Appréciation du risque & protection
La croissance restera dynamique mais le processus de réforme s’essouffle
L’activité devrait rester soutenue au cours de l’année fiscale 2016/17. L’économie indienne continuera de bénéficier de la faiblesse du prix des matières premières et des effets des premières réformes entreprises par le gouvernement de Narenda Modi visant à promouvoir le secteur manufacturier indien, attirer les IDE et atténuer les contraintes qui pèsent sur l’économie.
Néanmoins, les mesures phares promises par le premier ministre, telles que l’harmonisation de la TVA au niveau fédéral ou l’assouplissement des règles relatives à l’acquisition de terres, sont bloquées par le parlement.
La consommation des ménages, principal moteur de l’activité, devrait rester dynamique. Elle bénéficiera d’une revalorisation des salaires versés aux fonctionnaires fédéraux et de l’amélioration de l’intégration financière des ménages les plus modestes. De plus, la politique monétaire accommodante menée par la RBI (le taux directeur a été abaissé de 125 points de base en 2015) soutient l’investissement privé et les autorités ont mis en place un programme de développement des infrastructures notamment routières, ferroviaires et électriques. Néanmoins, les contraintes budgétaires et les retards relatifs à la réforme sur les terrains contraindront l’avancée de ces projets. En outre, bien que l’Inde soit peu exposée au ralentissement de la Chine, les exportations devraient continuer à souffrir d’un manque de compétitivité et de la morosité de la demande mondiale.
Néanmoins, le secteur des services continuera de porter l’activité, notamment la branche des haute-technologies.
L’inflation restera sous contrôle en 2016 grâce, notamment, à l’atonie du cours des matières premières, au premier rang desquelles le pétrole et l’or, à moins que la mousson n’affecte directement la qualité des récoltes.
Les comptes extérieurs sont sous contrôle mais les finances publiques restent fragiles
En dépit de la volonté d’assainissement des comptes publics, le déficit budgétaire et la dette publique restent importants. Néanmoins, les dépenses en infrastructures prévues par le gouvernement Modi ne devraient pas être financées par un recours à la dette mais par la vente de licences et la privatisation d’entreprises publiques. De plus, le gouvernement réalloue des fonds du gouvernement fédéral aux gouvernements locaux, les dépenses publiques décentralisées étant plus productives.
Le déficit courant devrait rester contenu malgré le ralentissement des exportations. En effet, la faiblesse des cours des matières premières devrait permettre de maîtriser la valeur des importations.
En dépit du resserrement de la politique monétaire de la Réserve Fédérale américaine, la roupie devrait rester relativement stable en 2016, le déficit courant étant limité et les réserves de change confortables (près de 8 mois d’importations en 2016). De plus, les IDE et les investissements de portefeuille sont sur une tendance haussière favorisée par l’assouplissement des règlementations.
Enfin, les banques publiques, qui représentent les ¾ de l’actif bancaire et portent le financement des secteurs non profitables, affichent une détérioration de la qualité de leurs actifs.
Les réformes promises par le premier ministre Modi seront difficiles à mettre en place
Suite aux élections législatives de mai 2014 qui ont vu une large victoire du BJP (Bharatiya Janata Party), N. Modi a été désigné premier ministre et son parti détient la majorité absolue à la chambre basse du parlement. La tenue d’élections dans plusieurs Etats importants a permis de confirmer la popularité du BJP mais le parti a connu plusieurs revers électoraux, notamment à Dehli et dans l’Etat du Bihar. Le parti du Congrès continuera de dominer la chambre haute ce qui pourrait retarder les réformes attendues par les milieux d’affaires qui ont réagi très favorablement à l’élection de N. Modi.
Même si le bilan de N. Modi alors qu’il était Ministre en chef de l’Etat du Gajarat est entaché par les violences de 2002 lors desquelles des milliers de musulmans sont morts, son élection a été accueillie favorablement par les partenaires de l’Inde. Cependant, les relations avec le Pakistan restent tendues autour de la question du Cachemire. En dépit de la présence du premier ministre pakistanais à l’investiture du premier ministre Modi, l’Inde a suspendu ses pourparlers diplomatiques avec le Pakistan, en août 2014, après la rencontre entre le Haut-Commissaire pakistanais à New Dehli et les chefs séparatistes du Cachemire. De plus, des échanges de tirs meurtriers ont ensuite eu lieu à la frontière entre les deux pays. Une reprise du dialogue a néanmoins été initiée en mars 2015 grâce à la rencontre de hauts-responsables des affaires étrangères. En juillet 2015, les deux premiers ministres se sont rencontrés en Russie et le Pakistan fait pression sur l’Inde afin d’obtenir une reprise des négociations.
Enfin, malgré les réformes attendues, l’environnement des affaires continuera de pâtir de lacunes persistantes.
Source : COFACE