Appréciation du risque & protection
L’activité continuera d’être pénalisée par le ralentissement de l’économie chinoise
Après avoir fortement chuté en 2015, la croissance devrait légèrement augmenter en 2016. Néanmoins, l’activité économique restera fortement contrainte par le ralentissement de l’activité en Chine continentale. Les produits électroniques représentent près de 40 % des exportations et le commerce extérieur devrait continuer à marquer le pas, un quart des exportations taïwanaises étant à destination de l’empire du Milieu. Les mauvaises performances des entreprises exportatrices devraient également contraindre l’investissement. Néanmoins, la bonne santé de l’économie américaine et la légère reprise en zone euro devraient permettre d’atténuer les effets de la baisse de la demande chinoise.
Par ailleurs, la progression de la consommation des ménages, principal moteur de l’activité, devrait rester modeste. Malgré un chômage et une inflation toujours très faibles, la quasi-stagnation des salaires affecte la confiance des consommateurs. Néanmoins, au cours de l’été 2015, les autorités ont mis en place des mesures de soutien du pouvoir d’achat des ménages à travers des subventions à l’achat desmartphones, d’électroménagers et de séjours hôteliers. De plus, les entreprises qui augmentent les salaires bénéficient d’exonérations fiscales.
Enfin, Taiwan devrait continuer à favoriser le renforcement des liens commerciaux avec la République Populaire de Chine et notamment de l’Accord-Cadre de Coopération Economique (ACCE). Suite à la signature d’accords de libre-échange en 2013 avec Singapour et la Nouvelle-Zélande, l’île tente de poursuivre une dynamique d’ouverture. Les difficultés dans l’établissement de zones de libre-échange ralentissent cependant son expansion économique.
Une situation financière solide
Le déficit budgétaire, en baisse depuis 2012, devrait continuer à se réduire en 2016, le gouvernement continuant à mener une politique de consolidation budgétaire. Malgré le ralentissement de l’économie observé en 2015, le budget 2016 n’est pas expansionniste. Néanmoins, l’allocation des dépenses devrait favoriser le développement des infrastructures, notamment de transports. Dans ce contexte, la dette publique, déjà à un niveau soutenable, continuerait à se réduire.
L’excédent courant devrait se dégrader mais restera à un niveau élevé. Il résulte notamment d’un fort excédent commercial mais aussi d’un excédent de la balance des services. Depuis la reprise des vols commerciaux en provenance de Chine continentale en 2008, l’île enregistre un afflux important de touristes chinois. Toutefois, le ralentissement de l’économie chinoise devrait se traduire par une dégradation des balances commerciale et des services.
La position extérieure de Taïwan est par ailleurs solide : l’île est l’un des principaux créditeurs mondiaux et le niveau de réserves resterait très élevé (plus de 18 mois d’importation de biens et services en 2016). Soutenu par l’important excédent courant, le dollar taïwanais devrait rester stable par rapport au dollar américain. La politique monétaire devrait rester accommodante pour soutenir l’activité, limiter l’appréciation de la monnaie et préserver la compétitivité-prix des exportations.
Une probable alternance en 2016
Le président Ma Ying-Jeou (Kouomintang, KMT), réélu en 2012 et conscient du besoin d’accords économiques internationaux pour pallier l’absence de relations diplomatiques officielles de Taïwan, a poursuivi une politique de libéralisation économique et d’ouverture à l’étranger. Si la politique de rapprochement avec la Chine avait été initialement bien accueillie par les Taïwanais, ces derniers ne semblent pas désireux d’étendre cette collaboration au domaine politique et le font savoir.
En mars 2014, le mouvement étudiant des « Tournesols », s’opposant au projet TISA (Trade In Services Agreement) et plus généralement à l’emprise croissante de la Chine sur Taïwan, a culminé avec le blocage du Parlement pendant 3 semaines. Ces manifestations ont mis en lumière la peur d’une dépendance économique accrue et de l’ouverture de pourparlers pour l’unification. En mécontentant la Chine, elles réduisent également les chances de réalisation d’autres projets d’intégration régionale soumis à la bonne volonté de Pékin.
Les manifestations contre la normalisation des relations avec Pékin, la libéralisation économique ou encore le développement de l’énergie nucléaire ont déstabilisé le gouvernement du KMT, forcé de faire marche arrière. Néanmoins, les discussions se poursuivent, en témoigne la rencontre historique des présidents Ma Ying-Jeou et Xi Jiping le 7 novembre 2015 à Singapour.
Cependant, du fait de la baisse de popularité du KMT, les élections de 2016 pourraient être favorables au principal parti d’opposition, le Parti Démocratique Progressiste (DPP), dont la position est plus dure envers la Chine. Néanmoins, Taiwan continuera de bénéficier d’un environnement des affaires très favorable.
Source : COFACE