Appréciation du risque & protection
Une croissance résiliente en dépit de la situation régionale de plus en plus critique.
Bien qu’elle ait ralenti, la croissance jordanienne s’est montrée résiliente en 2015 et devrait le rester en 2016. La consommation des ménages qui a bénéficié d’un gain de pouvoir d’achat suite à la baisse du cours des hydrocarbures poursuivrait son soutien à l’activité. L’entrée en vigueur du plan de développement vision 2025 en 2016 et l’accroissement des investissements publics qui en découlerait compenseraient les effets négatifs liés à la contraction des exportations. L’indice de confiance des investisseurs qui a enregistré une baisse continuelle depuis janvier 2015 poursuivrait sur sa tendance baissière en 2016. Les perspectives négatives liées à la dégradation de la situation syrienne et irakienne en 2016 suite à l’intensification attendue des frappes de la coalition continueraient ainsi de peser sur les exportations, le tourisme et l’investissement productif. L’amélioration de la production manufacturière déjà constatée en 2015 continuerait de tirer parti de la baisse des coûts de production consolidant l’activité. L’inflation qui est restée proche de zéro augmenterait graduellement en 2016 à mesure que l’effet lié au prix bas des hydrocarbures s’estomperait. Les réfugiés en provenance de Syrie et d’Irak dont le nombre risque de s’accroître devraient continuer de peser sur un marché du travail où le taux d’emploi reste faible.
Consolidation des déficits publics
Après s’être significativement contracté en 2015, le déficit public jordanien ne se creuserait que légèrement en 2016. Les faibles performances économiques en 2015 ainsi que le léger recul de l’activité attendu en 2016 pèseraient sur les recettes. En outre, l’implémentation du plan vision 2025 engendrerait une augmentation probable des dépenses publiques. Néanmoins, la finalisation du programme de consolidation mis en place avec le FMI et la conjoncture favorable liée à la baisse du prix des hydrocarbures ont permis aux autorités de poursuivre la consolidation de leurs équilibres budgétaires. Les mesures de réduction des subventions énergiques initiées en 2015 seraient également reconduites en 2016. En outre, le faible coût des hydrocarbures permettrait de limiter la participation de l’Etat au déficit de la compagnie d’électricité nationale NEPCO. La contraction des niveaux de déficit public entrainerait une stabilisation de la dette publique en 2016 même si le niveau de cette dernière reste élevé. La Jordanie envisage également suite à la finalisation du septième accord de confirmation du FMI en 2015 de demander le renouvellement du soutien de l’institution. La Jordanie continue en outre de jouir de l’appui des pays du conseil de coopération du Golf bien que cette aide devrait être de plus en plus conditionnée par le ralentissement observé dans les pays pétroliers.
Un compte courant en amélioration
La Jordanie qui reste l’un des rares pays importateurs nets de pétrole de la région, a été avantagée par la faiblesse des prix des hydrocarbures en 2015. La baisse de la facture énergétique du pays a ainsi permis une contraction substantielle du déficit courant en dépit d’un recul constaté des exportations. L’enlisement du conflit en Syrie et en Irak en 2015 et les perspectives négatives quant à une probable pacification de la région en 2016 continuerait à avoir une répercussion sur les équilibres extérieurs. L’intensification des conflits dans la région entrainerait une diminution continue des exportations qui seraient également affectées par la baisse de la demande indienne en phosphate. L’effet de la baisse du cours des matières s’estomperait. La forte demande intérieure alimentée par l’afflux de réfugiés devrait continuer à nourrir les importations. Les recettes touristiques devraient se dégrader à mesure que le climat d’insécurité croîtrait. La dégradation des indicateurs de confiance limiterait les flux entrant d’investissement direct qui ont fortement baissé depuis le début de 2015. Les transferts souffriraient également du ralentissement observé dans les pays du Conseil de Coopération du Golf. Par ailleurs, les réserves de change se sont stabilisées à un niveau convenable représentant 7 mois d’importations en 2015.
Ilot de stabilité politique dans un conflit régional de plus en plus complexe.
Pays frontalier de la Syrie et de l’Irak, la Jordanie est directement affecté par l’instabilité qui mine la région. La monarchie jordanienne qui pendant les premières années du conflit syrien avait opté pour la position de neutralité ne s’est rallié que tardivement à la coalition contre Daech. Le pays est resté relativement épargné par le conflit mais le risque que la ligne de front se déplace sur son sol est important. L’armée de Daech dénombre un contingent de plus de 2000 jordaniens et la Jordanie est régulièrement désignée comme une cible des djihadistes. Du point de vue intérieur, la Jordanie risque d’être confronté à une recrudescence des tensions sociales, notamment entre population jordanienne et réfugiés syriens et irakiens dont le nombre atteint 10% de la population selon de HCR. Par ailleurs, une partie de la population majoritairement sunnite reste sensible aux idées prônées par Daech dans une guerre ou les enjeux confessionnels prennent de plus en plus de place.
Source : COFACE