Appréciation du risque & protection
L’atonie de la demande mondiale devrait continuer à peser sur l’activité
Après avoir été moins dynamique en 2015, l’activité devrait continuer à ralentir en 2016. La faiblesse des prix des matières premières continuera à pénaliser les exportations d’hydrocarbures. Néanmoins, la diversification de l’économie devrait permettre d’atténuer le choc sur la croissance. Le pays exporte également des produits manufacturés à forte valeur ajoutée. Cependant, les exportations de biens électroniques souffrent du ralentissement de l’économie chinoise. De plus, la demande en provenance des Etats-Unis devrait rester importante mais devrait souffrir du ralentissement de l’économie américaine. Néanmoins, malgré un niveau d’endettement élevé, la consommation des ménages devrait rester vigoureuse : le chômage devrait demeurercontenu, les ménages les plus modestes bénéficieront d’une augmentation des transferts sociaux, les prélèvements sociaux ont été abaissés et l’inflation devrait rester modérée, en dépit de la dépréciation du Ringgit, grâce à la baisse des prix alimentaires.
Par ailleurs, les effets d’entrainement du programme de transformation économique continueront d’être positifs pour l’investissement privé et public avec, notamment, la construction d’une liaison ferroviaire à grande vitesse reliant Singapour à Kuala Lumpur.
Enfin, les secteurs liés au tourisme devraient continuer à souffrir des effets des deux catastrophes aériennes de la Malaysian Airlines intervenues en 2014 ainsi que de la dégradation du contexte sécuritaire à Bornéo. Néanmoins, le gouvernement a assoupli les conditions d’accès au pays pour les touristes en provenance de Chine. Enfin, l’industrie manufacturière devrait continuer à souffrir d’un manque de compétitivité.
Le solde budgétaire se redresse malgré la faiblesse du prix des hydrocarbures tandis que la situation extérieure reste solide
En 2016, le déficit budgétaire devrait continuer à se réduire. Le gouvernement a procédé à l’introduction d’une TVA à un taux de 6 %, l’élargissement de la taxe foncière et la réduction des subventions concernant l’électricité, le sucre et l’essence. Ces mesures devraient permettre de compenser la baisse des recettes budgétaires liées à la faiblesse du prix des hydrocarbures. Le redressement du solde budgétaire permettrait de réduire la dette publique qui restera, cependant, à un niveau élevé. De plus, l’Etat malais est également exposé à travers des engagements contingents qui pourraient représenter 15 % du PIB.
Par ailleurs, l’excédent courant devrait diminuer légèrement en raison de la dégradation de la balance commerciale qui s’explique par la faiblesse du prix des matières premières et le ralentissement de la demande chinoise.
Si le niveau élevé des réserves de change (près de 6 mois d’importations) assure à la Malaisie une bonne capacité de résistance face à des sorties brutales de capitaux, le Ringgit subit des pressions baissières dans un contexte de turbulences financières mondiales liées à la baisse du prix du pétrole et au scandale relatif au fond public 1MDB affectant le premier ministre. Néanmoins, la Réserve Fédérale américaine devrait retarder le resserrement de sa politique monétaire, ce qui devrait permettre de contenir les sorties de capitaux. Enfin, le secteur bancaire demeure suffisamment capitalisé et liquide. Néanmoins, le niveau élevé d’endettement des ménages et l’exposition des banques aux actifs étrangers constituent un risque
Le premier ministre fragilisé par le scandale relatif au fond 1MDB
En dépit de la victoire du parti du Premier Ministre, le Barisan Nasional (BN), les élections générales de mai 2013 ont confirmé un rééquilibrage des forces politiques et la montée en puissance de l’opposition initiée lors des élections de 2008. Néanmoins, la légitimité du Premier Ministre, Najib Razak, a été confirmée par sa victoire lors des élections internes du parti en octobre 2013. Cependant, des soupçons de corruption, de détournement de fond et de mauvaise gestion liés au fond d’investissement public 1MDB fragilisent le premier ministre depuis juillet 2015. Le procureur général a blanchit Najib Razak mais la commission anti-corruption a fait appel de cette décision et des juridictions étrangères enquêtent sur ce dossier. Un ancien premier ministre appelle à la démission de Najib Razak qui a limogé son premier adjoint ainsi que le précédent procureur général du pays. Néanmoins, il continue de bénéficier du soutien de son parti. De plus, les élections internes de la coalition du premier ministre n’auront lieu qu’après les élections législatives de 2018. Malgré ces scandales, le pays devrait continuer à bénéficier d’un environnement des affaires favorables grâce, notamment, à la qualité de sa réglementation.
Enfin le BN affiche sa volonté, au travers du programme One Malaysia, de mettre fin à la Nouvelle Politique Economique mise en place en 1969 – mesures de discrimination positive en faveur des Bumiputra (Malais d’origine) – et considérée comme un frein aux investissements étrangers. Néanmoins, les tensions communautaires demeurent sous-jacentes en raison de la diversité religieuse et ethnique.
Source : COFACE