Appréciation du risque & protection
La croissance devrait se stabiliser en 2016
En 2015, la croissance a chuté en raison de la décélération des exportations de charbon à destination de la Chine mais également des flux d’IDE, dans un contexte de baisse du prix des matières premières et d’incertitudes concernant le cadre réglementaire.
En 2016, la croissance devrait se stabiliser. Le taux de croissance restera, néanmoins, très en-dessous de la moyenne observée entre 2010 et 2014 (11,3 %). L’économie mongole souffrira de la baisse du cours des matières premières au premier rang desquelles le charbon. De plus, le pays devrait enregistrer une contraction des volumes exportés. La Mongolie apparaît vulnérable au ralentissement de l’économie chinoise, l’empire du milieu étant le récipiendaire de 90 % des exportations du pays. Néanmoins, le secteur minier devrait bénéficier de la signature de l’accord entre Rio Tinto et le gouvernement relatif à la seconde phase de mine d’Oyu Tolgoi (une des plus grandes réserves d’or et de cuivre au monde). Cet accord a permis de restaurer, en partie, la confiance des investisseurs vis-à-vis des autorités. Les IDE à destination du pays ont décéléré en raison des difficultés du secteur minier mais également de la dégradation de l’environnement des affaires. Suite au référendum de février 2015, entérinant la volonté de la population d’accueillir des investissements étrangers dans le secteur minier, le premier ministre a œuvré au rétablissement de la confiance des investisseurs. Néanmoins, les IDE devraient rester contraints par la morosité du secteur minier et le ralentissement chinois.
Par ailleurs, la demande privée est affectée par le changement de politique économique. Après plusieurs années depolicy-mixexpansionniste, le gouvernement met en place une politique de consolidation budgétaire et de resserrement monétaire. Enfin, l’agriculture de subsistance axée sur l’élevage reste vulnérable aux chocs climatiques et aux pandémies. Dans ce contexte, l’inflation restera élevée en 2016.
L’équilibre de la balance des paiements restera fragile
En 2016, le déficit budgétaire devrait continuer à se réduire. Le pays poursuivra la mise en place d’un plan de réduction des dépenses. Néanmoins, la marge de manœuvre en matière budgétaire est mince, le pays étant vulnérable à la volatilité des ressources budgétaires minières. De plus, des élections auront lieu courant 2016 et pourraient conduire le gouvernement à mettre en place des dépenses supplémentaires. De nombreuses dépenses en infrastructures sont comptabilisées hors budget (notamment via laDevelopment Bank of Mongolia). Par ailleurs l’endettement extérieur a fortement augmenté et représente près de 152 % du PIB à fin 2015. La dette externe est majoritairement détenue par le secteur privé, plus de la moitié de celle-ci concerne des prêts inter-entreprises liés aux IDE.
En outre, le déficit courant devrait rester substantiel en raison des importations significatives de biens d’équipements nécessaires à la mise en exploitation des gisements miniers. De plus, les exportations souffriront de la baisse des prix des matières premières et du ralentissement chinois. Malgré de meilleures perspectives permises par l’accord entre Rio Tinto et le gouvernement, les IDE resteront en-deçà de leur potentiel. Néanmoins, alors que le Tugrik subit d’importantes pressions baissières, la signature de l’accord a permis une légère appréciation de la devise au printemps 2015 avant que celle-ci n’enregistre, à nouveau, une chute de son cours face au dollar à partir de l’été. 2016 devrait être marquée par de nouvelles pressions baissières. Dans ce contexte, le niveau des réserves de change a significativement baissé ces dernières années rendant le pays vulnérable à des sorties brutales de capitaux. Elles ont chuté de 58 % entre janvier 2013 et juillet 2015 et représentent toujours moins de 1 mois d’importations
Situation politique tendue avant les élections de 2016
Le 5 novembre 2014, le Parlement a démis de ses fonctions le Premier ministre Norov Altankhuyag (Parti Démocrate), son incapacité à redresser la situation économique ayant été mise en avant. Au terme de négociations internes au Parti Démocrate et d’un vote du Parlement boycotté par l’opposition, Chimed Saikhanbileg a été désigné Premier ministre le 21 novembre 2014. Sa politique vise à promouvoir l’attractivité du pays et il a initié, en février 2015, un référendum afin d’obtenir l’approbation de la population sur le développement du secteur minier. Néanmoins, la coalition mise en place avec le Parti du Peuple Mongole (PPM) et la coalition justice (autres petits partis populistes) s’est révélée fragile. Les 6 ministres du PPM ont été contraints de quitter le gouvernement en août. La coalition du premier ministre apparaît de plus en plus instable et les élections législatives qui doivent avoir lieu au cours de l’année 2016 pourraient être avancées au premier trimestre. L’issue des élections devrait affecter les relations entre les investisseurs et les autorités, Chimed Saikhanbileg ayant œuvré pour parvenir à des accords au sujet des mines d’Oyu TolgoietTavan Tolgoi.
Enfin, les lacunes en matière de gouvernance constituent le talon d’Achille du pays et le risque de tensions sociales est à surveiller.
Source : COFACE