Appréciation du risque & protection
La croissance devrait rester soutenue
En 2016, l’économie devrait rester dynamique et la consommation des ménages restera le principal moteur de l’activité (70% du PIB). Celle-ci continuera de bénéficier d’importants transferts de la part des expatriés, de la progression rapide du crédit et de la baisse du prix de l’énergie permettant de soutenir le pouvoir d’achat. En effet, malgré un léger rebond, l’inflation devrait rester modérée et conforme à la cible de la banque centrale (2%- 4%).
Bien que la Chine soit le 3ème récipiendaire des exportations philippines, le pays devrait être peu affecté par le ralentissement de l’économie chinoise. Les exportations de produits électroniques devraient rester soutenues, profitant de l’essor des ventes desmartphones. Le secteur des externalisations des services d’entreprises (BPO), qui représente 25% des exportations, devrait également rester dynamique.
Par ailleurs, bien que le gouvernement rencontre des difficultés d’exécution budgétaires et que les dépenses publiques aient été inférieures aux prévisions en 2015, celles-ci devraient rebondir à l’approche des élections présidentielles de mai 2016. De plus, le programme de Partenariat Public Privé initié par le Président Aquino commence à porter à ses fruits et devrait permettre le développement des infrastructures. Néanmoins, les investisseurs restent prudents, le résultat des élections présidentielles de 2016 étant incertain et le pays continuera à souffrir d’un déficit en infrastructure, notamment électriques. Le secteur de la construction devrait, ainsi, connaître une croissance rapide.
La situation financière du pays reste très solide
Les fondamentaux macroéconomiques des Philippines se sont fortement améliorés au cours de ces dernières années. En 2016, le solde budgétaire devrait se dégrader en raison des exonérations fiscales attribuées à certains secteurs et de l’augmentation des dépenses allouées à la reconstruction et au développement des infrastructures. Néanmoins, la dette publique continuera à baisser.
Du côté des comptes extérieurs, les Philippines devraient continuer à enregistrer un excédent courant en 2016. Les transferts des expatriés (qui ont représenté plus de 7% du PIB en 2015) se sont montrés particulièrement robustes pendant la crise et cette tendance devrait persister, les philippins expatriés étant présent dans de nombreuses régions du monde et occupant différents types d’emplois.
Néanmoins, la balance commerciale devrait se dégrader en raison de la progression rapide des importations stimulées à la fois par la consommation des ménages et les besoins d’intrants pour l’industrie. Les exportations de services (notamment les externalisations des services d’entreprises) connaissent une tendance haussière ces dernières années. Dans ce contexte, les réserves de change devraient rester à un niveau très confortable (plus de 10 mois d’importations en 2016).
Elections présidentielles en 2016
Elu en 2010, le Président Benigno Aquino (Parti libéral) ne peut se représenter, la Constitution ne lui permettant pas d’exercer à un second mandat. Des incertitudes pèsent sur sa succession. La popularité du président et de son parti s’est dégradée à la suite du typhon Haiyan, l’efficacité de la réaction du gouvernement ayant été contestée. Jejomar Binay, vice-président et chef de file de l’opposition, fait figure de favori pour les élections de 2016 mais son avance pourrait être remise en cause en raison de soupçons de corruption. Alors que la campagne aurait nécessité qu’il ne démissionne qu’en octobre 2015, il a quitté le gouvernement fin juin pour se consacrer à la campagne.
Manuel Roxas, secrétaire d’Etat aux affaires intérieures et candidat malheureux à la vice-présidence en 2010, est pressenti pour être le candidat du Parti Libéral mais souffre d’un déficit de popularité.
Malgré les objectifs ambitieux d’amélioration de la gouvernance fixés par la président Aquino, le pays souffre toujours de lacunes majeures en matière de corruption. Des lacunes persistent aussi dans les domaines du respect des lois et de qualité de la réglementation.
Mais, le président Aquino a remporté une victoire sur le plan de la sécurité intérieure. Un accord de paix a en effet été trouvé, en octobre 2012, avec le mouvement de rébellion armé revendiquant depuis 40 ans la création d’un Etat islamique indépendant sur l’île de Mindanao. Celui-ci a ensuite été confirmé en août 2014 par un accord sur la loi qui encadrera l’autonomie de cette région. En octobre 2015, cet accord de paix a reçu le soutien de 18 ambassadeurs et a été examiné par la Cour Suprême. Néanmoins, la popularité de l’accord de paix s’est dégradée suite à une altercation mortelle entre un commando de la police et la guérilla sur l’île de Mamsapano en janvier 2015.
Enfin, les tensions restent vives dans le conflit territorial qui oppose les Philippines et la Chine. Le différend devrait être examiné par un Tribunal international.
Source : COFACE