage bancaire de 2014, relativisera cet alourdissement.
Des comptes extérieurs équilibrés
Malgré la bonne compétitivité-prix de ses exportations, le pays enregistre un déficit commercial représentant environ 7% du PIB. Ceci s’explique par la dépendance énergétique : 35% des besoins sont couverts par l’étranger dont 11% par la Russie (totalité du gaz). Ce déficit est compensé par l’excédent des échanges de services avec le tourisme et le transport routier. Par ailleurs, les rapatriements des dividendes par les investisseurs étrangers et le paiement des intérêts de la dette extérieure sont largement compensés par les transferts des émigrés, nombreux à être partis à l’ouest suite à l’ouverture des frontières, ainsi que les nouveaux investissements directs étrangers dont le stock atteint 110% du PIB. Cela concourt à alimenter les réserves en devises et à assurer la crédibilité de l’ancrage du lev à l’euro depuis 1997. Malgré le désendettement des banques autrichiennes, grecques, italiennes et françaises (1/3 du marché) auprès de leurs maisons-mères, la dette extérieure représente environ 100% du PIB. Toutefois, près de la moitié est constituée de prêts intra-groupes dans le cadre d’investissements directs étrangers.
L’alternance et le morcellement politique ralentissent les réformes
Suite aux élections d’octobre 2014, Boïko Borisov, déjà premier ministre de 2009 à 2013, dirige un gouvernement de centre-droit appuyé sur son parti, Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB), le Bloc réformateur, Alternance pour la renaissance bulgare (pourtant au centre-gauche) et le Front patriotique. La coalition dispose de 137 sièges sur 240, ce qui devrait lui permettre de mener des réformes. Celles de la justice et de la surveillance bancaire devraient être adoptées avant la fin de 2016. Elles visent, respectivement, à favoriser l’indépendance des juges face aux milieux d’affaires et aux politiques, et à empêcher le renouvellement du scandale bancaire de 2014. Elles participent de la lutte contre la corruption et le crime organisé. Cependant, la coalition n’est pas un monolithe. Les deux dernières élections étaient anticipées suite à rupture de la coalition au pouvoir. L’alternance à chaque élection, le morcellement du paysage politique et la grande proximité entre politique et affaires ralentissent le rythme. Contrairement au précédent et éphémère gouvernement formé par le Parti socialiste et celui de la minorité turque, l’actuel affirme son ancrage européen. Pour autant, les liens culturels (orthodoxie), économiques (énergie) et financiers (via les banques) avec la Russie demeureront.
Source : Coface