Appréciation du risque & protection
L’économie devrait se redresser progressivement
En 2015, les violents séismes intervenus entre le 15 avril et le 12 mai ont affecté l’économie. La croissance a marqué le pas au cours de l’année fiscale 2014-2015. En 2015-2016, l’activité devrait progresser mais elle restera contrainte. L’économie népalaise est peu diversifiée et reste fortement tributaire de l’agriculture qui emploie 70 % de la population et représente un tiers du PIB. Or, la production agricole devrait rester limitée, les cultures ayant été touchées par les séismes et la mousson ayant été tardive. Ainsi, les récoltes de maïs et de riz paddy devraient être affectées. De plus, le secteur industriel, qui représente environ 14 % du PIB, devrait rester pénalisé par la destruction de moyens de productions et la dégradation des infrastructures. En outre, le pays souffre de pénuries : l’approvisionnement en carburant et matériaux, en provenance d’Inde, a été suspendu en raison des manifestations organisées par des ethnies du sud du pays. Si cette situation devait perdurer, la reprise économique pourrait être menacée. Néanmoins, le secteur touristique devrait se redresser progressivement mais il restera pénalisé par les dommages causés par le séisme. Le secteur de la construction devrait, en outre, bénéficier des projets liés à la reconstruction. Néanmoins, l’exécution budgétaire au Népal est difficile et la mise en place de laNational Reconstruction Authoritya été retardée. De plus, l’insuffisance des infrastructures, déjà lacunaires avant la catastrophe, entrave les efforts de reconstructions et la reprise de l’économie. Les projets d’investissements déjà en cours, liés notamment à l’exploitation du potentiel hydroélectrique du pays, ont été repoussés. Enfin, la consommation privée, principal moteur de l’activité devrait continuer à bénéficier d’importants transferts des expatriés (30% du PIB en 2014). S’agissant des prix, l’inflation devrait progresser, l’augmentation des coûts d’acheminement et les mauvaises récoltes alimentant les tensions inflationnistes.
Dégradation des soldes courant et public minorée par les dons internationaux
Pour la seconde année consécutive, le gouvernement est parvenu à présenter le budget 2015-2016 devant le Parlement avant le début de l’année fiscale. Ce budget, en forte progression (+32,6 %), priorise les secteurs touchés par les séismes. Le solde budgétaire devrait, sous l’effet conjugué de la chute des recettes fiscales et d’une progression des dépenses, devenir déficitaire. La dette publique devrait, cependant, rester faible. Néanmoins, la capacité du gouvernement népalais à redresser l’économie apparait problématique. Le pays pâtit en effet d’un taux d’exécution budgétaire faible. Seules 80 % des dépenses en capital budgétées ont été réalisées au cours de l’exercice 2013-2014.
S’agissant des comptes extérieurs, le pays enregistre un déficit commercial important avec la prégnance d’importations de nombreux produits. En dépit de l’importance des transferts générés par les travailleurs expatriés, la chute des recettes du tourisme et l’augmentation des importations devrait conduire à une dégradation du solde courant, hors don. Néanmoins, le Népal est le récipiendaire d’importantes aides financières, notamment de la part de la Chine et de l’Inde. Le pays bénéfice également du soutien des institutions financières internationales.
Le pays devrait retrouver une relative stabilité politique grâce à l’adoption d’une nouvelle Constitution
L’instabilité politique règne depuis la fin de la guerre civile en 2006 et les premières élections nationales de 2008 qui ont suivi la fin de la monarchie. La situation est tendue entre les principaux partis politiques et les coalitions successives au pouvoir ont été incapables de rédiger une Constitution. Après la dissolution du gouvernement en mai 2012, le gouvernement intérimaire n’avait été formé qu’en mars 2013. Les élections de novembre 2013 ont permis le retour d’une relative stabilité politique. L’Assemblée élue en novembre 2013 avait la charge de la rédaction de la nouvelle Constitution. La commission chargée de la rédaction a pris du retard. Néanmoins, les séismes intervenus au printemps 2015 et le mécontentement de la population ont amené les différents leaders politiques à faire un effort d’union nationale. L’Assemblée Constituante a adopté un projet de Constitution le 16 septembre par 507 voix « pour » sur un total de 601 élus. Le Président a ratifié le texte le 20 septembre avec une application immédiate. Néanmoins, les négociations relatives à la Constitution se sont faites dans un climat de violence et plusieurs minorités dénoncent, aujourd’hui, le découpage de certaines provinces et manifestent dans le sud du pays. Une commission fédérale spéciale pourrait être amenée à revoir ces frontières. Fin octobre 2015, le Parlement a élu Bidhya Bhandan (parti communiste) en tant que Présidente du pays et Khadga Prasad Sharma Oli (parti communiste) a été nommé Premier Ministre. Néanmoins, la nouvelle équipe dirigeante devra gouverner en formant des alliances avec les nombreux partis présents au Parlement.
L’équilibre politique du pays reste fragile et le risque d’une nouvelle période d’instabilité politique et de violence ne peut être exclu, les tensions sociales et ethniques restant vives.
Source : COFACE